Afrique : Les médias unis contre les violences faites aux femmes

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Le forum des médias sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles en Afrique s’est ouvert ce 4 décembre 2024 à Dakar au Sénégal, avec la participation de nombreux acteurs venus des quatre coins du continent. Organisé par le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN), cet événement qui s’achèvera le 6 décembre prochain bénéficie du soutien technique et financier d’ONU Femme et des Fonds français Muskoka. Il s’inscrit dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, une période symbolique pour renforcer la mobilisation autour de cette cause.

Les violences faites aux femmes sont une plaie qui gangrène le continent africain. Les chiffres sont sans appel : selon les dernières données d’ONU Femmes, une femme sur trois en Afrique de l’Ouest et du Centre subit des violences physiques, psychologiques ou sexuelles. Ces actes ont des conséquences dévastatrices sur la santé, le bien-être et l’autonomie des victimes.

Pour faire face à cette crise, les médias ont un rôle crucial à jouer. En tant que vecteurs d’information et d’opinion, ils peuvent contribuer à sensibiliser l’opinion publique, à déconstruire les stéréotypes et à promouvoir une culture de l’égalité. C’est dans cette optique que le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN), en collaboration avec ONU Femmes et les Fonds français Muskoka, a organisé ce forum régional à Dakar au Sénégal.

Dans son discours d’ouverture, Youssouf Bamba, Président du REMAPSEN, a d’ailleurs souligné : « En organisant ce forum, les médias africains souhaitent prendre leur place dans cette lutte noble contre les violences faites aux femmes et aux filles, et promouvoir leur autonomisation. » Il a également mis en lumière le rôle fondamental des médias dans cette lutte, affirmant qu’ils peuvent éduquer, sensibiliser et mobiliser l’opinion publique et les décideurs.

Le Président Bamba a insisté sur le fait que, dans une région souvent touchée par des crises militaro-politiques, les médias deviennent des outils puissants pour la continuité des services de prévention et de prise en charge. « Quand les frontières physiques sont fermées, celles des hommes restent ouvertes pour donner de l’espoir aux populations souvent sinistrées par l’insécurité », a-t-il déclaré.

De gauche à droite : Arlette Mvondo, Directrice pays, Sénégal, ONU Femme. Oumar Samb, Conseiller Technique numéro 1, ministère de la Famille et des solidarités. Youssouf Bamba, Président du Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN).

De gauche à droite : Arlette Mvondo, Directrice pays, Sénégal, ONU Femme. Oumar Samb, Conseiller Technique numéro 1, ministère de la Famille et des solidarités. Youssouf Bamba, Président du Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN).

Arlette Mvondo, Directrice pays et représentante du Directeur régional d’ONU Femme de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le Dr Maxime Houinato d’ONU, a exprimé la gratitude de l’organe onusien envers les organisateurs et les participants à ce grand rendez-vous. « Ce forum est dédié à un enjeu crucial : l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles, en mettant au cœur le respect des droits humains et l’autonomisation des femmes », a-t-elle déclaré. Elle a remercié le gouvernement sénégalais pour ses efforts en faveur de l’épanouissement des femmes et des filles, soulignant que la violence à l’égard des femmes est « une violation des droits humains et la plus répandue au monde, notamment sur le continent africain. »

 « Malgré les efforts des gouvernements, des partenaires, des organisations de la société civile, nous sommes loin des objectifs fixés à Beijing, nous sommes loin des objectifs de développement durables, nous sommes loin des normes des droits de l’homme qui devraient garantir la protection et la sécurité de chaque femme et de chaque fille. Le rapport de ONU Femme sur les féminicide publié récemment révèle que, toute les 10 minutes une femme est tuée par un partenaire intime ou un membre de sa famille. Cette statistique exige une action urgente. » regrette ONU Femme.

Les violences suscitées ont des conséquences dévastatrices sur la vie des femmes et entravent leur pleine participation à la société. 79% des États membres de la région ont mis en place des plans d’action nationaux pour lutter contre ces violences. Cependant, les défis restent nombreux, notamment les normes sociales patriarcales et l’impunité dont bénéficient souvent les auteurs.

Oumar Samb, Conseiller Technique numéro 1, représentant la ministre de la Famille et des solidarités, Maimouna Dieye, a également pris la parole pour souligner le rôle essentiel que les médias jouent dans la transformation des mentalités. « Votre pouvoir mobilisateur et éducatif est crucial pour conscientiser les esprits face aux défis liés aux inégalités et aux violences », a-t-il affirmé. Le ministère de la Famille et des solidarités du Sénégal estime que, l’atteinte des objectifs de développement durable en Afrique passe par l’autonomisation des femmes et l’éradication des violences basées sur le genre

Aussi, a-t-il rappelé que, l’autonomisation économique des femmes est un levier indispensable pour lutter contre les inégalités et les violences en Afrique. En donnant aux femmes les moyens de gagner leur vie et de prendre des décisions, nous contribuons à renforcer leur pouvoir et leur indépendance. Les médias ont un rôle essentiel à jouer pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin, l’accès à l’éducation et à l’emploi, et pour mettre en lumière les réussites des femmes et mobiliser les acteurs de la société civile, des gouvernements et du secteur privé pour construire un avenir plus juste et équitable

Des journalistes prenant part au forum. Cérémonie d’ouverture , salle de conférence hôtel Novotel , Dakar Sénégal.

Le forum de Dakar sur la lutte contre les violences basées sur le genre se déroule dans le cadre d’une campagne internationale qui vise à mobiliser les acteurs autour de la lutte contre les violences faites aux femmes. Alors que la Directrice Pays de ONU Femme pour le Sénégal, a noté que, malgré quelques progrès réalisés par les États membres, la réalité demeure préoccupante, les intervenants ont convenu qu’il faut une action audacieuse et collective pour mettre fin à ces violences. « Nous avons besoin d’investissements accrus, d’innovation et d’une volonté politique forte », a ajouté Arlette Mvondo, tout en appelant les médias à jouer un rôle actif dans cette lutte.

Le forum a posé les bases d’une action concertée pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des filles. Parce que les médias, en tant qu’acteurs clés, ont un rôle déterminant à jouer dans cette lutte. Youssouf Bamba a lancé un appel aux journalistes présents : « Utilisez vos plateformes médiatiques pour exposer les réalités des violences basées sur le genre et promouvoir des histoires de résilience et d’autonomisation. »

Le rôle des médias a été souligné comme étant essentiel pour sensibiliser l’opinion publique, déconstruire les stéréotypes et promouvoir une culture de l’égalité. Le forum a appelé à une mobilisation collective pour atteindre les objectifs fixés, notamment la production de plusieurs contenus médiatiques sur le sujet et la création d’une coalition de médias pour amplifier les voix des victimes. Le REMAPSEN prévoit de créer une coalition de médias pour accélérer la promotion des droits des femmes en Afrique notamment, dans chacun des 36 pays membre du réseau dès 2025.

Le rendez-vous de Dakar marque une étape importante vers un avenir plus juste et équitable pour les femmes et les filles en Afrique, avec l’espoir que les engagements pris puissent se traduire en actions concrètes dans les mois et années à venir.

Mireille Siapje à Dakar au Sénégal

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