Consommation de drogues 2057 patients reçus par les CSAPA  en 2023

0
116

En 2023, les Centres de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) ont reçu 2057 patients, parmi lesquels 1125 nouveaux cas. L’analyse de ces données révèle que : la tranche d’âge de 19-32 ans est la plus exposée, 96% des cas recensés sont des célibataires, 68% des sujets poursuivent leur scolarité et 41% sont constitués de personnes inactives ou sans profession.

Ces chiffres ont été communiqués à la presse ce 11 juillet 2024, par le ministre de la Santé publique, le Dr. Manaouda Malachie, au cours d’un point de presse. Le Minsanté a à cette occasion, dévoilé le Plan Stratégique National de Lutte contre les drogues, 2024-2030.

 

Au Cameroun, la consommation de drogues est plus fréquente chez les garçons que chez les filles. Les principales drogues consommées sont le cannabis, l’alcool et les stimulants. Les raisons évoquées pour la consommation de drogues sont la pression des pairs, l’ennui et la recherche de sensations fortes. Dans le cadre de la lutte contre la consommation de la drogue au Cameroun, le ministre de la Santé publique, le Dr Malachie Manaouda, a présenté le Plan stratégique national de lutte contre les drogues au Cameroun d’ici 2030, le jeudi 11 juillet 2024. Cette prise de parole intervient au terme de l’adoption du Plan stratégique national de lutte contre la drogue 2024-2030 et s’inscrit dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogues, sur le thème : « Les faits sont clairs ! Investissez dans la prévention ».

Par ce thème, le Minsanté lance un vibrant appel à la sensibilisation, en vue de mieux faire comprendre l’efficacité et le rapport coût-efficacité des stratégies de prévention fondées sur des données probantes. Le Dr Manaouda Malachie demande qu’on mette l’accent sur l’impact des actions développées et sur l’atténuation des méfaits de la consommation de drogues. « Le prétexte qui nous réunit et qui fonde l’objet de la présente communication tire son ancrage sur la nécessaire sensibilisation à laquelle nous sommes astreints, à l’occasion de la commémoration de la Journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues, ou Journée mondiale de la drogue, généralement célébrée le 26 juin chaque année », a déclaré le ministre de la Santé publique.

Cette consommation des drogues, associée à d’autres substances telles que l’alcool, n’est pas sans répercussions sur le plan de la santé physique. Les rapports de prise en charge dans les Centres agréés font émerger une autre constance, celle des complications somatiques, psychiatriques et sociales, les plus courantes étant le syndrome amotivationnel, les troubles cognitifs, les troubles du sommeil et le syndrome de sevrage.

Selon le membre du gouvernement, en 2023, les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) ont reçu 2057 patients, parmi lesquels 1125 nouveaux cas. L’analyse de ces données révèle que la tranche d’âge de 19-32 ans est la plus exposée, que 96 % des cas recensés sont des célibataires, que 68 % des sujets poursuivent leur scolarité et 41 % sont constitués des personnes inactives ou sans profession. Fait tout de même significatif, 87 % des personnes ainsi sujettes au phénomène de la consommation des drogues résident en milieu urbain.

De manière globale, les données disponibles laissent entrevoir que les prévalences annuelles sont respectivement de 72,4 % pour le tabac fumé, 72,4 % pour le cannabis fumé, 79,3 % pour les boissons alcoolisées et 50,5 % pour le tramadol. En outre, il convient de préciser que les comorbidités psychiatriques sont constituées de 8 % de troubles de la personnalité, 13 % de troubles psychotiques induits par les substances, 5 % de troubles dépressifs majeurs, 5 % de troubles de panique, 22 % d’actes autodestructeurs, 55 % de dépendance et 17 % d’abus aux substances addictives. Dans 65,73 % des cas, les usagers de substances psychoactives recherchaient un équilibre personnel. Il est important de noter que le nombre de patients demandeurs de soins, d’après les chiffres du Comité national de lutte contre la drogue (CNLD), est en nette augmentation dans les trois régions du Cameroun où sévissent les crises sociales (Extrême-Nord, Nord-Ouest et Sud-Ouest). Il est en effet passé d’un taux de 10,16 % en 2017 à 22,21 % en 2019. Depuis 2021, les patients usagers de substances psychoactives demandeurs de traitement dans les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) de ces trois régions où sévit la crise sécuritaire représentent désormais à eux seuls près de 43 % des nouveaux cas recensés.

Dans cette perspective, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) estime que l’Afrique, et donc le Cameroun, doit, pour atteindre les cibles des Objectifs de développement durable (ODD), réformer les politiques en matière de drogues. Ce qui renforce davantage la posture d’une lutte globale pour ce phénomène en prenant sur nous de « promouvoir l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, assurer l’accès de tous à la justice et mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous ».

Pour lutter contre la consommation de la drogue, il faut plaider en faveur de l’investissement au profit de ces actions de prévention et de sensibilisation; donner aux communautés les moyens d’agir de manière efficace et concertée dans cette lutte qui est plutôt globale ; faciliter le dialogue et la collaboration entre les acteurs, mais aussi avec les victimes, promouvoir l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes ; de responsabiliser les jeunes qui constituent la frange de la population la plus exposée et la plus vulnérable enfin de promouvoir la coopération internationale en matière de lutte contre le trafic illicite des drogues.

Le Plan Stratégique National de Lutte contre les Drogues nourrit la légitime ambition de réduire significativement l’offre, la demande et les conséquences de l’usage des drogues au Cameroun d’ici 2030. Pour cela, la stratégie de lutte est articulée autour de quatre axes qui portent respectivement sur (i) la réduction de l’offre des drogues, (ii) la réduction de la demande des drogues, (iii) la réduction des risques liés à la consommation des drogues, et (iv) la réorganisation de la réponse institutionnelle de la lutte.

Concernant la réduction de l’offre des drogues, elle vise à renforcer la mise en œuvre des mesures d’anticipation nécessaires pour un meilleur contrôle de la production et de la circulation des drogues. Il s’agit d’une part d’intervenir suffisamment en amont de manière prospective pour éviter la disponibilité des drogues illicites sur le marché et, d’autre part, d’optimiser l’application du cadre réglementaire en vue d’une meilleure maitrise des drogues licites en circulation. En clair, il est question dans un premier temps de mettre en place tous les mécanismes nécessaires pour assurer la perturbation du trafic des drogues illicites, le démantèlement des groupes relevant de la criminalité organisée qui sont impliqués dans la production et le trafic de drogue, le recours efficace à la justice pénale, une répression efficace reposant sur le renseignement et l’échange accru des informations. Au plan juridique, des efforts supplémentaires seront orientés vers le développement des mécanismes permettant d’éviter la récidive et de renforcer l’efficacité de la justice pénale tout en veillant à la proportionnalité.

Pour ce qui est de la réduction des risques liés à la consommation des drogues, la prise en charge sanitaire et sociale des cas s’articulera sur des mesures visant à mitiger les risques liés à l’usage des drogues, notamment les maladies liées à la consommation du tabac, la transmission des maladies telles que le VIH, la tuberculose, les hépatites virales et les cancers, etc. C’est la raison pour laquelle les campagnes de prévention, d’éducation et de sensibilisation dans le cadre de la lutte contre ces maladies intègrent désormais la prévention contre la consommation ou l’usage abusif desdites substances. Cette précaution permet de faciliter l’accès à un ensemble complet et essentiel de services de prévention du VIH, de la tuberculose et des autres problèmes sociaux et de santé publique, auxquels elles sont fortement exposées. La mise en œuvre de ces interventions sera effectuée en parallèle de la croisade contre la discrimination et la stigmatisation, qui sont des facteurs entravant l’accessibilité de ce groupe ciblé aux services des soins.

Elvis Serge NSAA, Charone DONGMO Stg et Danielle NGO NGEN Stg

Comments are closed.

ECHOS SANTE

GRATUIT
VOIR