Tuberculose pédiatrique: Les résultats du projet CAP-TB au Cameroun
Lors de la quatrième et dernière réunion d’évaluation et de revue des activités de la tuberculose pédiatrique dans la région du Littoral, les responsables ont dressé le bilan de leur activité.
Au Cameroun, le diagnostic et la prise en charge de la tuberculose pédiatrique demeurent un réel défi. En 2016, 25 975 cas de tuberculoses (chez les adultes et les enfants) ont été détectés, mais cela ne représente que 54% du nombre de cas estimés. Parmi les cas détectés, 1426 étaient des enfants ayant entre 0 et 14 ans. Les cas pédiatriques ne représentaient qu’environ 5% des cas dans leur ensemble, un pourcentage très en dessous des 10 à 15% auxquels « on pourrait s’attendre dans un pays à forte incidence tuberculose comme le Cameroun ».
En effet, le Programme national de lutte contre la tuberculose (Pnlt) veut améliorer la détection des cas de tuberculoses active et latente chez les enfants principalement. Le gouvernement cherche aussi à élargir l’utilisation du diagnostic moléculaire pour la détection précoce des cas de tuberculose et l’identification des souches résistantes au moyen de la plateforme de diagnostic GeneXpert, ainsi que des Radiographies thoraciques numériques.
Le projet Cap-TB (Catalyser les innovations en matière de tuberculose pédiatrique) au Cameroun, opérationnel dans 11 districts de santé dans la région du Littoral et dans 18 formations sanitaires, vise à contribuer à la diminution de la morbidité et de la mortalité liées à la tuberculose pédiatrique. Avec la fondation Elizabeth Glaser pour la lutte contre le Sida pédiatrique (Egpaf), le ministère de la Santé Publique (Minsanté) veut contribuer à la diminution de la morbidité et de la mortalité liées à la tuberculose pédiatrique via l’augmentation de l’identification des cas, le renforcement de la couverture des traitements pédiatriques utilisant les nouvelles combinaisons à dose fixe (Cdf) et le soutien à l’introduction d’outils diagnostiques améliorés, de schémas thérapeutiques pour la tuberculose latente et des modèles de soins pour la tuberculose pédiatrique.
Au 30 juin 2021, les acteurs du projet CAP-TB, on constaté qu’environ 222 662 enfants ont fréquenté au moins une fois les formations sanitaires désignés pour le projet ; 126 981 ont été screenés (voir si l’enfant présente des signes de la tuberculose), soit 57% par rapport au nombre reçus. 4106 enfants ont été déclarés présomptifs et 3909 ont pu être testés avec le GeneXpert. « Nous avons eu 432 diagnostiqués positifs à la TB, soit bactériologiquement, cliniquement ou à l’aide de la radio et 425 ont pu être mis sous traitement », détaille Gustave Mballa, Chef de la brigade de contrôle des activités et des soins de santé au Minsanté Littoral. Il s’exprimait ainsi lors de la quatrième et dernière réunion d’évaluation et de revue des activités de la tuberculose pédiatrique dans la région du Littoral, hier jeudi 5 août 2021 à Douala.
Comme bilan d’activités, à ce jour, les responsables du Projet Cap-TB, ont procédé à l’évaluation et l’amélioration des sites devant accueillir les activités du projet, la remise d’équipements tels des réfrigérateurs, des climatiseurs, le nécessaire pour le contrôle de l’infection afin d’améliorer le standard des laboratoires sélectionnés pour l’analyse des échantillons ; la mise à disposition des kits pour l’aspiration gastrique, des appareils pour l’aspiration nasopharyngée et les crachats induits, la subvention des radiographies du thorax afin d’accompagner la capacité de détection des cas de tuberculose chez les enfants présomptifs ; l’acquisition des réactifs et des médicaments pour renforcer le stock du programme, etc.
Malgré les réalisations enregistrées, des efforts sont encore à fournir, d’après le Minsanté, pour surtout rattraper le retard causé par la pandémie à Coronavirus (Covid-19), pour les sept prochaines semaines qui « nous » séparent de la fin du projet. « La pérennité des acquis passent sans doute par une réponse synergique aux écueils qui jonchent encore notre chemin dont ; la non-implication de certains acteurs clés dans les activités de Cap-TB, le screning des enfants encore faible à certaines portes d’entrée, la faible utilisation de l’algorithme clinique et des radiographies de thorax pour accroitre la détection des cas, la faible et mauvaise utilisation des outils de collecte ou registres et la faible coordination des interventions ciblant l’enfant », cite le Chef de la brigade de contrôle des activités et des soins de santé.
En rappel, Cap-TB est un projet novateur ayant pour but de catalyser la recherche, le diagnostic et la prise en charge de la tuberculose chez les enfants de moins de 15 ans au Cameroun. Cap-TB est mis en œuvre dans 50 structures sanitaires au Cameroun dont 18 dans la région du Littoral.Ghislaine DEUDJUI