Garoua : La campagne « Vacances sans Sida » atteint 46 184 jeunes

Malgré les intempéries, les pairs éducateurs de Garoua poursuivent leur mission de sensibilisation auprès des jeunes, avec des résultats encourageants. Lancées il y a 16 jours, les activités de la campagne «  Vacances sans Sida » ont déjà permis de sensibiliser plus de 46 000 jeunes sur le VIH/Sida, l’hépatite et la couverture santé universelle.

Accueil des jeunes pour le dépistage

Cela fait déjà 16 jours que les activités des Vacances sans Sida sont lancées dans la ville de Garoua. Le groupe technique régional de lutte contre le Sida dans le Nord n’a ménagé aucun effort pour former et équiper les pairs éducateurs, recrutés pour ces activités. Dès le 5 août dernier, ils ont été déployés sur le terrain. Au total, 66 pairs éducateurs sont allés à la rencontre de leurs semblables pour leur parler des dangers du VIH/Sida et de comment l’éviter. Le message ne se limite pas à ce niveau. La sensibilisation contre l’hépatite est également inscrite dans le programme des activités, associée à l’explication de la couverture santé universelle. La sensibilisation porte donc sur trois aspects : le VIH/Sida, l’hépatite et la couverture santé universelle. Toutes les périphéries de la ville de Garoua sont inondées par les pairs éducateurs.

Sur le terrain, en dehors des campagnes de sensibilisation, figurent aussi des campagnes de dépistage, des causeries éducatives et des entretiens avec les jeunes. Les différentes campagnes de sensibilisation ont reçu l’approbation et l’attention des jeunes. « La majorité des jeunes que nous avons rencontrés ont collaboré avec nous. Ils sont réceptifs à la sensibilisation et à la démonstration du port correct et systématique des préservatifs », témoignait Salihou, pair éducateur. La distribution des préservatifs demeure aussi un point très sollicité et apprécié par les jeunes. « Nous avons remarqué que la majorité des jeunes s’intéressent beaucoup plus au préservatif », rapportait à nouveau Salihou, pair éducateur. Cette réaction fait remarquer que 80 % des jeunes rencontrés sont sexuellement actifs, une tranche d’âge qui donne raison aux statistiques nationales qui font d’eux la cible la plus touchée du VIH/Sida. Les statistiques révèlent que la tranche d’âge concernée est comprise entre 15 et 24 ans.

Les données actuelles rassurent.

Les activités des Vacances sans Sida portent déjà les fruits avant même que l’activité n’arrive à son terme. 17 320 jeunes ont été sensibilisés sur le VIH/Sida, soit 9 975 garçons et 7 345 filles. Pour ce qui est de l’hépatite, les rapports indiquent que 15 680 jeunes ont été sensibilisés et 13 184 concernant la couverture santé universelle.

L’activité va se poursuivre jusqu’à la veille de la rentrée scolaire et à ce rythme, les objectifs escomptés pourraient être atteints. Les pairs éducateurs jouent pleinement leur rôle malgré les intempéries qui viennent perturber les rendez-vous auprès des personnes qui sollicitent des causeries éducatives ou encore des entretiens. Une autre difficulté qui s’ajoute est celle du refus de collaboration entre les jeunes et les pairs éducateurs. Dans le fond, c’est toujours la honte qui les hante. Une attitude qui laisse croire que le VIH/Sida reste une maladie encore taboue dans la région. La perception de la chose conduit les personnes vivant avec le VIH à s’isoler, vivant ainsi dans la stigmatisation. Pourtant, la conception et l’accompagnement médical au sujet de la maladie ont évolué.

Marcus DARE

Réaction 1

« Et les préservatifs que nous donnons aux pairs éducateurs ne suffisent pas. »

Abdou Hassana Gnida, Point Focal régional vacances sans Sida

Actuellement, nous avons 66 pairs éducateurs sur le terrain. Ils sont déployés dans leurs quartiers respectifs pour limiter les frais de déplacement. Dans leurs quartiers, ils travaillent par équipe et chaque équipe est constituée de 5 à 7 personnes. Il y a 2 superviseurs qui couvrent l’ensemble des équipes. Présentement, nous avions constitué 9 équipes qui sont déployées dans toute la ville de Garoua. Chaque jour, les pairs éducateurs ont un point de rencontre avant de se déployer sur le terrain. Ils sont munis de la documentation leur permettant de recenser le nombre de personnes sensibilisées. À la fin de la journée, les superviseurs collectent les fiches auprès de chaque pair éducateur. Un pair éducateur doit sensibiliser au minimum 40 personnes. Les superviseurs font la synthèse des données, rédigent les rapports journaliers liés aux activités de terrain et les envoient au GTR-Sida.

Les difficultés que les pairs éducateurs rencontrent sont entre autres les cas de refus. Certains jeunes demandent des intrants, c’est-à-dire des préservatifs. Et les préservatifs que nous donnons aux pairs éducateurs ne suffisent pas. Les jeunes souhaitent souvent recevoir des préservatifs à l’issue des séances de sensibilisation. Enfin, les intempéries perturbent les activités. Pendant les sensibilisations, les pluies viennent souvent tout interrompre.

Réaction 2

Dr Malama, Coordonnateur GTR-Sida Nord

«Les sensibilisations sont faites par les jeunes, les informations, l’éducation et la communication pour le changement des comportements sont partagées »

Vacances sans Sida est l’une des activités phares du Ministère de la Santé publique qui vise à atteindre les objectifs liés à la réduction du VIH, avec pour ambition ultime d’éliminer le VIH à l’horizon 2030. Nous ciblons particulièrement la jeunesse car elle est la population la plus touchée par cette épidémie.

Cette année, la 22ème édition de Vacances sans Sida est placée sous le thème : « Non aux déviances et à la dépravation des mœurs, oui à un avenir sans Sida ». En effet, le VIH-Sida a tendance à toucher de plus en plus jeunes, notamment les 15-24 ans. Le Ministère de la Santé publique a donc jugé pertinent de former cette tranche d’âge afin qu’elle puisse à son tour sensibiliser ses pairs.

Plusieurs activités sont organisées dans le cadre de Vacances sans Sida. Les jeunes eux-mêmes sont impliqués dans les actions de sensibilisation et partagent des informations pour promouvoir des comportements plus sûrs. Nous proposons également des dépistages gratuits du VIH et de l’hépatite, conformément à la politique nationale d’élimination de ces maladies. Ces dépistages sont réalisés par des équipes spécialisées.

À ce jour, nous avons atteint environ 60% de nos objectifs en termes de sensibilisation et de dépistage. Il est intéressant de noter que le dépistage de l’hépatite est particulièrement demandé par la population. Avec encore 10 jours devant nous, nous sommes confiants de largement atteindre tous nos objectifs.

Propos recueillis par Marcus Dare

Lire aussi : Côte d’Ivoire : Deux faux Viagra « naturels » interdits à la vente.