Didier Yimkoua : « Le nombre des rats dans nos villes est important »

0
8

C’est un écologiste que l’on ne présente plus. Il est par ailleurs le Prescripteur du Mouvement Écologie en Marche, un mouvement qui sillonne les villes et les villages pour parler des menaces qui pèsent sur notre environnement. Didier Yimkoua a observé la prolifération des souris et des rats dans les grandes villes du Cameroun, il a envoyé une alerte rouge, pour annoncer la menace qui plane. La peste, qui selon l’organisation mondiale de la santé, est une maladie qui sévit toujours de nos jours en Afrique en Asie et en Amérique. Elle fait partie des maladies actuellement ré-émergentes dans le monde. Le nombre de cas déclarés par l’OMS est en progression dans certaines régions. Nous l’avons rencontré pour mieux comprendre la situation.

Vous parlez d’une menace de la peste. C’est d’abord quoi la peste ?

Les montagnes d’immondices se multiples de jour en jour dans les grandes métropoles urbaines. Outre les épidémies classiques connues telles que le choléra, les populations sont exposées à la peste qui est une anthropo zoonose maladie commune aux hommes et aux animaux, causée par le bacille Yersinia. L’accroissement des rats dans nos villes lié aux montagnes d’ordures ménagères où ils se nourrissent devrait déjà attirer l’attention du Minsanté qui a une Direction de la santé publique et une Sous-Direction d’hygiène et salubrité dont on ne sent une action concertée pour renforcer un plan de riposte contre cette épidémie

Quels sont les signes annonciateurs de cette menace ?

La population grandissante des rats est un signe que les experts des questions de santé publique doivent décrypter. Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir ? Que prévenir vaut mieux que guérir ? Avez-vous un jour entendu le Minsanté évoquer un sujet lié à l’insalubrité dans nos grandes villes alors qu’il est très loquace ! La conférence épiscopat nationale a lancé un appel vers les populations et les décideurs de protéger l’environnement et la santé publique

Vous parlez des rats. Est-ce que vous avez une idée sur la population de ces4 bêtes ?

Personne n’est dupe, il est un truisme que le nombre des rats dans nos villes est important. Malheureusement nous n’avons pas des informations sures concernant le nombre. Plus il y a les décharges sauvages d’ordures ménagères, plus ils se nourrissent plus le nombre va croissant. Peut-être après le prochain recensement général de la population (le dernier date de 2005) on procédera celui des rongeurs.

Quelle est la responsabilité du ministère de la santé dans tout ça ?

La direction de la santé publique doit informer le ministre les risques et menaces sanitaires auxquels s’exposent les populations plongées dans l’insalubrité généralisée. Ensuite le gouvernement doit proposer un plan de riposte. Un plan de communication à travers les mass médias doit être connu. Si tel est le cas, la menace d’une épidémie peut changer la perception des membres du gouvernement impliqués dans le traitement des ordures ménagères. Ils pourront aussitôt penser à d’autres alternatives de traitement des déchets parce que la technique de collecte et enfouissement n’est plus viable.

Que peuvent les autorités sanitaires face à l’incivisme développé des citoyens ?

Il y’a deux approches complémentaires pour lutter contre l’incivisme : la sensibilisation et les sanctions. Avant d’y arriver il faut que les décideurs soient des exemples, des repères qui inspirent le respect et la peur. On ne peut envoyer les fonctionnaires soupçonnés de détournement de fonds et de corruption lutter contre l’incivisme. Cependant sans solutions utiles il sera très difficile de mettre un terme au désordre urbain

La lutte contre les rats, c’est aussi une affaire des Collectivités territoriales décentralisées ou bien ?

L’amélioration du cadre de vie est un objectif que visent les Collectivités territoriales décentralisées. Ont-elles vraiment la volonté d’aller en profondeur ? J’en doute. La pré-collecte des ordures ménagères relèvent de la compétence des communes d’arrondissement dans les villes comme Yaoundé, Douala. Ces villes sont paradoxalement de gigantesques poubelles. On peut conclure qu’elles n’ont pas de solution adéquate pour lutter contre l’insalubrité et les rats. D’ailleurs sont-elles assez sensibilisées ?

Comment faire selon vous pour lutter efficacement contre la prolifération des rats dans nos villes ?

Pour lutter contre l’envahissement des rats dans les grandes agglomérations il faut supprimer les sources de leur nourriture. Il faut nettoyer les villes. Il est clair que l’accroissement de la population, l’occupation anarchique des sols complexifient le traitement des ordures ménagères qui se limite à la collecte et l’enfouissement. Nous suggérons au Président de la République de créer une Agence Nationale de Contrôle, Suivi de la Gestion des Déchets qui doit bénéficier d’une autonomie financière, cette entité doit promouvoir le pôle valorisation (compost, pyrolyse du plastique qui produit le carburant) et le pôle formation. Nous suggérons que le budget de traitement des ordures ménagères soit retiré au Minhdu et reversé à l’Agence

A part la peste, quelle autre maladie est véhiculée par ces rongeurs ?

Le lexiviat, jus noir qui percole des déchets contamine les ressources en eau, cette eau polluée est la cause des maladies hydriques comme le choléra, les odeurs peuvent entraîner des infections pulmonaires, respiratoires, les maux des yeux. Le brûlage des ordures ménagères laisse échapper les fumées toxiques qui sont chargées des gaz cancérigènes tels que les dioxines et les furanes. Les cendres contiennent les métaux lourds qui sont très nocifs pour les sols. Le brûlage des déchets plastiques libère des substances neurotoxiques, des substances chimiques qui réduisent le Quotient intellectuel (QI) et engendre l’infertilité chez les jeunes.

Entretien mené par Alphonse Jènè

Leave a reply

ECHOS SANTE

GRATUIT
VOIR