Drogue 21% de la population scolaire camerounaise en consomme

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Au moins 4 à 5 cas de consommation de drogue sont enregistrés à chaque  consultation psychiatrique sur des personnes dont l’âge est compris entre 15 et 45 ans. Selon les statistiques du Comité National de Lutte Contre la Drogue(CNLD) au Cameroun,  12000 jeunes entre 13 et 15 ans en âge scolaire ont déjà consommé de la drogue. Son addiction mène à des troubles mentaux  et de nombreuses maladies chez les  consommateurs

 

La consommation de drogue est devenue un véritable problème de santé publique au Cameroun. Les jeunes, les adultes, les adolescents en sont les principales cibles : «  Nous devons signaler que à chaque consultation nous avons au moins 4 à 5 cas de consommation de drogue et des personnes dont l’âge est compris entre 15 et 45 ans », explique la psychiatre praticienne Dr Laure MENGUEGNE, sous- directeur de la santé mentale au ministère de la santé publique.

Dans le milieu jeune  cette drogue est connue sous différentes formes et appellations de sorte que,  les artistes camerounais de cette tranches d’âge spécialisés dans un style musical appelé «  Mbolé » les ont cité. « Pour le Kior, pour le kior, pour  le mbanga, la taille, la cocaïne, la graine, la miette, la netophytamyyne, la marijuana même le kaoulo, le gué, le tramol, le tramalizatol, le redantol, le fanatol je peux vendre tout le state pour le kior… ». Un extrait de chanson qui présente le profond malaise de la jeunesse face à la consommation de stupéfiants.

Sur le plan physique, cette addiction  alarmante expose ces consommateurs de drogues  à de nombreuses maladies comme l’infection à des maladies telles que l’hépatite, le VIH, les infections sexuellement transmissibles,  les problèmes ORL, des problèmes pulmonaires, cardiaque, hépatique et le cancer.

Sur le plan social quelques-unes des conséquences directes liées à la consommation des stupéfiants sont : les meurtres, les viols, les assassinats,  l’école buissonnière chez les jeunes, la baisse du rendement scolaire, les abandons scolaires.

Sur le plan économique, nous avons le chômage, la pauvreté ; le sous-développement et l’absentéisme parce que ces personnes ont des difficultés à travailler.

Il est à noter que sur le plan mental, la consommation de drogue peut entrainer des troubles anxieux, des troubles psychotiques, des troubles de l’humeur avec dépression excès maniaque. ÇA peut également entrainer de l’addiction, avec au bout, la mort de l’individu.

Des problèmes familiaux, conjugaux, professionnels,  les médias sociaux sont pour plusieurs cas, à l’ origine de cette prise de stupéfiants explique le Dr MENGUEGNE. L’experte indique que, l’on est fortement prédisposée à l’usage de la drogue lorsque l’on a une baisse des valeurs, des normes et des principes de  vie. Elle préconise par ailleurs   que l’on essaye de savoir ce qu’est un principe, une valeur,  ou normes de la vie afin d’inculquer cela aux consommateurs de drogue pour qu’ils reprennent confiance en eux. Les parents doivent être présents dans la vie de leurs enfants, être à l’écoute et surtout être les premiers à leur parler de drogue.

Pour sa part, le gouvernement a  mis à  disposition, des contacts des organisations qui pourraient aider à combattre ce phénomène notamment le Comité National de Lutte contre la Drogue(CNLD), le Centre de Désintoxication et de Réinsertion Sociale(CDRS).

Audray NDENGUE Stg

 

 

Dr Laure Menguene Mviena

« La consommation de la drogue au Cameroun est un problème de santé publique qui touche les adolescents, les jeunes et les adultes »

Selon la psychiatre et sous-directeur de la santé mentale au ministère de la Santé publique, dans le cadre de la prévention de la consommation de la drogue au Cameroun, il faudrait que l’on remette les valeurs, les normes, les principes, les règles comme priorité dans l’éducation des adolescents, des jeunes et des adultes. Le gouvernement devrait également favoriser le développement des compétences intellectuelles ou cognitives, physiques, émotionnelles et comportementales.

Pourriez-vous nous dresser un bref État des lieux de la situation de la drogue au Cameroun ?

En tant que psychiatre praticienne, nous devons signaler qu’à chaque consultation, nous avons au moins 4 à 5 cas de consommation de drogue, des personnes dont l’âge est compris entre 15 et 45 ans. Donc, nous avons les adolescents et les adultes qui viennent pour cette consommation de drogue. Nous pouvons dire que la situation est préoccupante parce que nous avons de plus en plus de cas d’agressivité et de violence, de meurtre et de crime, de viol qui défraient la chronique et où la consommation des drogues revient toujours comme l’un des facteurs un peu contributifs. Donc la consommation de la drogue est associée à ces actes-là. Nous sommes en droit de penser que c’est déjà un problème de santé publique, sans compter des femmes qui consultent pour violence conjugale, avec à la clé la consommation de la drogue par le conjoint. C’est ce qui nous réconforte dans notre idée, selon laquelle la consommation de la drogue au Cameroun est un problème de santé publique qui touche les adolescents, les jeunes et les adultes.

Quels sont les types de drogues les plus couramment consommés ?

Les types de drogues rencontrés au Cameroun sont essentiellement : l’alcool, le tabac, le cannabis avec tous les mots qui peuvent désigner la forme de ce cannabis-là : nous avons le tramol, le tramadol, nous avons le solvant les inhalants, nous avons les LS D, nous avons la cocaïne, l’héroïne, un peu plus rarement. En termes de drogue, nous avons aussi des cas d’addiction à la benzodiazépine, les tranquillisants.

Quelles sont les populations les plus touchées par la consommation de drogues ?

Les populations les plus touchées sont essentiellement les adolescents, les jeunes et les adultes.

Quelles sont les principales conséquences de la consommation de drogues sur les individus et la société ?

Quand on parle de consommation de drogue, c’est d’abord l’alcool, le tabac, le cannabis, les solvants, les inhalants et autres. Sur le plan individuel, nous avons au niveau de la santé physique l’infection à des maladies telles que l’hépatite, le VIH, les infections sexuellement transmissibles. Nous avons les problèmes ORL, les problèmes pulmonaires, cardiaques, hépatiques et autres. Et dans une grande mesure, un état d’immunodépression. Cet état d’immunodépression sur le plan physique peut vous faire développer toutes les maladies, jusqu’au cas de cancer.

Sur le plan mental, la consommation de drogue peut entrainer des troubles anxieux, des troubles psychotiques, des troubles de l’humeur avec dépression et l’excès maniaque. Cela peut également entrainer l’addiction, avec au bout la mort de l’individu. Les causes physiques peuvent également entrainer des décès. Sur le plan légal, nous avons des actes de violences. Nous pouvons mettre aussi ces problèmes légaux dans les meurtres, les viols, les assassinats et toutes les formes de violences et les conséquences.

Sur le plan social, les jeunes font l’école buissonnière, nous constatons la baisse du rendement scolaire et les abandons scolaires. En plus, nous avons la stigmatisation et la marginalisation des jeunes. Et enfin, sur le plan économique, nous avons le chômage et la pauvreté. Sur le plan social, nous avons le sous-développement et l’absentéisme.

Quel est le thème de la Journée mondiale de la drogue de cette année ?

Le thème de cette journée, c’est : « Les faits sont clairs, investissez dans la prévention ! ».

Comment ce thème se traduit-il concrètement au Cameroun ?

Le ministère de la Santé publique, à travers la Direction de la promotion de la santé, a choisi également de se focaliser sur la sensibilisation. C’est la sensibilisation par les médias, dans les centres multifonctionnels des jeunes et dans les associations. C’est également des formations au training sur la prévention en matière de consommation de drogue. Il y a également la sensibilisation dans les centres de prise en charge en addictologie. …

Quelles sont les actions prévues pour marquer cette journée au Cameroun ?

À l’endroit des jeunes, d’abord, il faudrait savoir que la drogue se nourrit du mal-être, de la maladie mentale. Et c’est important aujourd’hui pour s’en sortir d’être rempli d’éléments qui nous permettent d’affronter les difficultés parce qu’il faut savoir que les difficultés font partie de la vie, mais de plus en plus l’on a du mal à affronter ces difficultés parce que justement l’on est dans un état de mal-être à cause des problèmes familiaux, conjugaux, professionnels, sociaux, et même à cause des médias.

La prévention aujourd’hui est une science. Il y a la science de la prévention, où il a été démontré à travers des recherches qu’une population chez qui on observe une baisse des valeurs, des normes, des principes de la vie est fortement prédisposée à l’usage de drogue. Donc, à l’attention des jeunes, il y a une urgence de remettre en priorité les valeurs, les normes, les principes.

Comment est-ce qu’on peut le faire ?

On peut le faire à travers les lectures. On a des téléphones, on a Google. Qu’on essaye de savoir ce qu’est qu’un principe, des valeurs, des normes de la vie, à savoir l’amour, l’empathie, l’entraide, la solidarité, l’honnêteté, la justice, le respect, la tolérance, le travail, la politesse, la pudeur, la générosité et le pardon. Tous ces éléments vont nous permettre de vivre en harmonie avec nos semblables, notre entourage et de résoudre sereinement les problèmes. Il faudrait que nous soyons des modèles pour la jeunesse. Ce que l’on veut retrouver chez quelqu’un, rencontrer chez quelqu’un ce que l’on admire chez l’autre, il faudrait que nous-mêmes nous le fassions.

Les jeunes doivent mettre l’amour au centre de leur existence. L’amour de soi, l’amour de l’autre, l’amour de notre beau pays, le Cameroun, parce que l’amour ici veut simplement dire bonne communication, bonne interaction, solidarité, prendre soin de soi et de l’autre. Cet amour qui mène d’emblée l’individu dans un état de bien-être qui le protège de cette consommation de la drogue parce que peut-être vous ne savez pas que la drogue est une substance naturelle ou artificielle qui modifie le fonctionnement du cerveau et qui vous donne deux à dix fois plus de plaisir que tout ce qui nous donne du plaisir. Manger nous donne du plaisir. Imaginer quelque chose qui nous donne deux à dix fois plus de plaisir. La sexualité nous donne beaucoup de plaisir, imaginez donc quelque chose qui nous donne deux à dix fois plus de plaisir.

Il est important que les uns et les autres respectent les valeurs, les normes et les principes de la société, parce qu’on est des modèles, parce qu’on met l’amour au centre de notre existence. L’individu se retrouve dans un état de bien-être naturel au point où il n’a plus besoin d’aller chercher cette substance qui lui donne deux à dix fois plus de plaisir. Aux jeunes, respect des valeurs dans le mode de fonctionnement au quotidien, respect des valeurs, principes, règles de vie sur le plan social, être des modèles et mettre l’amour au centre de notre existence. Dans le cadre de la prévention de la consommation de la drogue au Cameroun, il faudrait que l’on remette les valeurs, les normes, les principes, les règles comme priorité dans l’éducation des adolescents, des jeunes et des adultes. Le gouvernement devrait également favoriser le développement des compétences intellectuelles ou cognitives, physiques, émotionnelles et comportementales.

Quel message voudriez-vous adresser à la population camerounaise à l’occasion de cette journée ?

Chacun a sa part de responsabilité dans la survenue et la pérennisation de problèmes de consommation de drogue dans la société. Le jeune, l’enfant, c’est un être vide. C’est la société tout entière qui forme l’enfant. Quand on parle de société, c’est la famille, l’école, le milieu professionnel, la société et les médias. Et pour qu’il soit un être qui vit sereinement dans un milieu où règne le bien-être, il faut qu’on lui inculque des principes, des règles et des valeurs.

Mais si nous sommes dans une société comme la nôtre, où il y a disparition de ces valeurs, normes, principes, règles de vie à tous les niveaux, l’individu se trouve dans un état de mal-être à tous les niveaux et il court le risque de faire recours aux substances qui lui donnent deux à dix fois plus de plaisir.

Quel que soit ton titre, ton rang dans la société, il faut intégrer dans ton mode de fonctionnement les valeurs, les règles, les normes, les principes de vie en société.

Il faut mettre l’amour au centre de notre existence, quel que soit le titre, le grade que l’on occupe dans la société. L’amour qui veut simplement dire bonne communication, bonne interaction, solidarité, prendre soin de soi et de l’autre. C’est avec ces éléments-là que nous pourrons faire face à cette problématique. Nous pouvons aussi mettre l’accent sur le développement en termes de prévention du développement cognitif, affectif, physique, émotionnel et comportemental de nos enfants.

Il faut investir dans la jeunesse, parce que, lorsque le jeune est vulnérable, il y a le risque de consommation de drogue. Il est important pour les femmes enceintes de bien suivre leur consultation prénatale. Pour les femmes enceintes, il faut une bonne communication, une bonne connexion émotionnelle avec les enfants, afin d’établir ce sentiment d’attache qui va faire en sorte que cet enfant se sente fort prêt à affronter les difficultés de la vie quotidienne : il faut l’allaitement maternel, voilà ça, c’est de façon pratico-pratique.

Propos recueillis par Elvis Serge NSAA et Audray NDENGUE Stg

Dr Laure Menguene, psychiatre sous-directeur de la santé mentale au ministère de la santé publique

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