Les creuseurs de puits de Yaoundé, souvent méconnus, endossent un métier à haut risque pour assurer l’accès à l’eau, une ressource vitale. Mais derrière cette tâche essentielle se cachent des conditions de travail précaires et des dangers insoupçonnés.
Yaoundé, sous un soleil de plomb. Au cœur d’un quartier populaire, un spectacle saisissant se déroule : un homme, le corps couvert de terre, disparaît progressivement dans un trou béant. Trésor Allahto, creuseur de puits depuis une dizaine d’années, nous invite à partager son quotidien. « C’est un métier dur, très dur », confie-t-il, les traits tirés. « On travaille dans des conditions difficiles, souvent seul, avec des outils rudimentaires. La moindre erreur peut être fatale ». Et les dangers sont nombreux. Les effondrements, les blessures, les intoxications, les morsures de serpents… la liste est longue. « J’ai déjà failli me noyer dans un puits », se souvient Trésor. « Une buse s’était bloquée et l’eau montait rapidement. J’ai cru que c’était fini ». Malgré ces risques, il persiste, motivé par la nécessité d’apporter l’eau aux habitants de son quartier.
« C’est un métier ancestral, mais il est de plus en plus dangereux », explique Jean-Paul, un autre creuseur de puits. « Les nappes phréatiques s’épuisent, on doit creuser toujours plus profond. Et les terrains sont de plus en plus instables ».
Marie-Thérèse, épouse d’un creuseur, témoigne des difficultés de leur quotidien : « Mon mari travaille du matin au soir, dans la chaleur, la poussière. Il revient souvent blessé, épuisé. Et le salaire est très bas ». Les creuseurs de puits sont des héros du quotidien. Ils assurent un service essentiel à la communauté, mais ils sont souvent oubliés, voire méprisés. « On nous voit comme des bêtes de somme », déplore Trésor. « On travaille dur, mais on n’est pas reconnus à notre juste valeur ».
Il est urgent de former les creuseurs aux techniques de sécurité et de leur fournir des équipements adaptés (casques, harnais, respirateurs…). Les pouvoirs publics doivent reconnaître l’importance de ce métier et mettre en place des mesures pour améliorer le statut social et économique des creuseurs. Il faut encourager le développement de solutions alternatives, comme la réhabilitation des puits existants ou la collecte des eaux de pluie. En attendant, les creuseurs de puits continuent de travailler dans l’ombre, au péril de leur vie. Mais leur courage et leur abnégation sont une source d’inspiration pour tous.
Gisèle NDAO Stg
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