Adamaoua : La prise en charge des enfants reste un casse-tête pour les parents

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Dans la région de l’Adamaoua, de nombreux enfants atteints d’infirmité motrice cérébrale (IMC) sont abandonnés à leur triste sort. La faute à l’immense manque d’infrastructures de prise en charge et de personnels médicaux spécialisés.

 « Honnêtement, je ne sais pas comment je pourrais payer pour les soins de mon enfant si je ne l’amenais chez maman Carine qui a un centre à but non lucratif où elle prend soin des enfants différents. Les centres de santé sont très coûteux, et je dois payer pour les médicaments, les consultations, les analyses, etc » cette déclaration de madame Tchameni Carlène traduit les difficultés que rencontrent les parents des enfants de cette pathologie qui touche le système nerveux central et qui impacte sur la mobilité des enfants par des paralysies. Face aux poids de soins et du suivi de ces enfants, les parents espèrent un appui des autorités afin de soutenir leurs efforts. « Je souhaite que les autorités puissent comprendre les difficultés que nous rencontrons en tant que parents d’enfants IMC, et les difficultés du centre de prise en charge qui est une structure privée qui le reçoivent et qu’elles puissent nous offrir plus de soutien et de ressources pour prendre soin de nos enfants » souhaite madame Tchameni Carlène mère d’enfants IMC.

Dans la ville de Ngaoundéré, face au déficit des structures de prise en charge et du manque de spécialiste, dame Djouellah Carine, mère d’enfant IMC a dû abandonner son boulot pour s’occuper des enfants atteints d’IMC. Enseignante de formation, elle a dû déposer blouse et craie pour s’occuper de ces enfants différents. A ce jour, ce centre compte une trentaine d’enfants dont elle prend la charge au quotidien. Selon les habitants de la ville de Ngaoundéré, l’effectif du centre dirigé par madame Djouellah est sous-évalué, car en communauté, il existe de nombreux enfants à besoins spéciaux dont les parents cachent du fait du regard de la société. Dans une région comme l’Adamaoua où les spécialistes ne courent pas les rues, dame Djouellah et les parents suffoquent en terme de suivi des enfants. « Nous rencontrons plusieurs difficultés dans la prise en charge des enfants IMC, notamment le manque de ressources financières pour fournir des soins et des équipements adaptés, le manque de personnel qualifié, notamment des kinésithérapeutes, des ergothérapeutes et des psychologues, les difficultés pour accéder aux services de santé spécialisés, notamment les services de réadaptation » explique la responsable des lieux, jointe via messagerie WhatsApp. Et de préciser, « Le manque de soutien des familles et des communautés pour les enfants IMC, les préjugés et la stigmatisation envers les enfants IMC ».

Aux difficultés liées aux moyens financiers des parents, s’ajoute la quasi inexistence des centres de prise en charge et du personnel formé, « L’Adamaoua manque de spécialistes qui peuvent accompagner les enfants IMC. Il y a très peu de kinésithérapeutes, d’ergothérapeutes et de psychologues qui peuvent fournir des services adaptés aux besoins des enfants IMC. Les quelques spécialistes qui existent demandent des frais élevés pour leurs services, ce qui rend difficile l’accès pour les familles » souligne-t-elle.

Faible appui des affaires sociales

Les initiatives privées de suivi et d’accompagnement des enfants différents au niveau de l’Adamaoua en général et de Ngaoundéré en particulier, font malheureusement face à un manque d’accompagnement. Pourtant ces structures, à but non lucratif viennent appuyer les actions des pouvoirs publics. « Les affaires sociales de la région de l’Adamaoua ne fournissent pas suffisamment de soutien pour les enfants IMC. Elles ne disposent pas de programmes spécifiques pour les enfants IMC et ne fournissent pas de ressources financières suffisantes pour les soins et les équipements adaptés ». Selon dame Djouellah, l’implication des affaires sociales au niveau de la région se limite à des activités de sensibilisation alors que les besoins sont énormes « Nous travaillons en étroite collaboration avec les affaires sociales pour sensibiliser les communautés et les familles sur les besoins des enfants IMC et pour promouvoir l’inclusion des enfants IMC dans la société ».  Et de souhaiter, «   Nous avons besoins qui sont de l’ordre des soins médicaux réguliers pour gérer leurs conditions médicales, des séances de kinésithérapie et d’ergothérapie pour améliorer leur mobilité et leur autonomie, des séances de psychologie pour gérer les problèmes émotionnels et comportementaux et des soins quotidiens pour les activités de la vie quotidienne, telles que l’hygiène, la nutrition et la mobilité ».

Pour le personnel médical, l’annonce de la création des centres mères et enfants dans les hôpitaux sont une opportunité pour les parents d’assurer la prise en charge de ces enfants à besoins spécifiques. « Les centres mères et enfants annoncés par le Conseil Régional permettront de faciliter la prise en charge des enfants quels que soient leurs besoins. Nos souhaits sont qu’ils soient de diverses spécialités qui rentrent dans la prise en charge de tous les enfants » projette docteur Yannick Issalné Palaï, chef de service de pédiatrie de l’Hôpital Régional de Ngaoundéré.

Regards moqueurs

Dans cette partie du pays où les considérations culturelles restent ancrées, les enfants IMC sont stigmatisés. Certaines personnes n’hésitent pas à les qualifier d’enfants serpents ou sources de richesse des parents pour ceux qui ont une situation financière aisée. Ce qui constitue un poids supplémentaire pour les géniteurs de ces enfants qui doivent non seulement assurer les soins mais également s’occuper de leur éducation. Pendant que les affaires sociales interviennent rarement dans l’accompagnement, les écoles inclusives ne courent pas les rues. Les quelques-unes qui existent ne disposent d’enseignants formés pour s’occuper des enfants à besoins spéciaux.

En attendant la multiplication des centres de prise en charge publics et privés, et l’affectation des personnels spécialisés, les enfants différents ou IMC de l’Adamaoua continuent d’être un poids non seulement pour les parents mais aussi pour les centres qui existent. Le centre CAESHIMC MA BEL de Ngaoundéré, malgré sa volonté, manque de personnels formés pour un suivi adéquat des enfants IMC.

Jean Besane Mangam

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