Combattre la transmission du VIH de la mère à l’enfant au Cameroun Le CIRCB présente les avancées de la CSU et les défis restants

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Au Cameroun, en fin 2023, les enfants de moins de 15 ans constituaient plus de 0,3 % des nouvelles infections au VIH et seulement 78,4 % des enfants exposés et infectés verticalement étaient sous thérapies antirétrovirales selon le rapport 2023 du  Comité National de Lutte contre le Sida.

Des données présentées au cours de l’atelier international de virologie tenu à Yaoundé ce 17 juillet 2024, visant  à explorer les progrès réalisés dans la lutte contre la transmission du VIH de la mère à l’enfant (TME) au Cameroun.

Le ministre de la santé publique, le Dr Manaouda Malachie, en présence du Pr Carlo Federico Perno, président du conseil scientifique du Centre international de référence Chantal Biya pour la recherche sur la prévention et la prise en charge du VIH/SIDA (CIRCB) et du Pr Alexis Ndjolo, directeur général de ladite institution, a présidé lesdits travaux.

 

Cet atelier international de virologie vise ainsi à rassembler les acteurs majeurs (y compris les partenaires techniques et financiers) autour de la problématique sur la pharmaco-résistance du VIH chez les enfants et adolescents au Cameroun, ainsi qu’un partage d’expérience avec les pays de la sous-région Afrique centrale. Ces travaux permettront de capitaliser sur l’opportunité de la CSU pour renforcer la prévention et la prise en charge de la résistance du VIH chez les enfants et les adolescents.

En outre, ces travaux permettront de mettre à jour les cliniciens et responsables des sites de prise en charge ; les coordonnateurs des GTR de toutes les régions nationales, les responsables du niveau central et les partenaires nationaux et internationaux sur l’usage de la CSU dans la prise en charge pédiatrique du VIH au Cameroun, afin de limiter les risques d’émergence de la résistance du VIH aux ARV en général et aux molécules pédiatriques en particulier.

Au Cameroun, la transmission du VIH de la mère à l’enfant (TME) reste un problème de santé publique majeur. En 2022, on estimait que 14,5 % des femmes enceintes vivant avec le VIH transmettaient le virus à leur enfant pendant la grossesse, l’accouchement ou l’allaitement. Au Cameroun, en fin 2023, les enfants de moins de 15 ans constituaient plus de 0,3 % des nouvelles infections au VIH et seulement 78,4 % des enfants exposés et infectés verticalement étaient sous thérapies antirétrovirales (Rapport CNLS 2023).

Cependant, des progrès importants ont été réalisés ces dernières années pour réduire la TME au Cameroun. Grâce à l’accès élargi aux antirétroviraux (ARV) pour les femmes enceintes et les nourrissons, le taux de transmission a considérablement diminué. En 2015, le Cameroun s’est engagé à éliminer la TME d’ici 2030. C’est dans cette perspective que, dans le cadre de la réduction de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, le ministre de la santé publique, en présence du Pr Carlo Federico Perno, président du conseil scientifique du CIRCB et du Pr Alexis Ndjolo, directeur général de ladite institution,  a présidé les travaux de l’atelier international de virologie sur la prise en charge du VIH pédiatrique à l’ère de la Couverture santé universelle (CSU) au Cameroun : enjeux pour l’élimination du VIH à l’horizon 2030, ce 17 juillet 2024, à Yaoundé.

Cet atelier international de virologie vise ainsi à rassembler les acteurs majeurs (y compris les partenaires techniques et financiers) autour de la problématique sur la pharmaco-résistance du VIH chez les enfants et adolescents au Cameroun, ainsi qu’un partage d’expérience avec les pays de la sous-région Afrique centrale. Ces travaux permettront de capitaliser sur l’opportunité de la CSU pour renforcer la prévention et la prise en charge de la résistance du VIH chez les enfants et les adolescents. En outre, ces travaux permettront de mettre à jour les cliniciens et responsables des sites de prise en charge ; les coordonnateurs des GTR de toutes les régions nationales, les responsables du niveau central et les partenaires nationaux et internationaux sur l’usage de la CSU dans la prise en charge pédiatrique du VIH au Cameroun, afin de limiter les risques d’émergence de la résistance du VIH aux ARV en général et aux molécules pédiatriques en particulier.

La vulnérabilité de cette population d’enfance et de jeunes est davantage accrue par de nombreux défis, notamment la stigmatisation, le rejet, l’abandon volontaire ou involontaire (orphelins), les problèmes comportementaux, les problèmes d’adaptation, les difficultés d’insertion socio-professionnelle et les problèmes financiers entraînant une incapacité de se prendre en charge financièrement dans les hôpitaux, un abandon de la prise en charge médicale et psychosociale, et enfin une détérioration de leur état.

Face à cela, la CSU dans la prise en charge pédiatrique du VIH au Cameroun, va sans doute alléger et faciliter la prise en charge clinique, thérapeutique, psychologique et préventive. Ce qui permettra d’améliorer l’accès aux services de prévention et de prise en charge du VIH en pédiatrie, avec pour effet immédiat l’identification de tous les enfants et adolescents vivant avec le VIH (premier 95), la mise sous traitement ARV de tous les cas dépistés positifs au VIH (deuxième 95) et le contrôle de la charge virale (troisième).

Néanmoins, le CIRCB dispose d’une plateforme de référence (le test de résistance) permettant d’identifier les virus résistants en cas d’échec virologique et peut proposer les thérapies encore plus efficaces à leurs patients, ceci aux prix de 10.000 F seulement pour les PVVIH adultes (au lieu de 100.000 F) et gratuit pour les enfants et adolescents, ce qui rentre dans les champs d’actions de la CSU mise en place par le gouvernement.

Cet atelier a permis au CIRCB de présenter les avancées de la CSU pour l’élimination du VIH à travers une optimisation de la PTME dans la prise en charge du VIH pédiatrique en contexte camerounais ; faire l’état des lieux des stratégies innovantes pour l’élimination de la transmission verticale du VIH au Cameroun ; Énumérer quelques interventions holistiques déjà mises en œuvre pour une prise en charge optimale du VIH pédiatrique au Cameroun ; Partager l’expérience du CIRCB sur la gestion des cas de multi résistances  en pédiatrie pour le bon usage du test de résistance par nos cliniciens prescripteurs et les communautaires ; Faire un partage d’expérience avec leurs partenaires internationaux en Afrique et dans le monde entier.

Les travaux de cet atelier devront répondre à ,des résultats qui contribueront à la complétude de la couverture des PVVH dans la CSU au Cameroun pour l’atteinte des objectifs programmatiques du pays ; la prévention de la transmission verticale à travers la prise en charge de la résistance chez la femme enceinte et allaitante ; l’amélioration de la suppression virale chez les enfants et adolescents sous ARV à travers l’usage des médicaments ayant une bonne barrière génétique contre la résistance virale ; l’atteinte des performances nationales sur les cibles 95-95-95 en pédiatrie d’ici 2025 ; l’élimination du SIDA chez les enfants et adolescents au Cameroun d’ici 2030.

Ces dernières années, les travaux du CIRCB sur le VIH ont grandement contribué aux recommandations majeures du troisième Forum national sur la PTME et la prise en charge des enfants et adolescents ; des prix de distinctions aux niveaux national et international, etc. Fort de cette expérience, il apparaît évident que les résultats de ces travaux feront l’objet d’un rapport qui sera transmis à la tutelle des actions probantes qui y découleraient.

De nombreuses femmes enceintes au Cameroun ne savent pas qu’elles sont infectées par le VIH. Et même si elles sont diagnostiquées, elles ne reçoivent pas toujours un traitement ARV. Le risque de transmission du VIH est plus élevé lors d’un accouchement prématuré ou lorsque la mère allaite. De nombreuses femmes enceintes au Cameroun n’ont pas accès aux services de prévention de la TME, tels que la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et la prophylaxie post-exposition (PEP).

Le Gouvernement camerounais met en œuvre un certain nombre de stratégies pour éliminer la TME, notamment : Dépistage universel du VIH pour les femmes enceintes. Le Gouvernement camerounais recommande que toutes les femmes enceintes soient dépistées pour le VIH. Toutes les femmes enceintes vivant avec le VIH au Cameroun devraient recevoir un traitement ARV pour prévenir la transmission du virus à leur enfant. L’accouchement par césarienne élective réduit le risque de transmission du VIH de la mère à l’enfant. Les mères vivant avec le VIH ont besoin de counseling et de soutien pour les aider à prendre des décisions éclairées sur la façon de nourrir leur bébé et pour prévenir la transmission du virus à leur enfant. Le Gouvernement camerounais travaille à élargir l’accès aux services de prévention de la TME.

La TME est un problème de santé publique majeur au Cameroun, mais des progrès importants ont été réalisés ces dernières années pour réduire le taux de transmission. Le Gouvernement camerounais met en œuvre un certain nombre de stratégies pour éliminer la TME d’ici 2030. Si vous êtes enceinte et que vous vivez au Cameroun, il est important de vous faire dépister pour le VIH et de parler à votre médecin des options de prévention de la TME.

Elvis Serge NSAA et Audray NDENGUE Stg

 

«  Un enfant qui vit avec le VIH ne dépenserait aucun sou »

Dr Joseph FOKAM, secrétaire permanent du Comité de lutte contre le VIH/SIDA

Il y a du progrès dans la riposte contre le VIH-SIDA au Cameroun. De façon plus spécifique, en parlant des trois 95, le Cameroun a déjà atteint le premier 95. Nous sommes à 98 % des personnes qui vivent avec le VIH et qui connaissent déjà leur statut ; ce qui est déjà un résultat extraordinaire. Cependant, lorsque nous désagrégeons ce résultat en termes de tranches d’âge, nous nous rendons compte que, dans la population des enfants, nous sommes encore très loin de ces cibles. Nous sommes au tour de 50 % des enfants qui connaissent leur statut VIH au Cameroun. Cela veut dire qu’une bonne partie de ces enfants continuent à circuler en communauté et ne sont pas dépistés.

Parce que la transmission mère-enfant du VIH continue également d’être alarmante dans notre pays. Nous voulons être en accord avec les différents partenaires de lutte du CIRCB, en accord également avec les différentes structures techniques du ministère de la Santé, comme la direction de la santé familiale, la direction de la lutte contre la maladie, mais aussi et surtout avec une participation très forte dorénavant du Comité national de lutte contre le SIDA qui, en accord avec le CIRCB, a conçu ce présent atelier international, avec la participation des différents pays africains qui sont en ligne. La CDC va aussi animer une session, pour que nous trouvions les stratégies les plus optimales et adaptées au Cameroun en matière de recherche active des enfants qui sont infectés ; en matière aussi de baisse de la transmission mère-enfant du VIH, mais surtout lorsque l’enfant est infecté, nous devons lui offrir des soins qui sont similaires à ceux que nous offrons dans les pays développés.

Et, pour le cas d’espèce au Cameroun, le CIRCB offre des tests de dépistage pour le VIH de façon à ce que tout enfant qui vit avec le VIH de façon gratuite, de façon bénévole, reçoive un test de dépistage sans débourser un seul sou, de façon à ce que nous puissions choisir le meilleur médicament antirétroviral, ce qu’on appelle la thérapie personnalisée, et pour que nous voyions aussi nos enfants avoir une espérance de vie comme nous le voyons dans les pays développés. Et, c’est aussi pour cette raison que, grâce au ministre de la Santé publique, la Couverture santé universelle prend déjà en charge tout ce qu’il y a comme dépense sur le VIH. Vraiment, au Cameroun, un enfant qui vit avec le VIH ne dépenserait aucun sou s’il devait être pris en charge dans les structures publiques. Et c’est aussi pourquoi le CIRCB vient donc en appui avec le test de dépistage qui est offert gratuitement aux enfants pour que nous puissions atteindre l’élimination même avant 2030, comme le ministre l’a si bien dit.

 

« Nous devons éviter que les enfants soient infectés »

Pr Carlos Federico Perno, président du conseil scientifique du Centre international de référence Chantal BIYA

La prise en charge des enfants est l’une des choses les plus importantes que nous avons dans tout le monde et en Afrique en particulier. Nous avons aujourd’hui une évidence que le virus, quand il entre dans le corps, il reste pour toute la vie. Cela signifie que nous devons éviter que les enfants soient infectés. Ils devraient vivre pour des dizaines d’années avec le virus grâce au traitement antirétroviral. Le traitement antirétroviral marche très bien, mais nous savons que chez les enfants et les adolescents l’efficacité est moindre à cause des médicaments qui ne sont pas les mêmes et, en même temps, pour la difficulté de l’observance des adolescents pour leur traitement. C’est vraiment important de mettre en place le système de prévention et de développement.

Nous devons éviter que les enfants soient infectés, au niveau de la grossesse de la mère, au niveau de l’âge de l’enfant et de l’adolescence en particulier. Après, nous devons utiliser le système disponible qui nous aide à traiter un malade du VIH/SIDA avec les médicaments les plus modernes ; nous avons aujourd’hui les médicaments qui peuvent être utilisés chaque deux mois pour obtenir le même résultat que nous pouvons obtenir aujourd’hui avec une pilule par jour, cela signifie que nous devons prendre en charge les enfants au mieux, les traiter au mieux, connaître quand il a un échec viral, nous avons des systèmes comme ceux du CIRCB pour avoir un diagnostic précis et clair de la situation des enfants pour changer la thérapie quand il sera nécessaire . Nous devons avoir des enfants qui doivent devenir adultes et continuer à vivre au mieux.

 

« Nous avons pour objectif : améliorer et appuyer le système de santé. »

Pr. Alexis Ndjolo, Directeur général du Centre international de référence Chantal BIYA

Le VIH n’épargne aucune tranche d’âge. Le VIH atteint à la fois les adultes et les enfants, qui sont souvent infectés verticalement, c’est-à-dire de la mère à l’enfant. Et à ce niveau, il est très difficile d’avoir la bonne observance, la bonne adhérence des enfants au traitement. Il faut donc mettre sur pied des stratégies pour permettre à ce que ces enfants puissent non seulement avoir accès au traitement, mais qu’ils puissent également prendre ce traitement comme il le faut tous les jours, pour ce qui est des traitements antirétroviraux d’aujourd’hui.

Alors, le CIRCB, dans le cadre de la maîtrise de cette infection chez ces enfants, est obligé de prendre en son sein les prescripteurs et les autres acteurs de santé pour les capacités. Et nous profitons du fait de la tenue du conseil scientifique du CIRCB pour amener les experts internationaux à nous appuyer dans l’encadrement du personnel de santé au Cameroun. À ce jour, 20 % des enfants constituent ces malades du VIH et 31 % d’entre eux décèdent, et ceci n’est pas acceptable pour un pays comme le nôtre.

Donc, le CIRCB s’engage à renforcer les capacités des acteurs de santé dans le but d’améliorer efficacement la prise en charge de ses enfants et dans le but de sensibiliser surtout les prescripteurs, non seulement dans les grandes villes comme Yaoundé et Douala, mais dans toutes les régions du pays. L’atelier que nous organisons a en effet réuni tous les prescripteurs qui viennent des régions, des districts de santé, des centres médicaux d’arrondissement. Donc, nous avons pour objectif d’améliorer et d’appuyer les systèmes de santé pour que d’ici 2030 on essaye d’éliminer le VIH.

Propos retranscrits par Audray NDENGUE Stg

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