Collecte de sang au Cameroun Le CNTS en proie à un déficit budgétaire chronique

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Le Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) au Cameroun est confronté à une situation alarmante: un déficit budgétaire important et un manque de personnel qui entravent sa capacité à collecter du sang en quantité suffisante pour répondre aux besoins des patients.

La pénurie de poches de sang dans les hôpitaux et les centres de santé met en danger la vie de nombreuses personnes, notamment les femmes enceintes, les enfants et les victimes d’accidents. Le gouvernement camerounais et le CNTS doivent prendre des mesures urgentes pour remédier à ces défis et garantir l’accès au sang pour tous.

Le CNTS a tenu  la sixième session ordinaire de son comité de gestion ce 19 juillet 2024, à Yaoundé. Sous la présidence du Pr Tétanyé Ekoé, son Président.

 

Le sang, élément vital pour le corps humain, joue un rôle crucial dans le transport des nutriments, de l’oxygène et des déchets vers toutes les cellules de l’organisme. Cette circulation fluide est essentielle au bon fonctionnement  du corps humain. En cas de perturbation de la circulation sanguine, le corps humain en souffre gravement. Avec un budget de fonctionnement plafonné à moins d’1 milliard de FCFA, le Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) au Cameroun est confronté à un déficit financier important qui entrave ses efforts de collecte de sang. Cette situation a pour conséquence une pénurie de poches de sang dans les hôpitaux et les centres de santé, mettant en danger la vie de nombreux patients.

C’est la substantifique moelle de l’allocution du président du Comité de gestion du Centre national de transfusion sanguine (CNTS) au Cameroun, Pr Tétanyé Ekoé, lors de l’ouverture des travaux de la sixième session ordinaire du comité de gestion du CNTS, ce 19 juillet 2024, à Yaoundé. « Cette session revêt une importance capitale pour notre institution, car elle nous permet de faire le bilan de nos actions, de nos réalisations et de nos défis », explique le Pr Tétanyé Ekoé. « En ce qui concerne les résultats financiers de l’année écoulée, le CNTS a maintenu une gestion rigoureuse et transparente de ses ressources », déclare le président du Comité de gestion du Centre national de transfusion sanguine (CNTS. Il rajoute, que les chiffres présentés témoignent du souci de bonne gouvernance et de responsabilité financière du CNTS.

D’après le Président du Comité de gestion du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), l’année 2023 a été marquée par de nombreux défis pour la structure dont il a la charge. « En dépit de la crise financière nationale et mondiale, nous pouvons nous réjouir de voir enfin un début d’implémentation du plan d’équipement du PRESYNATS pour le CNTS en matériel roulant et en infrastructures. En effet, comme nous l’avons vu lors de la dernière session, le CNTS a reçu 23 véhicules qui vont permettre la supervision et le déploiement de nos équipes sur le terrain dans les 10 régions du pays. En outre, depuis le 4 avril 2024 a été  enfin lancé par le PRESYNATS l’appel pour la construction du CNTS et le CTR de Garoua. C’est dire que le CNTS commence à voir  à l’horizon, le projet de ses infrastructures prévues depuis bientôt trois ans », confie le Pr Tétanyé Ekoé.

Néanmoins, il faut reconnaître que le CNTS reste confronté à trois grands défis. Le premier est celui de l’insuffisance des ressources de fonctionnement, plafonnées à un budget d’environ 1 milliard de FCFA, qui ne permet pas de développer un déploiement significatif de sa politique de promotion du don du sang ni une collecte efficace et sensible de sang dans les principales villes du pays. Cette insuffisance de ressources tranche de manière comparative avec le budget de fonctionnement des pays comme le Bénin, qui avec une population de 13 millions d’habitants : l’ANTS affiche un budget de fonctionnement de 5 milliards de FCFA hormis les charges du personnel supportées par l’État béninois.

Le deuxième problème est celui de l’insuffisance du personnel propre au CNTS qui ne saurait continuer à garder le profil en quantité et en qualité que tout observateur objectif peut constater dans les régions où les équipes du CNTS devraient se déployer. C’est dire que la structure est confrontée au défi de faire face aux défis liés à cette insuffisance de personnel en tenant compte de l’instruction de la tutelle technique qui, dans sa dernière correspondance, je le cite : « J’ai l’honneur de vous inviter à : surseoir à l’application de la validation portant sur le recrutement des 106 personnels sous réserve de la levée des préalables suscités, élaborer le plan de recrutement en cohérence avec les profils du cadre organique, me soumettre le plan stratégique. » C’est dire que pour répondre à cette instruction de la tutelle technique, la direction générale doit s’efforcer de soumettre à notre attention la stratégie qui permettra de concilier ces exigences incontournables pour permettre au CNTS de disposer d’un personnel formé et dévoué dans les 10 régions du pays.

Les subventions gouvernementales allouées au CNTS sont insuffisantes pour couvrir ses besoins en matière d’infrastructures, d’équipements et de réactifs. Le CNTS rencontre des difficultés à mobiliser des fonds auprès des entreprises et des particuliers. Le manque de ressources financières limite les capacités du CNTS à organiser des campagnes de sensibilisation et à déployer des équipes mobiles de collecte de sang. La pénurie de poches de sang dans les hôpitaux et les centres de santé met en danger la vie des patients qui ont besoin de transfusions sanguines, notamment les femmes enceintes, les enfants et les victimes d’accidents. Le gouvernement camerounais et le CNTS doivent prendre des mesures urgentes pour remédier au déficit budgétaire et améliorer la collecte de sang dans le pays.

Le CNTS devrait intensifier ses efforts de collecte de fonds auprès des entreprises et des particuliers, rationaliser ses dépenses et identifier des moyens de réduire ses coûts. La société civile peut jouer un rôle important dans la sensibilisation au don de sang et la mobilisation des donneurs potentiels.

Elvis Serge NSAA

 

 

 

 

Réactions

 

« Sur 157 000 donneurs, 26 000 sont des donneurs bénévoles non rémunérés au Cameroun »

Pr Dora Mbanya, directrice générale du Centre national de transfusion sanguine.

En ce qui concerne le déploiement du Centre national de transfusion sanguine (CNTS), je commence en disant que c’est une jeune structure et ça a besoin de beaucoup d’activités, d’installations afin de poser une fondation qui va permettre que les activités soient bien menées, mais comme l’a dit le président du comité de gestion, notre grande mission est de s’assurer qu’il y ait du sang de qualité disponible dans tout le pays et c’est la raison pour laquelle, malgré notre petit personnel, on a pu déployer dans chaque région, une à deux personnes.

Donc, bien qu’ils soient insuffisants, nous avons déployé les personnels en région, car le but est de faire entendre le CNTS dans toutes les régions et ces personnels entreprennent vraiment beaucoup d’activités, surtout la sensibilisation, parce que c’est important que chaque individu comprenne l’importance du don du sang et c’est ça notre problème. On a dit tout à l’heure qu’on a besoin de 400 000 poches de sang estimées par an, mais en fin d’année 2023, on n’était qu’à 157 000, donc 39 % de notre besoin est couvert. C’est un grand manque parce que quand tu as besoin du sang et que tu n’as pas, la mort s’ensuit et donc, il est très important qu’on fasse de notre possible pour couvrir ce manque et nous faisons beaucoup d’activités de sensibilisation pour promouvoir le don de sang.

Et un individu ne peut pas aller de son gré faire un don du sang sans qu’on ait mis une pression au préalable, donc nous faisons tout pour éduquer la population afin que ce problème soit pris en compte parce que sur 157 000 donneurs, il n’y a que à peu près 26 000 donneurs qui sont des donneurs bénévoles non rémunérés c’est à dire ceux-là qui prennent leurs décisions d’eux même d’aller donner leurs sang mais nous en tant que CNTS, avons le devoir de le rappeler à la population et pour cela, nous profitons des grandes journées de célébration au Cameroun telles que la journée de travail, journée des femmes pour faire des promotions et collectes des dons de sang.

Même à travers le RDPC, on a eu à faire des collectes dans certaines sous-sections, donc on utilise toutes les opportunités afin de promouvoir et collecter et le média a un grand rôle parce qu’il informe la population sans arrêt et je dis merci à ceux-là qui collaborent avec nous à travers nos communicants.

 

Réactions

 

« Les ressources financières du CNTS sont insuffisantes »

Pr Tétanyé Ekoé, Président du Comité de gestion du Centre national de transfusion sanguine (CNTS)

Cette sixième session du Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) est consacrée à l’examen des comptes. C’est une obligation statutaire. Nous avons l’obligation de rendre compte de la gestion des ressources qui ont été mises à la disposition du CNTS. Mais c’est surtout aussi l’occasion pour nous de souligner des préoccupations du CNTS.

Nous les répétons depuis toujours à savoir que nous avons des préoccupations parce que manifestement, les ressources financières du CNTS sont insuffisantes. Elles ne lui permettent pas de se déployer de manière significative dans le pays. Si je vous donne des exemples, d’un pays comme le Bénin qui a 13 millions d’habitants alors que nous avons 32 millions, et bien le budget de fonctionnement de notre homologue au Bénin est de 5 milliards de FCFA, hormis les charges de personnel qui sont gérées par l’État. Donc cela veut dire que nous avons un gap très important à combler et il est question que ce défi soit relevé par l’État, mais aussi par notre institution. Nous devons trouver des ressources supplémentaires pour combler le Gap qui nous permettrait de nous déployer.

La deuxième préoccupation que nous avons et qui est liée à l’autre est que nous demandons du personnel. Vous comprenez très bien que le CNTS ne peut pas se déployer dans les dix régions de notre grand pays sans un minimum de personnel. Or, nous avons du mal à recruter, à prendre du personnel et c’est un défi important pour le CNTS de trouver les moyens de voir, avec notre tutelle technique et avec d’autres partenaires, comment combler ce gap en personnel, surtout que nous allons devoir suivre le déploiement qui s’annonce. Vous avez appris que depuis le 4 avril de cette année, le gouvernement a lancé un appel d’offre pour la construction du siège  du CNTS à Garoua. Donc, cela veut dire que nous allons devoir monter en puissance pour former du personnel approprié, dévoué à la mission que le chef de l’État nous a confié pour donner aux populations, du sang en quantité suffisante, en qualité absolument indiscutable.

Ce déficit va se combler parce que, comme je vous l’ai dit, avec la mise à disposition de ressources et de personnel supplémentaires, nous allons pouvoir améliorer d’abord ce qu’on appelle « la promotion du don du sang », la direction générale va maintenant devoir se redéployer et puis aussi faire de la collecte avec des réactifs parce que le sang a besoin des réactifs pour assurer sa qualité. Voilà les défis que la Direction générale va devoir relever. Mais nous sommes très optimistes, nous avons eu des assurances de la tutelle technique et de la tutelle financière et d’autres partenaires internationaux.

Propos recueillis par Elvis Serge NSAA

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