Belles-lettres : Le Dr Temfack identifie les principaux obstacles à l’essor de la médecine traditionnelle

L’ouvrage du Dr Temfack Vopé Ronyl intitulé : « Soutenir la médecine traditionnelle en Afrique : qualité, sécurité et réglementation », explore en profondeur les enjeux liés à la promotion de la médecine traditionnelle en Afrique. Il souligne l’importance de cette pratique ancestrale dans les communautés locales, tout en mettant en lumière les défis à relever pour assurer sa qualité, sa sécurité et son intégration dans les systèmes de santé modernes.

Le livre situe la médecine traditionnelle dans son contexte historique et socioculturel, soulignant son rôle central dans les soins de santé primaires en Afrique. Le chapitre 2 met en évidence les contributions de la médecine traditionnelle à la santé publique, notamment dans la prévention et le traitement de nombreuses maladies. Le Dr Temfack identifie les principaux obstacles à l’essor de la médecine traditionnelle, tels que le manque de réglementation, la qualité variable des produits et la méfiance de la part de la médecine moderne. Les chapitres suivants approfondissent les connaissances sur les plantes médicinales, les mécanismes de réglementation existants et l’importance de la qualité et de la sécurité.

L’auteur propose des pistes pour améliorer la réglementation de la médecine traditionnelle et favoriser une collaboration plus étroite entre les praticiens traditionnels et modernes. Les chapitres 8 à 12 mettent en avant le rôle des communautés locales, des gouvernements, des ONG et des organisations internationales dans la promotion de la médecine traditionnelle. L’intégration de la médecine traditionnelle dans les systèmes de santé nationaux en Afrique a connu des résultats mitigés, oscillant entre succès prometteurs et échecs instructifs.

Des études de cas illustrent les succès et les échecs de différentes initiatives visant à soutenir la médecine traditionnelle. « L’auteur de ce livre, avec une clarté et une rigueur exemplaires, nous guide à travers les méandres d’un sujet complexe mais fondamental : comment valoriser la médecine traditionnelle africaine tout en garantissant la sécurité et la qualité des soins dispensés. Cet ouvrage ne se contente pas de dresser un état des lieux ; il propose des solutions concrètes et applicables, basées sur des exemples pratiques et des études de cas pertinentes. Il s’agit d’une véritable feuille de route pour tous ceux qui, comme moi, croient en la nécessité d’intégrer les savoirs ancestraux dans nos systèmes de santé contemporains », écrit l’Honorable Mengue Mezui Germain, Président du Réseau des parlementaires pour la promotion de la Santé et la valorisation de la médecine Traditionnelle (REPPROSAN), préfacier de l’ouvrage.

 La contribution de la médecine traditionnelle à la santé publique en Afrique est indéniable. Elle se manifeste d’abord par son accessibilité. Là où les infrastructures de santé modernes sont rares ou inexistantes, la médecine traditionnelle est omniprésente. Elle est à portée de main, au sens propre comme au sens figuré, car les guérisseurs vivent au sein des mêmes communautés que leurs patients. Cette proximité crée une relation de confiance qui est difficilement égalée par les services de santé modernes.

L’ouvrage aborde de manière exhaustive les différents aspects de la médecine traditionnelle, depuis ses fondements culturels jusqu’aux enjeux de réglementation. Les informations présentées sont à jour et s’appuient sur des données scientifiques et des études de cas concrètes. Le livre est bien structuré et le langage utilisé est clair, ce qui le rend accessible à un large public. « L’un des grands atouts de la médecine traditionnelle réside dans son approche holistique de la santé. Contrairement à la médecine moderne, qui a tendance à se concentrer sur la maladie en isolant les symptômes de leur contexte global, la médecine traditionnelle envisage la santé comme un état d’équilibre entre le corps, l’esprit, et l’environnement. Cette perspective est particulièrement pertinente dans les zones rurales africaines, où les maladies sont souvent liées à des facteurs environnementaux et sociaux complexes », explique Dr Temfack Vopé secrétaire technique du Réseau des parlementaires pour la promotion de la Santé et la valorisation de la médecine Traditionnelle (REPPROSAN).

La médecine traditionnelle africaine, bien que profondément enracinée dans les cultures et les pratiques de nombreuses communautés à travers le continent, est aujourd’hui confrontée à une série de défis qui menacent sa survie et son efficacité. La médecine traditionnelle africaine, bien qu’ancienne et profondément enracinée dans les cultures locales, fait face à un défi contemporain : sa réglementation.

Les mécanismes de réglementation actuels en Afrique sont souvent fragmentés et inégaux, reflétant la complexité de la tâche. Dans certains pays, des cadres législatifs ont été mis en place pour encadrer les pratiques traditionnelles, mais leur application reste souvent limitée par un manque de ressources, de volonté politique, et de sensibilisation au niveau local. Par exemple, en Afrique du Sud, la loi sur la santé traditionnelle, adoptée en 2007, visait à créer un cadre de réglementation pour les guérisseurs traditionnels, y compris l’enregistrement et la formation. Cette loi est l’une des plus avancées du continent, car elle reconnaît officiellement les guérisseurs et les intègre dans le système de santé national.

Cependant, sa mise en œuvre a rencontré des obstacles, notamment en termes de ressources pour l’enregistrement et le contrôle des praticiens. D’autres pays, comme le Ghana, ont également entrepris des efforts pour réglementer la médecine traditionnelle. Le Conseil des Médecines Traditionnelles du Ghana a été créé pour superviser la pratique des guérisseurs et garantir que les traitements sont sûrs et efficaces. Ce conseil a mis en place des critères d’enregistrement des praticiens et a commencé à travailler sur la standardisation des traitements. Cependant, comme dans d’autres régions, la portée de ces efforts est limitée par des ressources insuffisantes et des défis logistiques.

La médecine traditionnelle africaine, avec ses racines profondes dans la culture et l’histoire du continent, a un potentiel immense pour contribuer de manière significative à la santé publique. Cependant, pour qu’elle puisse pleinement jouer ce rôle, elle nécessite un soutien du gouvernement. La médecine traditionnelle en Afrique, avec sa richesse et sa profondeur, représente bien plus qu’un simple ensemble de pratiques thérapeutiques. Elle est le reflet d’une histoire, d’une culture, et d’une compréhension du monde qui ont résisté à l’épreuve du temps. Pourtant, malgré sa résilience, la médecine traditionnelle se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, confrontée à des défis qui nécessitent une reconnaissance et une régulation formelles pour garantir sa survie et son développement fort et bien structuré.

“Soutenir la médecine traditionnelle en Afrique” est un ouvrage essentiel pour tous ceux qui s’intéressent aux enjeux de la santé en Afrique. Il offre une vision éclairée de la médecine traditionnelle et propose des pistes pour une meilleure intégration de cette pratique dans les systèmes de santé modernes.

Elvis Serge NSAA

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