Cancer: 10 millions de morts par an dans le monde

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L’un des traits caractéristiques du cancer est la multiplication rapide des cellules anormales à la croissance inhabituelle qui peuvent envahir des parties voisines de l’organisme, puis migrer vers d’autres organes. On parle alors de métastases, lesquelles constituent la principale cause de décès par cancer.

Environ 70 % des décès par cancer surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Près d’un tiers des décès par cancer est dû au tabagisme, à un indice élevé de masse corporelle, à la consommation d’alcool, à une faible consommation de fruits et légumes, ou à un manque d’exercice physique.

À l’origine d’environ un quart des décès par cancer, le tabagisme constitue le facteur de risque le plus important. Les infections entraînant le cancer, comme l’hépatite et le papillomavirus humain (Hpv), sont à l’origine de près de 30 % des cas de cancer dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Il arrive fréquemment qu’un cancer soit détecté tardivement ou qu’un patient n’ait pas accès à un diagnostic et à un traitement. Selon les données à disposition, plus de 90 % des pays à revenu élevé offrent des traitements complets, contre moins de 15 % des pays à revenu faible. Les répercussions économiques du cancer sont considérables et en augmentation. Et selon les estimations, le coût annuel total de la maladie s’est élevé à 1 160 milliards de dollars des États-Unis, en 2010. Seul un pays sur trois a fait remonter des données de haute qualité sur l’incidence du cancer en 2019.

À l’origine, le cancer a enregistré près de 10 millions de décès en 2020. Le cancer est une des principales causes de mortalité dans le monde. En 2020, on a recensé pour le cancer du sein 2,26 millions de cas ; le cancer du poumon 2,21 millions de cas ; le cancer colorectal 1,93 million de cas ; le cancer de la prostate 1,41 million de cas ; le cancer de la peau (non mélanome) 1,20 million de cas ; le cancer de l’estomac 1,09 million de cas. Les cancers à l’origine du plus grand nombre de décès étaient le cancer du poumon 1,80 million de décès ; le cancer colorectal 935 000 décès ; le cancer du foie 830 000 décès ; le cancer de l’estomac 769 000 décès ; le cancer du sein 685 000 décès.

Le cancer naît de la transformation de cellules normales en des cellules tumorales, un processus en plusieurs étapes qui a généralement pour point de départ une lésion précancéreuse, laquelle devient ensuite une tumeur maligne. Ces mutations sont la conséquence d’interactions entre des facteurs génétiques propres au sujet et des agents extérieurs classés en trois catégories, à savoir  les cancérogènes physiques, comme les rayons ultraviolets et les radiations ionisantes ; les cancérogènes chimiques, comme l’amiante, les composants de la fumée du tabac, l’aflatoxine (contaminant alimentaire) ou l’arsenic (polluant de l’eau potable) ; les cancérogènes biologiques, comme les infections dues à certains virus, bactéries ou parasites. Par le biais de son institution spécialisée, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), l’Oms entretient cette classification des agents cancérogènes. L’incidence du cancer croît considérablement avec l’âge, très vraisemblablement en raison de l’accumulation croissante de facteurs de risque de cancers spécifiques, et du fait que les mécanismes de régénération cellulaire tendent généralement à perdre en efficacité au fur et à mesure du vieillissement.

Le tabagisme, la consommation d’alcool, une mauvaise alimentation, un manque d’activité physique et la pollution de l’air sont autant de facteurs de risque de cancer et d’autres maladies non transmissibles. Certaines infections chroniques qui touchent particulièrement les pays à revenu faible ou intermédiaire constituent elles aussi des facteurs de risque de cancer. Environ 13 % des cancers diagnostiqués dans le monde en 2018 étaient imputables à des infections cancérogènes, notamment Helicobacter pylori, le HPV, le virus de l’hépatite B, le virus de l’hépatite C et le virus d’Epstein Barr. Le virus de l’hépatite B et celui de l’hépatite C augmentent le risque de cancer du foie, tandis que certains types de HPV augmentent le risque de cancer du col de l’utérus. L’infection à VIH accroît fortement le risque de développer un cancer comme celui du col de l’utérus.

À l’heure actuelle, 30 à 50 % des cancers peuvent être prévenus en évitant les facteurs de risque et en appliquant des stratégies préventives reposant sur des données probantes. On peut aussi réduire la charge du cancer au moyen d’une détection précoce et d’un traitement et d’une prise en charge appropriés des patients. Nombre de cancers présentent une probabilité de guérison élevée s’ils sont détectés rapidement et traités adéquatement.

Le risque de cancer peut être réduit en s’abstenant de fumer ; en conservant un indice de masse corporelle sain ; en suivant un régime sain à base de fruits et de légumes ; en faisant régulièrement de l’exercice physique ; en évitant d’abuser de l’alcool ; en se faisant vacciner contre le HPV et l’hépatite B si l’on appartient à un groupe pour lequel la vaccination est recommandée ; en évitant de s’exposer aux rayonnements ultraviolets (c’est-à-dire principalement au soleil) ; en évitant (dans la mesure du possible) de s’exposer aux rayonnements ionisants (c’est-à-dire aux équipements d’imagerie diagnostique professionnelle et médicale) ; en réduisant son exposition à la pollution atmosphérique et à la pollution de l’air intérieur, notamment au radon (gaz radioactif issu de la désintégration de l’uranium, auquel on peut être exposé à l’intérieur des maisons et des bâtiments).

Un traitement est plus susceptible d’être efficace avec des chances de survie accrues, une réduction de la morbidité et des coûts moins élevés si le cancer est diagnostiqué rapidement. En diagnostiquant les cancers à un stade précoce et en évitant des retards dans le traitement, on peut sensiblement améliorer la vie des patients.

Le diagnostic précoce comporte trois éléments la sensibilisation aux symptômes des différentes formes de cancer et à l’importance de consulter un médecin en cas d’inquiétude ; l’accès à une évaluation clinique et à des services de diagnostic ; et l’orientation vers des services de traitement en temps opportun. Le diagnostic précoce des cancers symptomatiques est utile dans tous les contextes et dans la majorité des cas. Les programmes de lutte contre le cancer devraient être conçus pour réduire les retards et les obstacles dans le cadre du diagnostic, du traitement et de la prise en charge.

Le dépistage vise à découvrir des indices d’un cancer ou pré-cancer particulier avant qu’une personne ne développe des symptômes. Lorsque le dépistage met en évidence des anomalies, des examens supplémentaires devraient être réalisés pour établir un diagnostic (positif ou négatif), et si besoin, le patient devrait être orienté vers les services pertinents pour recevoir un traitement. Les programmes de dépistage sont efficaces en ce qui concerne certains types de cancer, mais pas tous. En règle générale, ils sont bien plus complexes et requièrent bien plus de ressources que le diagnostic précoce, car ils nécessitent de disposer d’équipements spéciaux et de mobiliser du personnel spécialisé.

Pour éviter des taux de faux positifs trop importants, la sélection des patients aux fins de la mise en œuvre d’un programme de dépistage se fait en fonction de l’âge et de facteurs de risque. Parmi les méthodes de dépistage employées figurent par exemple le test de dépistage du HPV concernant le cancer du col de l’utérus ; les analyses cytologiques (test de Papanicolaou, ou test Pap) concernant le cancer du col de l’utérus ; l’inspection visuelle après application d’acide acétique (Iva) concernant le cancer du col de l’utérus ; la mammographie concernant le cancer du sein, dans les régions où les systèmes de santé sont (relativement) robustes.

Il est essentiel de diagnostiquer correctement un cancer pour le traiter de façon adaptée et efficace, car chaque type de cancer nécessite un protocole de traitement spécifique. Le traitement du cancer suppose généralement de la radiothérapie, de la chimiothérapie et/ou de la chirurgie. Il est important de commencer par définir les objectifs du traitement. Le principal objectif est souvent de guérir le patient ou de prolonger considérablement sa vie. Un autre objectif important tient à l’amélioration de la qualité de vie du patient. On peut accomplir cet objectif en prodiguant des soins contribuant au bien-être physique, psychosocial et spirituel du patient, ainsi qu’en offrant des soins palliatifs au patient en phase terminale de cancer.

S’ils sont décelés rapidement et traités selon les meilleures pratiques, certains des types de cancer les plus répandus, comme le cancer du sein, le cancer du col de l’utérus, le cancer de la cavité buccale et le cancer colorectal, présentent des taux de guérison élevés. S’ils sont traités correctement, d’autres types de cancer comme le séminome testiculaire ou les leucémies et les lymphomes chez l’enfant, présentent eux aussi des taux de rétablissement élevés, même dans les cas où des cellules cancéreuses se sont propagées dans d’autres parties de l’organisme.

Les soins palliatifs consistent à atténuer plutôt qu’à soigner les symptômes du cancer, ainsi qu’à améliorer la qualité de vie des patients et de leurs proches. Ils peuvent aider les personnes à vivre plus confortablement. Les besoins en soins palliatifs sont particulièrement importants dans les lieux de forte concentration de patients atteints d’un cancer à un stade avancé, pour lesquels les chances de guérison sont minces. Les soins palliatifs peuvent contribuer à atténuer les problèmes physiques, psychosociaux et spirituels chez plus de 90 % des patients atteints d’un cancer à un stade avancé. Pour dispenser des soins palliatifs aux patients et soulager leur douleur ainsi que celle de leurs proches, il est essentiel de mettre en œuvre des stratégies de santé publique efficaces, prévoyant une prise en charge au sein des communautés et à domicile. Il est recommandé d’améliorer l’accès à la morphine administrée par voie orale pour soulager les douleurs modérées et aiguës causées par le cancer, dont souffrent plus de 80 % des patients en phase terminale.

En 2017, l’Assemblée mondiale de la Santé a adopté la résolution Wha70.12 sur la « Lutte contre le cancer dans le cadre d’une approche intégrée », invitant instamment les États membres et l’Oms à accélérer leur action pour atteindre les objectifs définis dans le Plan d’action mondial pour la lutte contre les maladies non transmissibles pour 2013 à 2020 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’Onu, en vue de réduire le taux de mortalité prématurée due au cancer.

L’Oms et le Circb collaborent avec d’autres institutions des Nations Unies et partenaires en vue de renforcer l’engagement politique en faveur de la lutte contre le cancer ; de coordonner et de mener des recherches sur les causes du cancer chez l’homme, ainsi que sur les mécanismes de la carcinogénèse ; de procéder au suivi de la charge du cancer (dans le cadre des travaux de l’Initiative mondiale pour le développement des registres du cancer) ; de mettre en évidence les stratégies les plus efficaces par rapport au coût à mettre en œuvre en priorité pour prévenir le cancer et lutter contre la maladie ; d’élaborer des normes et des outils pour guider la planification et la mise en œuvre d’interventions visant à favoriser la prévention du cancer, le diagnostic précoce, le dépistage, le traitement, les soins palliatifs et les soins aux survivants, chez l’adulte comme chez l’enfant ; de renforcer les systèmes de santé aux niveaux national et local pour les aider à améliorer l’accès aux traitements contre le cancer ; d’établir un programme de prévention du cancer et de lutte contre la maladie dans le Rapport de l’Oms sur le cancer de 2020 ;  de fournir une impulsion au niveau mondial et une assistance technique visant à aider les gouvernements et leurs partenaires à mettre sur pied et à mettre en œuvre durablement des programmes de qualité dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus, conformément à la stratégie mondiale d’accélération de l’élimination du cancer du col de l’utérus ; d’améliorer la lutte contre le cancer du sein et de réduire le taux de décès évitables dus au cancer du sein, en mettant l’accent sur la promotion de la santé, le diagnostic en temps opportun et l’accès aux soins, et en accélérant ainsi la mise en œuvre coordonnée de la nouvelle initiative mondiale de l’Oms relative à la lutte contre le cancer du sein ; d’aider les gouvernements à améliorer le taux de survie des enfants atteints de cancer au moyen d’une aide ciblée apportée aux pays, de réseaux régionaux et d’une action mondiale menée dans le contexte de l’Initiative mondiale de lutte contre le cancer de l’enfant de l’Oms, reposant sur le cadre CureAll ; et de fournir une assistance technique pour le transfert rapide et effectif des interventions fondées sur les meilleures pratiques dans les pays.

Source : OMS

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