Batouri: L’Unfpa prend en charge 18 femmes atteintes de fistules obstétricales
Du 21 au 28 septembre 2021, une campagne de réparation des Fistules Obstétricales s’est déroulée au Centre Hospitalier Catholique de Batouri.
« Nos femmes, nos mamans, nos sœurs, nos épouses, nos filles continuent à mourir en donnant la vie à nos frères et sœurs, à nos enfants à nos petits-enfants, et plusieurs de celles qui survivent présentent parfois des séquelles, dont la Fistule Obstétricales est la plus notable » c’est par ces mots que le Délégué Régional, Dr. Désiré MINTOP a procédé au lancement de la campagne de réparation des fistules obstétricales organisée par le Fonds des Nations Unis pour la population (UNFPA).
Alors que le Cameroun compte près de compte 17 721 cas de fistules obstétricales, force est de constater que la majorité de ces femmes atteintes sont non seulement très jeunes, mais également issues des familles démunies, et incapables de s’offrir une chirurgie réparatrice. En dehors du manque de ressources pour payer les frais médicaux, ces femmes sont victimes de stigmatisation, de violence et d’autres pratiques culturelles néfastes qui parfois les contraignent à l’isolement et à l’exclusion sociale. Ce qui les affecte davantage physiquement, économiquement, socialement et émotionnellement. De fait, elles sont incapables de participer au développement de leur communauté respective en tant qu’acteur économique. C’est ainsi que, eu égard au respect des engagements liés à la mise en œuvre de la résolution 73/147 de l’Assemblée Générale des Nations Unies du 17 décembre 2018, dont le leitmotiv est l’éradication de la Fistule Obstétricale d’ici à 2028, le Cameroun a lancé le 20 novembre 2020 une campagne de solidarité nationale pour éliminer la Fistule Obstétricale au Cameroun, la région de l’Est n’a pas été en reste ; c’est ainsi que beaucoup d’espoirs ont été fondés sur cette campagne « le Ministère de la Santé Publique et la Région de l’Est que je représente attendent donc beaucoup de cette activité, et la qualité des experts présents me permet un réel optimisme quant aux résultats » a déclaré Dr. Désiré MINTOP
Comment fait-on pour attraper les fistules obstétricales ?
Il existe plusieurs types de fistules obstétricales : vésico-vaginales, uritro-vaginales, ano-anales… Parmi les causes, nous pouvons citer les accouchements précoces (avant 18 ans) les accouchements (à domicile, dans les champs) non assistés, les viols… le corps médical peut également être à l’origine d’une fistule obstétricale « lors de l’accouchement le personnel médical peut créer une fistule en cas de non-maîtrise de la manipulation des objets comme des ventouses ; c’est pourquoi il faut maîtriser l’utilisation du matériel » nous renseigne Dr. Samuel KATUMWA BOLEMBA, Directeur du Centre Hospitalier Catholique de Batouri.
L’intervention chirurgicale consistera à rétablir l’anomalie en redistribuant les rôles de chacun (en cas de fistules vésico-vaginales par exemple, elle consistera à faire passer l’urine par l’urètre et non par le vagin).
Vers la fin du calvaire pour les femmes atteintes de fistules obstétricales
Avec l’appui des partenaires financiers et techniques notamment l’UNFPA, le ministère de la santé publique au travers de la Délégation de la santé publique de l’Est a trouvé de lutter contre cette maladie stigmatisante qui porte atteinte à l’image des femmes qui en souffrent ; plusieurs d’entre elles ont perdu leurs foyers, ont été rejetées par la société. Les fistules étant très fréquentes dans cette partie du pays, cette région compte trois (03) centres agrées pour les interventions de réparation à savoir : l’hôpital régional de Bertoua, l’hôpital de District d’Abong-Mbang et le Centre Hospitalier Catholique de Batouri où 18 femmes ont été reçues dans le cadre de cette campagne. Le choix a été porté sur cette formation hospitalière car des trois centres agrées dans la région, c’est le seul qui répond aux exigences pour ce genre d’intervention en termes de ressources et de plateau technique. Cette région sanitaire rencontre de grosses difficultés en matière de prise en charge des fistules obstétricales car, une fois le personnel formé et capacité sur la détection et la prise en charge de la maladie, il est tout de suite affecté ailleurs. En perspective, la région entend multiplier le nombre de sites d’intervention pour inscrire la prise en charge en routine, afin de réduire les tabous qui tournent autour de cette maladie.
L’objectif de cette campagne était de rendre ce traitement gratuit accessible à toutes les femmes atteintes pour ce faire, un travail de fourmi a été entrepris en amont avec les relais communautaires chargés de sillonner les domiciles à la recherche des femmes cloitrées chez elle depuis plusieurs mois. Celles qui se laissent convaincre doivent ensuite se rendre dans un centre de santé pour faire des examens afin de confirmer le diagnostic. Au cours de ces acticités, 18 femmes ont été examinées parmi lesquelles 07 ont été opérées, 05 étaient inéligibles et 06 cas complexes qui seront référés aux centres plus compétents (Centre Protestant de Ngaoundéré et le CHU de Yaoundé). Après l’intervention, ces femmes seront gardées en observation pendant 21 jours à l’issu desquels elles passeront des examens complémentaires (toujours aux frais de l’UNFPA) avant de rejoindre leurs différents domiciles avec pour consignes d’observer 06 mois de repos (sans rapports sexuels).
Murielle ESSON EBANGUE