Couverture Santé Universelle au Cameroun : Deux ans après, où en est-on ?

0
120

Le 12 avril 2023 marquait une avancée majeure dans le système de santé camerounais avec le lancement officiel de la phase pilote de la Couverture Santé Universelle (CSU) à Mandjou, dans la région de l’Est.

En deux ans, le programme a enrôlé près de 4 millions de bénéficiaires. Plus de 400 000 enfants de moins de 5 ans ont été traités gratuitement du paludisme, En matière de VIH, près de 481 000 personnes sont sous traitement antirétroviral sans frais, tandis que 25 705 malades de la tuberculose bénéficient eux aussi d’une prise en charge gratuite.

Malgré ces avancées, le dispositif reste freiné par le remboursement tardif des prestations et un besoin important de financements

Initiée sur instruction du Chef de l’État en 2015, la Couverture santé universelle (CSU) vise à renforcer la couverture sanitaire des populations, en particulier les plus démunies, grâce à une offre de soins préventifs, promotionnels et curatifs. L’objectif est clair : d’ici 2026, couvrir 80% des cibles prioritaires et réduire de 80% les paiements directs liés à l’utilisation des services de santé couverts.

Le panier des soins de la CSU inclut notamment des consultations gratuites pour les enfants de 0 à 5 ans, la prise en charge quasi intégrale des soins liés au paludisme, aux grossesses, à la tuberculose, au VIH/Sida ainsi que la dialyse à coût symbolique.

En deux ans, le programme a enrôlé près de 4 millions de bénéficiaires sur plus de 4,6 millions de pré-enrôlés. Le volet préventif affiche des chiffres encourageants : plus de 1,5 million d’enfants ont reçu de la vitamine A, près de 3,7 millions d’enfants ont été vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, plus de 1,3 million de femmes enceintes ont reçu une supplémentation en fer et 647 451 d’entre elles ont bénéficié du traitement préventif du paludisme.

Côté curatif, les résultats affichent plus de 1,1 million d’enfants ont été consultés gratuitement, plus de 400 000 enfants de moins de 5 ans ont été traités gratuitement du paludisme, plus de 281 000 accouchements ont été réalisés à tarif réduit, avec une prise en charge quasi totale en cas de césarienne (seulement 6 000 FCFA déboursés par les patientes).

En matière de VIH, près de 481 000 personnes sont sous traitement antirétroviral sans frais, tandis que 25 705 malades de la tuberculose bénéficient eux aussi d’une prise en charge gratuite.

La prise en charge des patients nécessitant une dialyse a, quant à elle, été grandement facilitée : ils ne déboursent plus que 15 000 FCFA par an contre 520 000 FCFA avant la mise en œuvre de la CSU.

Malgré ces progrès, la Couverture santé universelle se heurte à plusieurs difficultés. Parmi elles, le remboursement tardif des prestations médicales et non médicales ainsi que l’insuffisance des ressources financières, notamment pour les activités de suivi et d’évaluation.

Dans la région du Nord-Ouest par exemple, l’effectif réduit du personnel de santé compromet l’accessibilité et la qualité des soins. De plus, la sensibilisation doit se poursuivre pour atteindre les populations les plus isolées, souvent mises à l’écart des campagnes sanitaires.

A lire aussi: Violences faites aux enfants : La CDHC tire la sonnette d’alarme sur la recrudescence des cas

Les experts s’accordent sur l’importance d’investir dans la formation continue des agents de santé et d’améliorer les infrastructures. Le Dr Ambe Lionel a souligné, lors de la mobilisation, la nécessité d’une collaboration renforcée entre les acteurs de la santé, y compris les ONG et les partenaires internationaux, pour faire face à ces obstacles.

Perspectives : vers une couverture plus complète

Le gouvernement prévoit de poursuivre le plaidoyer pour l’adoption d’une loi spécifique sur la CSU, essentielle pour garantir sa pérennité et son extension. Par ailleurs, l’extension du « chèque santé CSU » aux régions du Centre, du Littoral et de l’Ouest est envisagée, afin d’atteindre une couverture nationale complète.

Le renforcement des capacités des élus locaux, le remboursement régulier des prestations et l’étude d’intégration d’autres pathologies telles que les hépatites virales ou le diabète infantile figurent aussi parmi les axes prioritaires des prochaines années.

Mireille Siapje

Encadré : Les chiffres clés de la CSU au Cameroun (2023-2025)

  • 3 911 979 personnes enrôlées dans la CSU en deux ans.
  • 281 771 accouchements réalisés sous CSU, pour seulement 6 000 FCFA.
  • 11 059 césariennes avec une prise en charge de 95%.
  • 1 169 268 enfants consultés gratuitement pour toute pathologie.
  • 407 476 enfants traités gratuitement pour le paludisme simple.
  • 312 544 enfants traités gratuitement pour le paludisme grave.
  • 1 230 personnes dialysées pour 15 000 FCFA par an (contre 520 000 FCFA auparavant).
  • 481 147 personnes vivant avec le VIH reçoivent leur traitement gratuitement.
  • 25 705 patients tuberculeux pris en charge sans frais.
  • 3 652 608 enfants vaccinés contre la rougeole, les oreillons et la rubéole.

 

Comments are closed.