Adamaoua : La beauté à quel prix ?

Certaines femmes de cette partie du pays n’hésitent pas à ajouter des artifices comme les faux cils et autres. Pourtant, le personnel de santé alerte sur les dangers de cette pratique qui est sources de maladies oculaires chez les adeptes.

A la question de ”mettez-vous les faux cils et autres?, les avis de la gente féminine divergent. Chacune va de son expérience et de ses goûts. ”Je ne fais jamais poser des faux cils. Et d’ailleurs pour quelles raisons le ferai je? Même lors de ma soutenance, je ne l’ai pas fait. Je ne supporte pas les anjouts’‘ se défend Djoubainatou, étudiante. Si pour cette dernière, les ajouts artificiels n’ont pas de valeurs esthétiques à ses yeux, d’autres voient plutôt le contraire. ”Je le fais pour me sentir bien dans ma peau. Ça fait partie des critères de beauté de nos jours. Et c’est toujours bien de se sentir différent des autres et attirer les regards indiscrets des hommes” commente Juliette, avec un brain de sourire. Dans la ville de Ngaoundéré, à chaque coin de rues, les établissements de beauté se multiplient, proposant à la clientèle une variété de services dont la pose des faux cils et autres traitements de beauté. Chaque établissement cherchent les mots justes sur des enseignes lumineuses pour appâter la clientèle. Dans ce milieu, plusieurs ”esthéticiennes” ont appris le métier sur le tas, sans passer par une école de formation dans ce domaine. Ce qui est à l’origine parfois de mauvais travail sur la cliente. ”Ma copine a failli perdre son œil gauche à cause de ces produits. Elle a voulu se faire belle en se faisant ajouter des faux cils, sauf que la personne qui l’a fait a été inattentive et le produit s’est retrouvé dans les yeux de ma petite. On a dû dépenser beaucoup d’argent pour les soins chez l’ophtalmologue ” se souvient Christopher tout en indiquant qu’il n’est pas prêt à revivre cette expérience.

Face au mauvais travail sur les clients, les professionnels du métier se défendent. ”Nous sommes sorties d’une école de formation qui a une existence légale bien connue. Donc, nous sommes professionnels et attentionnés dans les soins que nous prodiguons à ceux et celles qui fréquentent notre espace ” clame Samira, esthéticienne.

Conséquences sanitaires.

Dans le milieu hospitalier, le personnel médical prescrit la vigilance quand à la pose des faux cils qui est source de maladies oculaires. ”Cela a un impact sur le bord libre des paupières et ce bord libre est une zone très sensible parce qu’il y a des petites orifices qui ont une certaine physiologie. Lorsque lors de leur pose de ces fauc cils, lorsque ces bords libres sont touchés, il y a une ouverture où des germes transitent à la surface de l’oeil, ils peuvent donc à travers ces petites plaies pour infiltrer la surface de paupières et créer des inflammations de la paupière de la blépharite simple jusqu’à la celulite receptale” indique docteur William Zomkam, médecin au centre luthérien d’ophtalmologie de l’Hôpital protestant de Ngaoundéré dans une interview accordée à nos confrères de la Crtv, station régionale de l’Adamaoua. Et de poursuivre, ”Si rien n’est fait, cette inflammation peut s’étendre un peu plus en arrière vers l’orbite et créé donc souvent des cellulites orbitaires. Ces faux cils en eux-mêmes peuvent avoir des soucis parce que certains faux cils, vu leur longueur un peu excessive et lorsque certains sont un peu tordus, ils prennent une mauvaise position. Ces cils peuvent à la longue avoir un impact de frotter constamment sur la surface du globe oculaire et avoir une alteration d’une partie du globe oculaire qu’on appelle la cornée. Une fois que cette cornée est touchée, il y a des catastrophes qui peuvent se faire. Ce sont les éléments qui peuvent être anodins mais qui peuvent attaquer la surface ou bien les paupières et peuvent avoir des conséquences”.

Dans cette partie du pays, malgré les alertes du personnel médical, la volonté de vouloir ressembler aux stars du chowbizz et autres célébrités poussent les femmes à faire recours à ces artifices aux risques de leur santé occulaire.

Par Jean Besane Mangam