Couverture santé universelle : La dialyse seule ne suffit pas.

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Le malade doit faire des examens chaque mois, acheter des poches de sang et il doit avoir un régime alimentaire approprié, les frais de transport pour se rendre dans les hôpitaux, avoir des médicaments et faire beaucoup d’examens. En plus de ces non-dits, les coupures d’eau et d’énergie électrique, les pannes des machines déjà en nombre très insuffisant et la pénurie en kits de dialyse constituent le lot permanent de ces malades. 

C’est un ouf de soulagement chez les malades de l’insuffisance rénale dans les villes et villages du Cameroun. La raison est simple : les malades de l’insuffisance rénale paient, depuis le 12 avril 2023, entre 10 et 15 000 FCFA par an, pour deux ou trois séances de dialyse par semaine. Selon le Dr Anicet Désiré Mintop, coordonnateur de la Couverture santé universelle (CSU), les frais de dialyse pour un patient qui fait 2 séances par semaine « passe de 480 000 FCFA par an à 15 000 FCFA ». Ce prix sera le même pour les patients qui ont droit à 3 séances de dialyse qui dépensaient autrefois 720 000 FCFA chaque année.

Théophile Ngom, chauffeur de taxi dans la ville de Yaoundé, qui fait la dialyse depuis plus de 10 ans au Centre hospitalier universitaire de Yaoundé (CHU), ne cache pas sa joie. « Vous ne pouvez pas imaginer mon soulagement ». Je dépensais chaque semaine 480 000 FCFA. Et ce n’est pas tout. Vous imaginez ce que je vais devoir payer aujourd’hui ? « 15 000 FCFA, c’est incroyable », exulte-t-il dans son véhicule. Ce père de trois enfants faisait deux séances de dialyse par semaine. Avec la CSU, il va devoir débourser 15 000 FCFA par an au lieu de 48 000 FCFA.

Cependant, Pr Gloria Ashuntantang s’inquiète de l’augmentation du nombre de malades, parce que jusqu’ ici, selon elle, la maladie n’est pas diagnostiquée dans les zones urbaines et rurales à cause du coût onéreux. « Le nombre de malades va augmenter parce que beaucoup n’arrivaient pas à faire la dialyse. » « Il y a d’autres choses qui ne sont pas incluses dans la prise en charge des malades d’insuffisance rénale », s’inquiète la néphrologue.

À l’hôpital général de Yaoundé, les malades en séance de dialyse ont exprimé leur gratitude au gouvernement de la République. Constat identique, au Centre hospitalier universitaire de Yaoundé, où la joie se lisait sur le visage des malades de l’insuffisance rénale. Malgré la baisse des coûts, des zones d’ombre demeurent. Depuis plus de 10 ans, la prise en charge des malades d’insuffisance rénale reste inadéquate et onéreuse, malgré la subvention des soins par le gouvernement.

D’après le feu Alain Njipou, malade de l’insuffisance rénale durant 9 ans, la dialyse seule ne suffit pas. « Le malade doit faire des examens chaque mois, acheter des poches de sang, parce que nous sommes constamment anémiés ». « Ils doivent avoir un régime alimentaire approprié, les frais de transport aller et retour dans les hôpitaux, il faut manger, il faut des médicaments et beaucoup d’examens », expliquait-il. En plus de ces non-dits, les coupures d’eau et d’énergie électrique, les pannes des machines déjà en nombre très insuffisant et la pénurie en kits de dialyse constituent le lot permanent de ces malades.

Pour le Pr Gloria Ashuntantang, les maladies des reins ne doivent pas être réduites à l’offre de la dialyse. « Il y a une chose  entre: avoir des centres d’hémodialyse et avoir le personnel qui va travailler là-bas. » Aujourd’hui, nous avons des centres de dialyse sans néphrologue. À Maroua, à Ngaoundéré et à Garoua, il n’y a pas de néphrologue. « En ce moment, même à Bertoua, il n’y a pas de néphrologue », regrette la néphrologue, qui, par la même occasion, demande au gouvernement de recruter les néphrologues dans ces centres. « Je saisis cette tribune pour supplier le gouvernement de voir comment on peut faire pour affecter les néphrologues dans ces centres d’hémodialyse. » « Ce n’est pas normal qu’il ait des néphrologues dans les hôpitaux de district alors qu’on a besoin des néphrologues dans les centres d’hémodialyse », conclut-elle dans une interview réalisée en 2023. Bien que la baisse des coûts soit effective, il faut miser sur la prévention.

Il faut mener une vie saine en contrôlant ce qu’on mange, en faisant des exercices physiques, en mangeant peu de sel et peu de sucre. Il faut contrôler régulièrement sa tension artérielle, éviter les prises de médicaments douteux, même ceux qu’on prétend être naturels. Le tabac, l’obésité, le VIH, détruisent les reins. Il faut faire les visites de routine pour s’assurer que tout va bien.

L’État a mis sur pied, à l’hôpital général de Yaoundé, la greffe rénale accessible. Plusieurs malades atteints d’insuffisance rénale espèrent eux aussi bénéficié d’un greffe de rein comme celle réalisée le 10 novembre 2021 à l’hôpital général de Yaoundé. Ce n’est pas chose impossible. Elles pourraient même arriver plus tôt si tout se met en règle. Le Cameroun est en avance sur ce volet-là et les pays comme le Sénégal et le Ghana se sont approchés du Cameroun pour copier leurs politiques de santé rénale à partir de notre modèle.

Elvis Serge NSAA

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