District de santé d’Abong-Mbang L’ONG-FAIR-MED offre 1000 chèques santé aux femmes socialement vulnérables
Ce projet qui s’étend sur 4 ans vise à améliorer l’accès aux soins et la qualité des services de santé maternelle et néonatale aux populations socialement vulnérables, renforcer les capacités des communautés Baka et des personnes en situation de handicap pour une santé inclusive et enfin, renforcer la lutte contre les maladies tropicales négligées cutanées.
Le sous-préfet de l’arrondissement d’Abong-Mbang, représenté par Fotso Yves Michel en collaboration avec le coordonnateur pays de l’ONG FAIRMED-Cameroun, Ferdinand Mou, a présidé la cérémonie officielle de lancement du projet « Maâgnike-ko », dans le district de santé d’Abong-Mbang, région de l’Est, le 22 août 2024.
Les peuples autochtones et non-autochtones du district de santé d’Abong-Mbang font face à des défis sanitaires impactant ainsi leur qualité de vie dans divers domaines. Plus d’un an après le lancement de la phase 1, de la Couverture santé universelle, rien de nouveau sous le soleil pour ces populations socialement vulnérables de la région du soleil Levant. Malgré la gratuité des soins et les coûts réduits notamment le chèque santé, l’itinéraire thérapeutique des femmes enceintes demeure un problème de santé publique dans le district de santé d’Abong-Mbang.
Afin de combler le fossé existant entre les populations autochtones et non-autochtones en matière d’accès aux soins de santé de qualité, l’ONG FAIRMED, en collaboration avec le district de santé d’Abong-Mbang a lancé officiellement le projet « Maâgnike-ko », projet d’amélioration de la santé des populations socialement vulnérables dans le district de santé d’Abong-Mbang, ce 22 août 2024, dans la région de l’Est-Cameroun.
Ce projet qui s’étend sur 4 ans vise à contribuer à l’amélioration de la santé des populations socialement vulnérables du district de santé d’Abong-Mbang en mettant l’accent sur les peuples autochtones Baka. Ce projet a pour objectifs d’améliorer l’accès aux soins et la qualité des services de santé maternelle et néonatale pour les populations socialement vulnérables ; renforcer les capacités des communautés Baka et des organisations des personnes en situation de handicap pour une santé inclusive et renforcer la lutte contre les maladies tropicales négligées cutanées.
Cette cérémonie a réuni les partenaires institutionnelles et des acteurs locaux, ainsi que les membres de la communauté. Le projet est intitulé « Magnike-ko » qui veut dire chasser la maladie en langue Baka. C’est un projet qui intervient pour les communautés socialement vulnérables sans laisser de côté les peuples autochtones Baka. « Ce projet « Maâgnike-ko », pourra impacter de manière positive les communautés BAKA dans le processus que le gouvernement a mis sur pied, le Chèque santé. Déjà, la communauté Baka va pouvoir accompagner mes frères Baka, qui rencontrent déjà des difficultés pour pouvoir bénéficier des soins de qualité. Le projet va appuyer le système du gouvernement pour pouvoir mettre sur pied le chèque santé à la portée des communautés », explique Henry Yendjo, bénéficiaire de la communauté Baka.
Les difficultés pour les personnes vulnérables pour accéder aux soins de santé sont les barrières géographiques parce que ces personnes habitent généralement dans la périphérie et sont assez éloignées des formations sanitaires, en plus des difficultés financières. Les maladies majeures chez ces populations sont celles qui sont courantes dans la population générale : le paludisme, la rougeole et autres, mais beaucoup plus chez ces populations spécifiquement, on observe des maladies tropicales négligées à expression cutanée, parce que ce sont des populations qui vivent souvent dans des conditions d’hygiène souvent insuffisantes. « Effectivement, ce projet va les aider parce qu’en tant que staff, nous allons multiplier les sensibilisations auprès de nos communautés pour qu’ils puissent au moins venir constamment dans les centres de formation sanitaire », ajoute Henry Yenjo.
Le projet « Maâgnike-ko », initié par l’ONG FAIRMED accompagne le ministère de la Santé Publique à travers des interventions précises parmi lesquelles la surveillance communautaire des maladies tropicales négligées à expression cutanée, l’assistance à l’accès aux services de santé maternelle et néonatale par l’achat de chèque santé pour les populations socialement vulnérables. « Le projet vient en droite ligne renforcer la Couverture santé universelle à travers le chèque santé. Nous avons dans le district encore un tiers des femmes qui n’arrivent pas, malgré les efforts des pouvoirs publics, à accéder à ce chèque santé. Donc le projet vient maintenant pour acheter les chèques santé pour ces femmes et renforcer la sensibilisation pour qu’aucune de ces femmes ne soit laissée derrière, pour qu’elles puissent bénéficier du projet chèque santé », explique le chef de District de Sante d’Abong Mbang.
D’après le Dr Essono Mebouinz Joseph, « le district attend en moyenne environ 4000 femmes par an en consultation prénatale, mais on a observé que nous couvrons en moyenne 2800 femmes. Vous voyez donc qu’il y a un gap d’environ 40 % des femmes qui ont un autre itinéraire thérapeutique, et parce qu’elles ont ces limites qui sont géographiques, qui sont les distances, et qui sont surtout financières. Le projet Cheque Santé vient donc essayer d’enrayer cette limite pour pouvoir augmenter la demande. Mais 6 000 F, ça reste toujours important pour certaines de ces femmes. L’ONG FAI-MED vient donc avec ce projet pour renforcer cette intervention du ministère de la Santé Publique, c’est-à-dire acheter les chèques santé pour les femmes qui ne sont pas capables de le faire », confirme-t-il. Briser le cercle vicieux de la pauvreté et de la maladie est leur leitmotiv. FAIRMED développe des projets avec les communautés concernées et en partenariat avec les autorités et organisations locales actives dans les domaines relevant du mandat. FAIRMED donne aux personnes défavorisées les moyens de revendiquer le droit fondamental à la santé.
Elvis Serge NSAA
« Le projet va accompagner le ministère de la Santé publique dans la mise en œuvre de la Couverture santé universelle en achetant les chèques santé pour les femmes vulnérables »
Nous trois objectifs principaux pour le projet « Maâgnike-ko » : La première, c’est de renforcer la surveillance intégrée des maladies tropicales négligées à expression cutanée, la deuxième, comme le chef de district vous l’a bien dit, c’est de renforcer l’accès aux soins des services de santé maternelles et néonatales ; la troisième, c’est de capaciter les communautés Baka qui sont une cible spéciale et aussi les personnes handicapées à travers les associations des personnes handicapées.
Premièrement, qu’ils sachent que la constitution leurs donnent comme droit, les conventions internationales leurs donnent comme droit et aussi leur devoirs. Il faut qu’ils prennent leur vie en main et qu’ils puissent défendre leur culture, défendre leur accès aux soins, pouvoir aller vers les services compétents pour dire voici ce que la loi dit, nous faisons partie de la communauté entière. Voilà un peu les objectifs.
Les cibles sont les femmes enceintes, les personnes touchées par les maladies tropicales négligées à expression cutanée ; c’est la communauté Baka, c’est les indigents, c’est ceux qui ont la lèpre, s’il faut être précis avec les maladies tropicales négligées, l’ulcère de buruli, le pian, la gale, etc. Donc voilà un peu les cibles du projet.
Il y a plusieurs stratégies. La première, c’est le renforcement des capacités des acteurs, non seulement du personnel de santé, mais également des communautés Baka et également des agents de santé communautaires, donc tout ce qui va accompagner la mise en œuvre du projet. Nous allons renforcer leur capacité.
La deuxième, c’est l’éducation. Il faut éduquer et sensibiliser en utilisant les organes appropriés à travers les communautés et les églises, les agents de santé communautaires. En dehors de la sensibilisation, il y a la prise en charge, et les maladies tropicales négligées, surtout à expression cutanée, coûtent cher et prennent énormément de temps pour guérir. On va mettre à la disposition du District de santé les consommables et les médicaments. Il faut aussi dire qu’il y a des médicaments que le gouvernement met en place, comme les médicaments spécifiques, l’ulcère de Buruli ou la lèpre, mais il y a d’autres médicaments qui ne sont pas disponibles et que le projet va accompagner le ministère en mettant à leur disposition ces médicaments-là.
En ce qui concerne l’objectif 2 qui est de renforcer l’accès aux soins de santé maternelle et néonatale, nous allons accompagner le ministère de la Santé publique dans la mise en œuvre de la Couverture santé universelle en achetant les chèques santé pour les personnes vulnérables, les femmes vulnérables. Pour cette année, nous pouvons prendre en charge 1000 femmes enceintes et dans le district de santé d’Abong Mbang, il faut dire que le challenge revient au personnel de santé, à la communauté de mobiliser ces femmes là ; parce que, comme je vous ai dit, le district de santé d’Abong Mbang est enclavé ; et atteindre ceux qui sont laissés pour compte est un challenge. L’année prochaine, si le nombre de femmes vulnérables enceintes augmente, nous allons faire l’effort pour mettre à disposition les chèques santé pour que ces femmes bénéficient des soins de qualité.
Propos recueillis par Charone DONGMO Stg
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