Adamaoua : 53,8 % des femmes adoptent l’allaitement maternel exclusif.
Ces chiffres ont été dévoilés vendredi 6 août dernier, à l’occasion de la réunion de briefing des hommes de médias et des associations à base communautaire. Ces responsables ont été engagés à porter le message des bienfaits de l’allaitement maternel exclusif.
Les chiffres de l’adoption de l’allaitement maternel exclusif dans la région Château du Cameroun contrastent avec son fort ancrage culturel. Cette région où les pesanteurs socioculturelles demeurent fortes enregistre de moins en moins de femmes qui font du lait maternel le principal aliment du nourrisson. Selon les résultats des enquêtes EDSMICS de 2014 et SMART SENS de 2021, le taux a connu une progression passant de 36 % en 2014 à 53 % en 2021. Depuis, les activités de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant ont connu un relâchement. Leur faible implémentation sur le terrain dans les communautés est à l’origine de l’abandon de l’allaitement maternel exclusif, d’où un regain de vitalité sur le terrain afin de lutter contre la malnutrition chez les nourrissons. Selon Hadja Madjio, point focal nutrition à la délégation régionale de la santé publique de l’Adamaoua, plus les accouchements sont assistés par le personnel de santé, moins les femmes mettent les enfants au sein aux heures qui suivent l’accouchement. Le taux au niveau régional est de 17,5 % selon les chiffres de 2021. De cette même source, on note que l’allaitement maternel exclusif pour les 6 premiers mois du bébé est de 53,8 %, tandis que l’allaitement maternel continu jusqu’à 1 an s’établit à 63,3 %. Les données sur l’alimentation de complément indiquent que la diversification alimentaire minimale a atteint le seuil de 38,5 % en 2019 alors qu’à la même année, la fréquence des repas est de 55,7 %. Ces données traduisent l’importance de redoubler d’efforts pour atteindre des niveaux acceptables.
Raisons de l’abandon de l’allaitement maternel
Dans la région de l’Adamaoua, plusieurs motifs peuvent expliquer le taux de l’allaitement maternel exclusif et la mise au sein précoce. Selon les organisations à base communautaire du secteur de la santé, il s’agit de la méconnaissance des bienfaits de l’allaitement maternel, de la volonté de vite libérer la femme qui vient d’accoucher. Bien plus, certains personnels n’accordent pas trop de temps pour les conseils aux femmes qui viennent d’accoucher. En communauté, ce sont les préjugés qui sont la cause principale. En dehors de la mise tardive au sein du nourrisson, une autre catégorie de femmes n’attend pas les 6 mois prescrits par l’Organisation Mondiale de la Santé avant d’introduire les compléments alimentaires. Ce qui est à l’origine de nombreux cas de malnutrition rencontrée chez les enfants.
Bienfaits de l’allaitement maternel
Selon les nutritionnistes et le personnel de santé, le lait maternel est considéré comme le « premier vaccin » de l’enfant de par sa richesse en vitamines et autres éléments nutritifs essentiels pour le nourrisson. Selon eux, près de 820.000 enfants peuvent être sauvés chaque année juste par l’allaitement maternel exclusif. En plus, ces experts s’accordent à dire que les enfants bien allaités tombent rarement malades et que la mise au sein juste après l’accouchement favorise le décollement du placenta et diminue les saignements post-partum.
Leviers à actionner
Pour inverser la tendance de la courbe de l’allaitement maternel exclusif, plusieurs stratégies peuvent être mises en place. Il s’agit notamment d’intégrer les associations des femmes, les femmes notables dans les lamidats qui devront profiter de toutes les occasions de rassemblement pour appeler leurs sœurs à adopter l’allaitement maternel exclusif. Les hommes de médias, les radios communautaires sont attendus sur le terrain de sensibilisation à travers les émissions, accompagnés par les personnels de santé. Selon Fadimatou Baba, point focal communication à la délégation régionale de la santé de l’Adamaoua, la communication pour le changement des comportements doit être faite à tous les niveaux afin d’amener les femmes à un retour aux bonnes pratiques de l’allaitement maternel exclusif afin de garantir une croissance saine aux bébés.
L’occasion de cette rencontre qui rentre dans le cadre de la semaine mondiale de l’allaitement maternel qui se célèbre sous le thème « Le soutien à l’allaitement pour réduire les inégalités » envisage de toucher au moins 1400 personnes à travers les associations, 5000 personnes à travers les agents de santé communautaire (ASC), entre autres.
Par Jean BESANE MANGAM
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