Par Joseph MBENG BOUM, Journaliste scientifique
Dans la suite de notre enquête, nous apportons de nouvelles révélations sur la présence du vaccin contre le cancer du col de l’utérus au Cameroun. Dans cet article, nous vous amenons à la rencontre de quelques jeunes filles qui ont été vaccinées entre 2014 et 2015 et qui ont eu déjà eu le bonheur de la maternité. Une nouvelle qui remet en cause la thèse de la stérilité ou de l’infertilité dudit vaccin. N’oublions pas que ce vaccin existent dans plus de 100 pays au monde et 41 autres pays ont prévu l’introduire dans leur programme élargi de vaccination d’ici 2023.
Depuis le, 12 octobre 2020, le vaccin contre le cancer du col de l’utérus est disponible dans les services de vaccination des différentes formations sanitaires du Cameroun qui vaccinent. Les parents peuvent d’ores et déjà se rendre à l’hôpital pour faire vacciner leurs filles âgées de 09 ans librement et sans contraintes.
Le 23 novembre 2020, les professionnels de la santé iront dans les écoles pour faire vacciner les jeunes filles âgées de 09 ans donc les parents auront signés la fiche de consentement au préalable. Aucun n’enfant ne sera vacciné sans l’autorisation préalable de ses parents ou tuteur. Une fiche de consentement sera remise à chaque enfant concerné pour l’accord préalable de son parent.
Permettez moi de vous rappeler le vaccin contre le cancer du col de l’utérus a été introduit en 2010 au Cameroun grâce à un projet de Cameroon baptist Convention Health services (CBCHS).e Plus 6000 jeunes avaient été vaccinées au cours de cette opération. Ensuite, les pharmacies d’officines ont commencé à proposer ce vaccin aux populations.
C’est en 2014, le gouvernement du Cameroun a mis œuvre un projet de démonstration en deux phases dans les districts de santé d’Edéa et de Foumban. Cette phase pilote a permis de vacciner 14365 jeunes filles âgées de 9 à 13 ans pour une couverture post campagne de 69% pour les deux doses.
Nous avons retrouvé quelques filles parmi elles. On a découvert que certaines avaient déjà la eu la chance de donner naissance. Ce qui remet en cause la thèse de l’infertilité ou la stérilité dudit vaccin. Parmi elles, Gaelle KONE a reçu deux doses de vaccin contre le papillomavirus (HPV) entre 2014 et 2015 dans le cadre d’une « campagne » pilote d’introduction dudit vaccin dans le programme élargi de vaccination (PEV). C’est dans le domicile de ses parents au quartier NJILARE dans la localité De KOUPA-MATAPIT à une vingtaine de kilomètres de Foumban que nous retrouvons la jeune fille de 19 ans qui vient de donner naissance à son premier enfant. « Mes parents et moi n’avons jamais eu peur du vaccin, car moi je sais que le vaccin c’est pour protéger les gens », nous révèle Gaëlle son bébé dans les bras. La jeune dame avoue également n’avoir jamais eu peur de devenir stérile, tel que le laisse entendre une certaine opinion qui veut que le vaccin contre le papillomavirus rende les jeunes filles stériles.
Eléanor Claire Bissoye, âgée de 16 ans, résidant chez ses parents à Ongue, un des villages de l’arrondissement d’Edea 1er, situé à une quarantaine de kilomètres de la ville a également été vaccinée. La jeune fille fait partir des premières filles avoir reçu deux doses du vaccin contre les papillomavirus à connaitre d’ores et déjà les joies de la maternité depuis le 17 novembre 2019. Celle que nous rencontrons par cette après-midi pluvieuse du mois de septembre 2020 est accompagnée de sa famille et d’une infirmière du Centre de Santé intégré de Dehane. Elle souvient encore 6 ans après, du processus auquel elle a participé et qui pour elle, l’a immunisé contre le 2e cancer le plus fréquent chez la femme au Cameroun après celui du sein. C’était le 30 octobre 2014.
Après l’autorisation parentale, Eléonor comme d’autres cibles parmi ses camarades, déclare s’être soumise à cette opération. « J’avais été vaccinée sur le bras gauche. Après une légère douleur, je ne me souviens pas avoir ressenti des effets secondaires liés à ce vaccin. Ni avoir connue des antécédents médicaux d’ordre général ou spécifique », a confié la jeune fille que son bébé de 10 mois ne quitte pas des bras. Elle en veut pour preuve, sa récente maternité, battant ainsi en brèche la thèse selon laquelle ce vaccin rendrait stérile. Ceci, après ses deux doses de vaccins reçues à une intervalle de six mois. Sa frêle silhouette contraste avec sa forte personnalité. « Si j’avais eu des antécédents médicaux spécifiques je ne l’aurais caché à personne. Et surtout pas aux médias», assure-t-elle.
Parlons maintenant de ce cancer et de son vaccin
Dans la très grande majorité des cas (99%), le cancer du col de l’utérus est dû à une infection persistante par un virus : le papillomavirus humain (HPV). Les papillomavirus sont très contagieux, ils se transmettent par contact peau à peau lors des relations sexuelles. Le virus HPV s’installe sur les muqueuses, parfois persiste pendant plusieurs années et peut alors provoquer des lésions précancéreuses pouvant aboutir à l’apparition d’un cancer. La quasi-totalité des cas de cancers du col est due au virus du Papillome Humain (HPV) transmis principalement par voie sexuelle (contact peau à peau pendant l’activité sexuelle avec une personne infectée), les types 16 et 18 ≈70% de tous les cas de cancer du col de l’utérus. Les facteurs de risque du cancer de col de l’utérus sont : les relations sexuelles précoces, les partenaires sexuels multiples, l’infection à VIH et autres IST, l’usage du tabac.
Le Plan National de Lutte Contre le Cancer 2020-2025 préconise trois interventions essentielles de lutte contre le cancer du col de l’utérus : la vaccination anti-HPV, le dépistage et traitement des lésions précancéreuses, la prise en charge du cancer du col de l’utérus et la prévention primaire (la plus efficace) de ces infections consiste essentiellement en la vaccination
Le Cancer du Col de l’utérus est la 2ème cause de cancer au Cameroun. L’incidence standardisée du cancer du col de l’utérus au Cameroun est de 31,3 contre une moyenne mondiale de 13 pour 100 000, ce qui fait figurer le Cameroun parmi les pays ayant les incidences les plus élevées dans le monde. Environ 2356 nouveaux cas de cancer du col ont été diagnostiqués au Cameroun en 2018. Le nombre annuel de nouveaux cas et de décès est respectivement de 2356 et de 1546. Les femmes qui ont un bas niveau d’éducation, celles qui vivent dans les zones rurales sont les plus susceptibles de mourir d’un cancer du col de l’utérus.
Concernant les vaccins, il existe 03
vaccins homologués par l’OMS contre le cancer du col de l’utérus. Il s’agit du
vaccin Bivalent(Cervarix): contre le type 16 et 18 ; le Quadrivalent(Gardasil4):
contre le type 6, 11, 16 et 18 et le Nanovalent (Gardasil 9): contre le 6, 11,
16, 18, 31, 33, 45,52 et 58
Le vaccin qui sera utilisé au Cameroun est le quadrivalent et protège contre le cancer du col et les condylomes acuminés.
Pour des raisons de santé publique, économiques et de soutenabilité à long terme, le pays a décidé de faire vacciner les jeunes filles de 9 ans. Le vaccin sera administré en deux doses d’au moins 6 mois intervalle (entre 1ère et 2ème dose: l’intervalle d’au moins 6 mois)
Les contre-indications de vaccination contre le HPV sont : l’allergie après une dose précédente de vaccin, la grossesse, les maladies fébriles sévères.