D’après le Dr Nicole Fouda Mbarga, Médecin de Santé Publique, Présidente WGH Cameroun, malgré la forte présence des femmes dans le secteur de la santé (<73%), aucune femme n’est à la tête d’un hôpital de référence ou central au Cameroun. Sur 10 délégués régionaux, seule 02 sont des femmes. 80% des hauts responsables au Minant sont des hommes. Les femmes sont majoritaires au niveau opérationnel. Elles représentent moins de 20% au niveau stratégique ce qui dénote une discrimination.
Idéalement, les femmes et les hommes, les garçons et les filles devraient jouir des mêmes droits aux opportunités, aux connaissances, aux choix, aux capacités, au pouvoir et aux privilèges. Cependant, l’atteinte des normes les plus élevées en matière d’égalité de genres et d’autonomisation des femmes et des filles est l’un des plus grands défis en matière de droits humains de notre époque.
En 1996 à Beijing en Chine, plusieurs Etats dont le Cameroun se sont engagés pour accélérer l’autonomisation des femmes et des filles à travers plusieurs axes d’interventions. En 1997, le Chef de l’Etat, Son Excellence M. Paul Biya, lors de son discours de campagne électoral s’est également engagé à promouvoir l’égalité des genres. Bien que des efforts aient été faits au Cameroun pour améliorer l’égalité des genres, un quart de siècle après, le pays se classe toujours mal en raison de normes liées au genre dans la communauté, de la répartition des rôles et de la discrimination. Selon le Pr Viviane Biwole, il s’agit d’un coup d’état sexué qui se manifeste par l’invisibilité des femmes leaders au Cameroun.
La pandémie de Covid19 qui menace le monde depuis 2020 a énormément contribué à un scénario de régression de l’égalité des genres dans le monde, avec un fardeau porté de manière disproportionnée par les femmes et les filles. Au niveau national, les femmes participent moins aux forums décisionnels, aux activités génératrices de revenus et même aux activités récréatives. Au Cameroun, les femmes sont encore sous-représentées dans divers secteurs. Dans le secteur de la santé, les femmes sont majoritaires (> 73%) mais ont moins de visibilité au niveau stratégique (< 27%). La majorité des conseillers techniques, directeurs et responsables de programmes au ministère de la Santé sont des hommes. Sur 10 délégués régionaux, seules 02 sont des femmes. Aucune femme n’est à la tête d’un hôpital de référence ou d’un hôpital central, au Cameroun. Les femmes sont majoritaires au niveau opérationnel. Au sein du leadership féminin en santé au Cameroun, certains corps de métiers de la santé (infirmières, sages-femmes etc) sont sous-représentés et invisibles, ce qui dénote une discrimination.
De plus, plusieurs indicateurs de la santé des femmes, notamment la mortalité maternelle sont également alarmants. Les violences basées sur le genre (VBG) se sont accrues en contexte de Covid-19. Les conflits affectant certaines régions du Cameroun ont aggravé cette situation et cela a encore exacerbé les écarts entre les deux genres. L’égalité de genres est pourtant un droit humain fondamental et un impératif pour construire la paix et soutenir le développement. L’égalité des genres s’inscrit d’ailleurs, dans les objectifs de développement durable (ODD) de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Il incombe à l’Etat, à la société civile, aux autres organisations et à tout un chacun, de contribuer à l’atteinte de ces objectifs. Au-delà des engagements, il est temps de passer à l’action.
Fondé en 2015 aux États-Unis d’Amérique, Women in Global Health (WGH) est le plus grand réseau de femmes et d’alliés qui militent pour une répartition équitable du pouvoir et des privilèges pour l’égalité des genres en matière de santé. WGH a une pléthore de sections nationales dans le monde et une forte présence en Afrique. Au Cameroun, le mouvement a été lancé en 2019 avec le soutien du Higher Women Consortium et d’autres alliés influents. WGH Cameroun se positionne comme un acteur de leadership transformationnel pour les femmes et les filles au Cameroun. WGH Cameroun vise à contribuer à la création d’environnements propices à l’égalité des sexes en santé mondiale et à soutenir l’autonomisation des femmes et des filles au Cameroun, en particulier dans le domaine de la santé.
WGH Cameroun entend contribuer à une dynamique vers l’égalité des genres, en contribuant à la compréhension de l’égalité et de la parité des genres et en plaidant pour un leadership transformateur de genres. WGH Cameroun favorise également le renforcement des capacités et des compétences des femmes professionnelles de la santé pour faire face aux défis des femmes ainsi qu’à accroitre la visibilité des activités menées par les femmes. WGH Cameroun concourt à l’autonomisation des femmes et des filles à travers le pays en mettant l’accent sur les zones géographiques défavorisées et les plus vulnérables.
Nous appelons donc les hommes, les femmes, les partenaires des secteurs publiques et privés à bien vouloir soutenir nos activités pour contribuer à l’autonomisation des filles et des femmes pour un développement durable, de notre nation.