Amélioration des soins et services de santé : La région sanitaire du Sud en pleine expansion
Dans le cadre d’une évaluation exhaustive du système de santé camerounais, Echos Santé a rencontré le Dr. Prosper Andjembe Essola, Délégué Régional de la Santé Publique du Sud. Cet entretien a permis de dresser un panorama précis de la situation sanitaire de la région, en abordant des thématiques clés telles que les infrastructures, les programmes, les ressources humaines, la couverture santé universelle et la lutte contre le trafic illicite de médicaments.
La région du Sud dispose d’un maillage territorial dense en matière d’infrastructures sanitaires, avec 331 formations sanitaires recensées, dont 230 relevant du secteur public. Ce réseau comprend notamment des établissements de deuxième catégorie, tels que l’hôpital de référence de Sangmélima et le Centre hospitalier régional d’Ebolowa, ainsi que des hôpitaux régionaux (Ebolowa et Kribi), des hôpitaux de district (12 au total), des Centres médicaux d’arrondissement (32) et des Centres de santé intégrés (120).
« L’accroissement de l’offre de soins, avec l’ouverture récente de nouvelles structures, contribue à la réduction des évacuations sanitaires vers Yaoundé et au renforcement de l’accessibilité aux soins pour les populations. » (Dr Prosper Andjembe Essola). La région du Sud bénéficie d’une mise en œuvre complète des programmes de santé publique prioritaires définis par le Ministère de la Santé. La lutte contre les trois grandes pandémies (paludisme, tuberculose et VIH) est assurée, en collaboration avec le Fonds mondial. Un dispositif de coordination pour la lutte contre les épidémies (CEPLE) est également opérationnel. Par ailleurs, la région met en œuvre l’ensemble des programmes nationaux, notamment ceux relatifs aux maladies tropicales négligées, à la PTME (Prévention de la Transmission Mère-Enfant du VIH), et à la nutrition.
La gestion des ressources humaines : un défi permanent
Le Dr Andjembe Essola a souligné la problématique persistante du déficit en ressources humaines, un défi partagé par l’ensemble du système de santé camerounais. « Le manque de personnel se fait sentir dans toutes les catégories, et surtout dans les formations sanitaires de sixième catégorie. » Malgré les efforts de redéploiement entrepris par le Ministère de la Santé, les besoins en personnel restent importants. Le Délégué Régional a néanmoins exprimé sa confiance quant à la capacité de la région à combler progressivement ces manques, grâce à l’appui du Ministère.
La Couverture Santé Universelle : une implémentation réussie
L’implémentation de la Couverture Santé Universelle (CSU), lancée en avril 2023, est un succès dans la région du Sud. L’intégration du « chèque santé » au panier de soins a permis d’enregistrer des progrès significatifs en matière de santé maternelle et néonatale. Ce dispositif financier, accessible pour 6000 francs CFA, garantit la prise en charge complète des soins liés à la grossesse et à l’accouchement, y compris la césarienne, ainsi que le suivi du nouveau-né jusqu’à 42 jours. « La région du Sud a de très bonnes performances [en matière de CSU] grâce à une forte adhésion des populations. Un atout majeur est l’inclusion du “chèque santé” dans le panier de soins dès le lancement. » (Dr Prosper Andjembe Essola).
La lutte contre le trafic illicite de médicaments est une priorité pour les autorités sanitaires de la région du Sud. Sous l’égide du Gouverneur de la région, des opérations de saisie sont régulièrement menées, et les formations sanitaires font l’objet de contrôles rigoureux. Le développement du réseau pharmaceutique officiel, avec la création de nouveaux points de vente, devrait contribuer à endiguer ce fléau.
Perspectives et défis
Le Dr Andjembe Essola a identifié plusieurs défis à relever, notamment l’amélioration de l’accessibilité géographique aux soins, compromise par l’état du réseau routier et le manque de véhicules, ainsi que le renforcement de la couverture en réseau Internet, indispensable à la digitalisation du système de santé.
Malgré ces contraintes, la région du Sud enregistre des avancées notables en matière de santé publique. Le Délégué Régional a salué la contribution croissante des collectivités territoriales décentralisées à la viabilisation des districts de santé. Plusieurs projets structurants sont en cours de réalisation, notamment la construction d’une nouvelle morgue et l’acquisition d’une IRM pour l’hôpital régional d’Ebolowa.
Le Dr Andjembe Essola a exprimé sa gratitude envers le Chef de l’Etat et le Ministre de la Santé pour leur soutien indéfectible au système de santé camerounais. Il a également mis en avant le dévouement des professionnels de santé de la région et s’est montré confiant quant aux perspectives d’amélioration de la santé des populations du Sud.
Joseph MBENG BOUM
Interview
Dr José-Prosper ANDJEMBE ESSOLA
« Le Délégué régional de la santé publique du sud, sur la voie de l’amélioration de la santé des populations »
Dans un entretien exclusif avec Échos Santé, le Délégué Régional de la Santé Publique du Sud, Dr José-Prosper Andjembe Essola, a dressé un bilan complet de la situation sanitaire dans sa région. Il a souligné les progrès réalisés, les défis à relever et les perspectives d’avenir. Le Délégué Régional de la Santé Publique du Sud, revient sur le déploiement de la Couverture Santé Universelle dans sa région et les résultats encourageants obtenus. Il souligne l’importance de cette réforme pour améliorer l’accès aux soins pour tous.
Monsieur le Délégué de la Santé publique du Sud, bonjour. Merci de recevoir les équipes du groupe Échos Santé dans votre région sanitaire. Pourriez-vous, d’entrée de jeu, nous faire une présentation de la région sanitaire du Sud?
Merci pour cette question. La région sanitaire du Sud épouse les contours de la région administrative du Sud, qui compte environ 1 031 819 habitants répartis dans quatre départements : la Vallée du Ntem, la Mvila, l’Océan et le Dja-et-Lobo. Ces départements comprennent 29 arrondissements, organisés en 13 districts de santé. Le dernier district a été créé en juillet 2024 à Mintom, par arrêté de Monsieur le Ministre de la Santé, suite à la division du district de santé de Djoum.
Monsieur le délégué, en termes d’infrastructures sanitaires, qu’est-ce que la région du Sud a aujourd’hui ?
La région sanitaire du Sud compte 331 formations sanitaires, dont 230 publiques. Parmi celles-ci, nous avons : Des formations sanitaires de deuxième catégorie: l’hôpital de référence de Sangmélima, le plus ancien, et le Centre hospitalier régional d’Ebolowa, le plus récent. Deux formations sanitaires de troisième catégorie: l’hôpital régional d’Ebolowa et l’hôpital régional annexe de Kribi. 12 hôpitaux de districts: 9 existaient déjà, et 3 nouveaux ont été créés en juillet 2024 (Mintom, Meyomessala et Oveng). 32 centres médicaux d’arrondissement et environ 120 centres de santé intégrés.
Est-ce que tous les programmes prioritaires du Ministère de la Santé sont présents dans votre région ?
Absolument. Tous les programmes prioritaires sont présents, notamment ceux menés par le Fonds mondial : la lutte contre le paludisme, la tuberculose et le VIH. Nous avons également une coordination pour la lutte contre les épidémies (CERPLE), et tous les autres programmes nationaux, comme la lutte contre les maladies tropicales négligées, la prévention de la transmission mère-enfant du VIH, la nutrition, etc. Ces programmes sont adaptés aux pathologies spécifiques rencontrées dans la région. L’organigramme de la délégation régionale respecte les directives du Ministère de la Santé.
Justement, en parlant de profil épidémiologique, quelles sont les maladies qu’on rencontre dans le Sud ?
La région du Sud a la prévalence du VIH la plus élevée du pays. Des efforts sont déployés avec l’appui du Ministère et des partenaires au développement, et cette prévalence est en baisse. Nous luttons également contre d’autres maladies infectieuses comme l’hépatite B et la syphilis dans le cadre de la triple élimination. Les infections respiratoires sont aussi présentes. Cependant, le paludisme reste la première cause de morbidité et de mortalité, suivi des infections diarrhéiques, des infections respiratoires et des maladies de la peau.
Concernant les maladies évitables par la vaccination, nous avons eu cette année deux cas confirmés de fièvre jaune dans les districts de santé d’Ambam et de Djoum, et trois cas confirmés de rougeole dans le district de santé de Lolodorf. Des réponses locales ont été mises en place.
Il faut noter que la région du Sud est frontalière avec trois pays : le Gabon, la Guinée équatoriale et le Congo. Les mouvements de population sont importants, ce qui augmente le risque d’importation de maladies. La veille sanitaire aux postes frontaliers terrestres et maritimes est donc renforcée pour détecter précocement toute épidémie et y répondre rapidement.
Qu’en est-il des ressources humaines dans la région ? Avez-vous suffisamment de personnel ?
La problématique des ressources humaines est similaire à celle des autres régions du pays. Nous avons 937 personnels fonctionnaires, dont 131 médecins et 40 sages-femmes. Ces ressources sont insuffisantes, mais le Ministère de la Santé redéploie régulièrement du personnel. Monsieur le Ministre porte une attention particulière à la région du Sud, et nous espérons combler progressivement ces manques.
Le manque de personnel se fait sentir dans toutes les catégories, et surtout dans les formations sanitaires de sixième catégorie. L’ouverture récente de nouvelles formations sanitaires de deuxième catégorie (Sangmélima et Ebolowa) a permis de réduire les évacuations sanitaires vers Yaoundé. Ces structures sont bien équipées grâce au Chef de l’Etat, et n’attendent que des renforts en personnel pour fonctionner à plein régime. Le Ministère de la Santé déploie régulièrement des spécialistes dans la région. Nous avons bon espoir que la région du Sud devienne un pôle d’excellence pour la prise en charge des pathologies complexes.
Parlons de la Couverture Santé Universelle (CSU). Où en est son implémentation dans le Sud ?
La CSU a été lancée dans le Sud le 12 avril 2023. La région a de très bonnes performances grâce à une forte adhésion des populations. Un atout majeur est l’inclusion du “chèque santé” dans le panier de soins dès le lancement. Ce chèque, d’un coût de 6000 francs CFA, permet aux femmes enceintes de bénéficier des consultations prénatales, du bilan biologique, de l’échographie, de l’accouchement (y compris la césarienne si besoin) et de la prise en charge du nouveau-né jusqu’à 42 jours de vie. Cet avantage a considérablement réduit la mortalité maternelle et néonatale.
Actuellement, 121 formations sanitaires sont accréditées pour le chèque santé, et toutes les formations sanitaires publiques (230) mettent en œuvre la CSU. L’hôpital régional d’Ebolowa a l’exclusivité des prestations de dialyse grâce à son centre d’hémodialyse. Ce centre fonctionne très bien et accueille même des patients d’autres régions, notamment de Bertoua. Les pays voisins bénéficient également de certaines de ces mesures.
Le médicament de la rue est un fléau qui mine le secteur de la santé. Comment se porte-t-il dans le Sud ?
Nous menons une lutte active contre le médicament de la rue. Des actions régulières sont menées sur le terrain sous la coordination de Monsieur le Gouverneur de la région du Sud et du Comité régional de lutte contre la vente illicite des médicaments. Les comités départementaux sont également fonctionnels. Récemment, une saisie de médicaments illicites d’une valeur de 254,5 millions de francs CFA a été effectuée au marché central d’Ebolowa. Les contrôles sont effectués dans les marchés et les formations sanitaires, et les médicaments de source inconnue sont saisis et détruits.
Le phénomène est en diminution grâce à ces efforts. La création de nouveaux sites pharmaceutiques par le Ministère de la Santé permettra d’améliorer l’accès aux médicaments de qualité et de lutter contre les déserts pharmaceutiques.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez et les besoins de la région ?
La principale difficulté est l’accès à certaines zones en raison des longues distances et de l’état des routes. Le manque de matériel roulant, notamment de véhicules pour les chefs de districts, complique la supervision. Le Ministère de la Santé a fourni une cinquantaine de motos cette année, ce qui a amélioré la situation.
L’autre défi est la couverture insuffisante du réseau Internet, essentielle pour la numérisation du système de santé (DHIS2). Malgré ces difficultés, les équipes de la région fournissent des efforts considérables pour rester performantes.
Quels sont les projets en perspective dans la région ?
La décentralisation a permis d’accroître l’implication des collectivités territoriales décentralisées dans la viabilisation des districts de santé. Le Conseil régional et les mairies participent activement aux côtés du Ministère de la Santé.
Parmi les projets en cours, nous pouvons citer : la construction d’une nouvelle morgue à l’hôpital régional d’Ebolowa ; l’installation d’une IRM à l’hôpital régional d’Ebolowa ; la dotation en ambulances de certaines formations sanitaires et la mise en place d’une centrale de fabrication d’oxygène au CHR d’Ebolowa.
Le développement économique et industriel de la région, notamment avec le port autonome de Kribi, entraine une augmentation de la population. Nous nous préparons à cette croissance en renforçant les capacités des formations sanitaires.
Un dernier mot pour conclure ?
Je tiens à remercier le Chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya, pour son engagement envers le système de santé camerounais. Nous sommes tous bénéficiaires de ces améliorations. Je remercie également Monsieur le Ministre de la Santé, le Dr Manaouda Malachie, pour son leadership et sa vision. La transformation du système de santé est fulgurante sous son impulsion. Sur le terrain, nous constatons les progrès en termes d’équipements, d’infrastructures et de ressources humaines. Son style de management nous encourage à donner le meilleur de nous-mêmes pour améliorer la santé des populations de la région du Sud. Enfin, je remercie Echos Santé de nous donner l’opportunité de montrer ce que le gouvernement du Cameroun fait pour ses populations.
Propos recueillis par Joseph MBENG BOUM
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