Consommation excessive d’alcool au Cameroun : Le fléau s’accentue face aux insuffisances du cadre législatif et réglementaire.
Malgré l’existence de lois et de décrets visant à réguler la consommation d’alcool au Cameroun, la situation reste préoccupante. Les lacunes dans l’application de ces textes et l’absence de mesures coercitives efficaces favorisent une consommation excessive aux conséquences dramatiques pour la santé publique. C’est ce qu’a indiqué la Coalition des Consommateurs Camerounais lors d’une rencontre de sensibilisation et éducation sur les risques liés à la consommation abusive d’alcool au Cameroun, organisé à Yaoundé ce 21 aout 2024.
Au Cameroun, la consommation excessive d’alcool est un problème de santé publique de plus en plus préoccupant. Une enquête réalisée en 2004 dans le pays et à Madagascar a fait état d’une prévalence de consommation excessive d’alcool de 11% dans la population générale. Une prévalence qui contribue à augmenter le taux de morbidité et mortalité lié à l’alcool. En 2022 au Cameroun, 74100 décès ont été dus aux Maladies Non Transmissibles dont l’alcool constitue certains facteurs de risque majeur.
Si les autorités ont mis en place des lois et des décrets pour encadrer ce phénomène, leur application reste largement insuffisante.
En effet, de nombreuses dispositions légales ne sont pas respectées, notamment celles relatives aux heures d’ouverture et de fermeture des débits de boissons. Les publicités vantant les mérites de l’alcool sont omniprésentes, en dépit des restrictions légales. De plus, la vente d’alcool aux mineurs est un phénomène largement répandu.
Ces lacunes dans la réglementation ont des conséquences directes sur la santé publique. Les maladies liées à la consommation excessive d’alcool, telles que les cirrhoses, les cancers et les maladies cardiovasculaires, sont en augmentation. Les accidents de la route causés par l’alcool sont également un fléau.
Les conséquences économiques sont également importantes. La consommation excessive d’alcool entraîne une perte de productivité, des dépenses de santé accrues et une augmentation de la criminalité.
Pour remédier à cette situation, il est urgent de renforcer l’application de la réglementation existante. Des contrôles plus rigoureux doivent être mis en place pour sanctionner les contrevenants. Il est également nécessaire de mener des campagnes de sensibilisation à grande échelle pour informer la population des dangers de la consommation excessive d’alcool.
Par ailleurs, il est indispensable de revoir certaines dispositions législatives afin de les adapter aux réalités actuelles. La loi de 2006 sur la publicité, par exemple, doit être renforcée pour mieux encadrer la promotion des boissons alcoolisées.
Enfin, la société civile, les professionnels de santé et les médias ont un rôle important à jouer dans la lutte contre ce fléau. Ils doivent travailler de concert pour sensibiliser l’opinion publique et faire pression sur les pouvoirs publics afin qu’ils prennent les mesures nécessaires.
La consommation excessive d’alcool est un problème complexe qui nécessite une réponse globale. Le renforcement de la réglementation, l’amélioration des contrôles et la sensibilisation de la population sont des éléments clés pour lutter efficacement contre ce fléau.
Mireille Siapje
Réactions :
« Cette initiative vient renforcer notre engagement à informer et à sensibiliser le public. »
Nous soutenons pleinement cette initiative visant à lutter contre la consommation excessive d’alcool. En tant qu’acteurs des médias spécialisés dans les questions de santé, nous sommes conscients des conséquences néfastes de l’abus d’alcool sur la santé. Cette initiative vient renforcer notre engagement à informer et à sensibiliser le public. Le REMAPSEN, réseau de journalistes spécialisés en santé, met l’accent sur l’éducation à la santé. Notre objectif est de promouvoir les bonnes pratiques en matière de santé, notamment en ce qui concerne la consommation d’alcool. Nous souhaitons que le public soit pleinement informé des risques liés à l’excès d’alcool et qu’il adopte des comportements plus responsables.
Pour atteindre cet objectif, nous privilégions plusieurs axes : La diffusion des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : Nous informons le public des risques pour la santé liés à la consommation excessive d’alcool, en nous appuyant sur les données scientifiques. La promotion de la réglementation en vigueur : Nous rappelons l’existence des lois et des décrets encadrant la vente et la consommation d’alcool, et nous plaidons pour leur application stricte. Le plaidoyer auprès des décideurs : Nous interpellons les décideurs politiques afin qu’ils prennent les mesures nécessaires pour réduire la consommation d’alcool, notamment en renforçant le contrôle des heures d’ouverture des débits de boissons.
En informant le public sur les risques de l’alcool et en plaidant pour des mesures plus strictes, nous contribuons à améliorer la santé publique et à réduire les méfaits liés à la consommation excessive d’alcool au Cameroun.
Propos retranscrits par Audray Ndengue
« Les faiblesses réglementaires, notamment concernant la publicité et la commercialisation de certains produits comme les whiskies en sachet, facilitent l’accès à l’alcool et favorisent une consommation excessive. »
La consommation excessive d’alcool au Cameroun représente un sérieux problème de santé publique. Des études révèlent une prévalence élevée, associée à un nombre important de décès liés à des maladies non transmissibles. Les conséquences de cette consommation s’étendent bien au-delà de la santé individuelle, impactant l’économie, l’éducation et la sécurité. Pour inverser cette tendance alarmante, il est urgent de mettre en place des stratégies de prévention axées sur l’information et la sensibilisation. L’objectif est de faire prendre conscience aux citoyens des risques liés à la consommation excessive d’alcool et de les inciter à adopter des comportements plus responsables
Les facteurs favorisant la consommation excessive d’alcool au Cameroun sont multiples et complexes. L’industrie des boissons alcoolisées, à travers ses campagnes publicitaires agressives, joue un rôle majeur. Le chômage et le stress poussent certains à chercher refuge dans l’alcool, tandis que le manque d’information sur les risques encourus perpétue ces comportements. Par ailleurs, les faiblesses réglementaires, notamment concernant la publicité et la commercialisation de certains produits comme les whiskies en sachet, facilitent l’accès à l’alcool et en favorisent une consommation excessive. Pour remédier à cette situation, il est urgent de renforcer la réglementation, de mener des campagnes de sensibilisation à grande échelle et de s’inspirer des recommandations de l’OMS afin de réduire significativement la consommation d’alcool à l’horizon 2030.
Le Cameroun a mis en place un cadre réglementaire pour lutter contre la consommation excessive d’alcool, notamment à travers la loi de 2006 sur la publicité et le décret de 1990 sur les débits de boissons. Cependant, l’application de ces lois est souvent lacunaire et nécessite une mise à jour pour s’adapter au contexte actuel. Le gouvernement s’efforce de contrôler la qualité des produits alcoolisés, notamment en surveillant les entreprises légales et en menant des opérations contre la contrebande et la contrefaçon. Le cas des whiskies en sachet illustre la complexité de la régulation : bien que ce produit ait répondu à un besoin social, son détournement d’usage pose problème. Le gouvernement cherche à améliorer l’encadrement de ce secteur, tout en soutenant les opérateurs qui respectent les normes de qualité. Malgré ces efforts, il reste encore beaucoup à faire pour renforcer l’efficacité des mesures de prévention et de lutte contre la consommation excessive d’alcool.
Propos retranscrits par Audray Ndengue.
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