De nombreuses personnes dans la région château d’eau font recours à la médecine patrimoniale. Dans la ville de Ngaoundéré, tout un secteur est dédié à cette médecine qui soulage tant bien que mal les patients.
Au Cameroun comme dans bon nombre de pays africains, en cas de bobos de santé, le premier réflexe est le recours à la médecine traditionnelle. La région de l’Adamaoua n’échappe pas à cette réalité. Dans la ville de Ngaoundéré par exemple, le secteur allant du commissariat de l’émi-immigration au Lycée de Sabongari est le coin par excellence de vente des produits de la pharmacopée traditionnelle.
A côté de ceux installés en postes fixes, bien de personnes sillonnent les artères de la ville à la recherche de la clientèle. Avec ou sans connaissance approfondie des principes actifs des plantes, ils vendent leurs produits à tout bout de champ. Face à ce genre de praticiens de la médecine patrimoniale, Ismaïla Yaya, tradipraticien recommande la vigilance. « Parmi tous ceux qui vendent les produits au bord de nos routes, tout le monde n’a pas une connaissance assez poussée dans la médecine traditionnelle. Il faut être prudent ». Cet ancien infirmier diplômé d’Etat à la retraite, dans une interview accordée à Luc Djaoukido de la station régionale de la Crtv estime apporter sa petite contribution à l’administration des soins et l’amélioration des conditions sanitaires des populations. « Nous sommes aux côtés des pouvoirs publics pour soulager les malades. Lorsque le covid-19 est apparu en début 2020, le ministre de la santé a fait confiance aux tradipraticiens reconnus et vous avez vu les résultats » se réjouit-t-il de la collaboration entre l’association des praticiens de la médecine traditionnelle et le ministère.
Les patients quant à eux ne boudent pas le plaisir de faire recours à cette catégorie d’acteurs de la santé. A titre préventif ou curatif, ils sont nombreux à fréquenter les officines des tradipraticiens dans la ville de Ngaoundéré. « Il y a quelques mois, j’avais des soucis de santé. J’ai fait le tour des hôpitaux, mais sans succès. C’est lorsque je me suis rapprochée d’un tradipraticien bien connu dans la ville avec les résultats des examens qu’aujourd’hui, je me sens vraiment soulagée » explique Aïssatou, patiente. Comme elle, de dizaines des personnes dans la ville de Ngaoundéré et partout dans la région, font recours aux plantes pour recouvrer leur santé.
Si d’autres n’exigent pas les résultats des examens de laboratoire avant de prescrire le produit adéquat, d’autres sont plus organisés et exigent au préalable des résultats des examens des hôpitaux. Ce qui leur permet de mieux prescrire les produits. Une donne qui les positionne aujourd’hui comme des véritables acteurs de la santé dans la région.
En 2018, lors de la célébration de la journée africaine de la médecine traditionnelle, le ministre de la santé publique de l’époque saluait les prouesses de cette branche de la médecine. L’homologation par le Dr. Manaouda Malachie des produits traditionnels dans la lutte contre le covid-19 vient rappeler la place qu’occupe cette branche de la médecine dans le système. Face à l’intrusion des brebis galeuses dans le secteur, la nécessité d’assainir le milieu de la médecine traditionnelle s’impose.
Jean BESANE MANGAM