Dépression : Un tueur silencieux

Définit par l’OMS comme étant un trouble mental courant et que 5% des adultes en soufrent, au Cameroun, cette maladie peu connue, fait aussi des ravages.
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Si la maladie ou le nom de la maladie n’est pas encore suffisamment  connu, il n’empêche que beaucoup de camerounais en souffrent. C’est le cas de Vany, 26 ans, résidente à Yaoundé qui en est une miraculée. La maladie a débuté avec ses problèmes conjugaux, un conjoint absent, une grossesse compliquée, une situation financière peu favorable,  la jeune dame a vu son monde prendre un coup ; elle a sombré : manque d’appétit, manque de sommeil, manque de confiance, tentative de suicide à plusieurs reprises ; manque de tout intérêt pour la vie.  Ces signes ont alerté sa famille qui tout de suite, a engagé un suivi  spirituel,  des prières, des conseils, Vany a commencé peu à peu  à se relever et à voir la vie sous un autre aspect.

Aujourd’hui, elle commence à apprécier la vie, bien qu’elle ne se sente pas totalement guérie. Même si des cas comme Vany sont légions et montrent bien que la maladie existe au Cameroun, certaines personnes sont toujours sceptiques. C’est le cas de Rachel, 29 ans, qui pense que la dépression n’est qu’un mot emprunté aux occidentaux. Selon elle, tous ceux qui en souffrent devraient soit se tourner vers nos cultures, soit se tourner véritablement dans la prière. Car pour elle, « l’homme noir ne peut pas souffrir de dépression ». Des avis tels que celui de Rachel, sont nombreux dans notre pays et même récurrents. Les personnes souffrant de dépression sont moquées, pointées du doigt et qualifiées de fou.

Lyse Davina Nguili

Nicolas Christian Mougnol,
Psychologue clinicien et Doctorant en psychopathologie et clinique à l’Université de Yaoundé I, il revient sur les causes, les conséquences et les moyens de traitement des troubles dépressifs.

« Les conséquences de la dépression sont fonction du type de trouble dépressif »

D’entame, Qu’est-ce que la dépression ?

La dépression ou trouble dépressif est un trouble mental qui se caractérise principalement par l’humeur dépressive. C’est l’un ou le trouble mental qui touche le plus la population. Selon l’OMS 5% de la population souffre d’un trouble dépressif avec quelques différences entre les femmes et les hommes. Ce pourcentage devient plus important dans les pays en voie de développement pouvant toucher jusqu’à 20%.

Pour le cas du Cameroun une recherche parue en Janvier 2023, faite sur les femmes en périnatalité par le coordonnateur national de UNIPSY ET BIEN ÊTRE montre que 25,8% des femmes enceintes et 27,8% des femmes allaitantes souffriraient d’au moins un trouble mental dont les troubles anxio-dépressifs sont au premier rang.

Existent-ils des causent à la dépression ?

Il n’existe pas une cause principale du trouble dépressif mais on peut relever une association de plusieurs facteurs dans le trouble dépressif. On peut avoir des facteurs sociaux, psychosociaux, environnementaux, économiques, et aussi des facteurs psychologiques. Le chômage, les difficultés relationnelles, un licenciement, les différentes pressions de la vie, et même les crises identitaires, le manque d’estime de soi, le manque de confiance en soi, sont là autant de facteurs pouvant entrainer un individu à faire l’expérience du trouble dépressif

Comment peut-on savoir que l’on est dépressif ? Y a t-il des conséquences ?

Les conséquences de la dépression sont fonction du type de trouble dépressif. Il peut s’agir d’un trouble dépressif majeur ou mineur, d’une dépression aigue ou chronique dont les conséquences sont évolutives allant de la tristesse, des troubles du sommeil, la fatigue, la perte de plaisir pour les activités qui procurait auparavant du plaisir ce qu’on appelle anhédonie. Au niveau un peu plus élevé on peut avoir survenue des pensées et des idées suicidaires, un projet suicidaire et même le passage à l’acte suicidaire, donc globalement voilà en fonction de l’évolution du trouble dépressif on va noter progressivement  une décompensation et une dégradation des pensées et des idées. Comme conséquence on peut noter le repli sur soi, le dégout pour la vie, et pour les activités socioprofessionnelles pour ne citer que ceux-là.

Existent-ils des moyens de prévention et de traitement de la maladie ? Si oui, lesquelles ?

Les solutions commencent par la prévention, et qui dit prévention dit éducation, il faut apporter à la population des connaissances afin de pouvoir identifier ces symptômes et de consulter un professionnel de la santé mentale. Ensuite, il faut cultiver une bonne hygiène mentale, savoir lâcher-prise, faire des activités qui procurent du plaisir, s’entourer des personnes ressources capables de nous apporter satisfaction, pratiquer une activité sportive saine et régulière.

Bien évidemment, il faut consulter. Bien que ce soit l’un des troubles mental le plus rependu dans le monde, il faut éviter de le banaliser et ou d’en faire un effet de mode comme c’est le cas actuellement dans les réseaux sociaux au Cameroun, car ce n’est pas l’unique trouble mental. Pour ceux qui suspectent ces signes la seule solution reste de consulter, un psychologue/psychothérapeute pour une psychothérapie, ou un psychiatre pour un traitement médicamenteux (antidépresseur) qui traite uniquement les symptômes.

Vous comprenez bien qu’en cas de dépression, le psychiatre ou le psychologue n’agit pas seul, ils agissent ensembles l’un sur les symptômes et l’autre qui va plus en profondeur en agissant principalement sur les causes singulières au patient.

Interview réalisée par L.D.N

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