Il devient de plus en plus difficile pour les populations du village Ngambé de se soigner. Le seul hôpital de district de cette localité est dans un piteux état ne pouvant permettre une prise en charge efficace et efficiente des patients et des malades.
Ngambè est le chef-lieu de l’Arrondissement éponyme dans le Département de la Sanaga maritime. Dans cette localité, les populations peinent à recevoir des soins de santé de qualité. La raison étant que l’hôpital de District de Ngambé présente un état de délabrement avancé qui inquiète de plus en plus les patients et les malades. Cette infrastructure sanitaire manque pratiquement de tout. Entre le manque de personnel soignant, de lits d’hospitalisation, de service de radiologie comme de réanimation inexistant, le mal est profond. Les femmes enceintes semblent abandonnées au quotidien. Le bâtiment qui sert de maternité est fermé depuis des lustres. Une situation embarrassante et difficile à digérer par les populations. « Les soins que nous recevons sont des soins primaires. Si le cas est grave, tu es obligé d’aller dans une structure plus expérimentée et équipée. L’hôpital de District de Ngambè n’est pas équipé. Nous appelons le mlinistre de la Santé publique à équiper notre hôpital qui se meurt. Nous voulons une présence effective du personnel de santé », a souhaité M. Nguimbous Samuel.
Avant de poursuivre : « l’hôpital de District de Ngambé n’a pas de morgue. Le bâtiment construit est là. Mais, ce n’est pas opérationnel. Quand nous avons un corps, nous sommes obligés de l’amener à Pouma. Quand nous trouvons que c’est plein à ce niveau, nous continuons à Edéa et parfois Douala cela est très couteux pour nous. Il faut que le Minsanté descende sur le terrain pour évaluer la situation. Il faut même un suivi-évaluation qui doit intervenir pour qu’on essaye de voir pourquoi cet hôpital est abandonné ». Un cri d’alerte des populations de Ngambè qui nous plonge au cœur d’un hôpital de District abandonné et non fonctionnel. Le bâtiment de la morgue, construit et ouvert depuis plus de 17 ans, n’a jamais fonctionné. Alors que depuis son arrivée en 2009, Dr Aimé Daniel Mbang, Directeur de l’hôpital de District de Ngambè a essayé de faire le diagnostic approfondi de cette situation.
Qualité des soins
Mais rien n’a véritablement changé. Car construit dans les années 1970, cette structure médico-sanitaire a des bâtiments vétustes et la plupart de ses services, sont fermés, bien que quelques-uns fonctionnent à peine. Quant au manque d’eau, il est notoire. Pour son hygiène, le Directeur en personne est obligé de faire lui-même le ménage matinal. Cri de détresse et d’alerte sont lancé à l’endroit des élites et autres âmes de bonne volonté pour voler au secours de cette formation sanitaire. Il faut préciser que, le pavillon que la légende Samuel Eto’o Fils a fait construire depuis quelques temps, croupit sous l’effet de l’érosion. Ce bâtiment qui était pourtant l’espoir des populations de Ngambè, n’a plus de fenêtre, ni même de porte. Même la plaque d’indication du lieu exprime à suffisance les difficultés de gestion qui y ont cours. Sans oublier la négligence et le manque de volonté de bien des élites du coin à donner un coup de main à l’État. Au regard de ce qui précède, la prise en charge et la qualité des soins dans la localité de Ngambè est un véritable chemin du combattant. Une situation qui inquiète de plus en plus les populations qui craignent pour leurs vies au quotidien.
Catherine Aimée Biloa
Interview- Dr Aime Daniel Bang Hô
« La morgue est non fonctionnelle »
Directeur de l’hôpital de District de Ngambè, il ne cache pas son mécontentement face à l’état de délabrement de la formation sanitaire dont il a la lourde responsabilité depuis 2009.
L’état de délabrement de l’hôpital de District de Ngambè inquiète au quotidien. Vous en êtes le Directeur. Pouvez-vous nous présenter cette formation sanitaire abandonnée au détriment du bien-être et de la santé des populations ?
La présentation de l’hôpital de District de Ngambé est simple. C’est une formation sanitaire de 4ème catégorie. Il est l’hôpital leader du District de santé de Ngambè. Il couvre une population d’environ 10 000 habitants, essentiellement rurale. C’est un hôpital qui existe depuis plus d’une cinquantaine d’années. Je suis à la tête de cette institution hospitalière depuis 3 ans et demi.
Quels sont les différents services disponibles à l’hôpital de District de Ngambè ?
Les services disponibles à l’hôpital de District de Ngambé sont la consultation de routine de médecine, les urgences et petite chirurgie, hospitalisation 24h/ 24 et 7jours /7. Vous avez également la CPN (Consultation prénatale), la maternité, le laboratoire, l’UPEC VIH/ SIDA et la pharmacie.
Quelle est la capacité d’accueil de l’hôpital de District de Ngambé à ce jour ?
L’hôpital de District de Ngambé a une capacité d’accueil de 15 lits tout service confondu.
Quels sont les problèmes que vous rencontrez au quotidien ?
Les principaux problèmes que rencontre l’hôpital de District de Ngambè au quotidien sont d’abord le mauvais état de la route, la faible fréquentation par les populations et l’absence des latrines pour le personnel de santé. Nous n’allons pas oublier que notre formation sanitaire n’a pas d’accès direct à l’eau potable et la morgue qui est non fonctionnelle.
Quels sont vos besoins pour l’année 2023 ?
Les besoins que nous pouvons énumérer pour l’année 2023 sont : le renforcement du personnel médical (Médecins, infirmiers et une sagefemme), la construction d’un forage et des latrines, la mise en fonctionnement de la morgue et l’acquisition de matériel roulant pour le transport des malades et autres.
Quel est votre plaidoyer ?
Je commencerais par ma tutelle le ministère de la Santé publique. Mon plaidoyer est que l’Hôpital de district de Ngambè soit doté d’une unité de radiographie et d’Echographie de chirurgie dentaire et même d’ophtalmologie. Je souhaite également que la morgue soit fonctionnelle. Par ailleurs, il faut renforcer les effectifs du personnel soignant (Médecins généralistes, IDE, sage-femme). A l’endroit des pouvoirs publics, je souhaite que l’accessibilité de l’hôpital soit améliorée en bitumant les 12 derniers km reliant Songmbengue à Ngambè. A l’endroit des élites de Ngambè, il faut qu’elles s’impliquent davantage dans l’accompagnement du fonctionnement de l’hôpital. L’Etat ne pouvant tout faire. Il faut éduquer les populations à davantage solliciter les services de son hôpital leader à Ngambè.
Interview réalisée par Catherine Aimée Biloa