Cameroun: une femme de 62 ans accouche au Chracerh

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Pour la première fois en Afrique noir, Suzanne M. âgée de plus d’une soixantaine d’années accouche grâce aux avancées scientifiques au Centre hospitalier  de recherche et d’application  en chirurgie endoscopique et reproduction humaine (Chracerh), par les soins du Pr Jean-Marie Kasia, agrégé de Gynécologie.

Apres 37 semaines et 6 jours de grossesse, Suzanne Magoua donne naissance à une petite fille de 2 kilogrammes et  700 grammes  avec 49 cm de longueur. Au sorti du ventre de sa mère, le caractère timide  de la petite Marie (tendrement nommée par sa maman) se fait ressentir par son cri. Cela se justifie par le fait qu’elle ait bu du liquide séminal. Immédiatement après la sortie du bébé, il est remis entre les mains du pédiatre et des sages femmes  pour lui administrer les premiers soins. « Les soins que nous avons administré à l’enfant était une aspiration du liquide  et une ventilation  parce que l’enfant n’a pas crier  ni respirer immédiatement. Donc ces gestes étant fait dans les délais, l’enfant récupère et commence à crier comme vous l’avez entendu et actuellement à 15 minutes de sa naissance, il se porte très bien et n’attend  que de faire  la première tété auprès de sa maman », explique Dr Epée Ngoué, pédiatre au Chracerh.

Après 42 ans de problème de procréation, notre sexagénaire vient de voir son rêve se réaliser. «  La joie, la joie vous ne pouvez pas imaginez. Je suis très heureuse et ce bébé que je cherche depuis l’âge de 20 ans apporte une grande joie dans ma vie. Je remercie également le couple présidentiel et le Pr Kasia pour ce beau cadeau ». Résidente dans ville de Bafoussam, région de l’Ouest Cameroun, la nouvelle maman a suivi des soins particuliers par l’équipe médicale du Chracerh pendant toute sa grossesse. «  Elle a été très bien suivi pendant sa grossesse. Il n’y a pas eu de problème cardiaque, ni d’hypertension », a confié le Pr Jean-Marie Kasia,  agrégé en gynécologie – obstétrique.

Ce même jour, 03 autres femmes ont donné naissance au Chracerh. La deuxième naissance est enregistrée à 9h 35. C’est une petite fille avec 2 kilos et 650 grammes qui vient au monde par une femme de 46 ans. Mme Kana.I, Doctorante en nutrition et alimentation à l’Université de Dschang   âgée de  53 ans, est la troisième femme à donner naissance à une  autre fille, 2 kilos et 940 grammes à 11h 19 minutes. Un véritable miracle pour cette femme qui a connu la ménopause à l’âge de 32 ans. La quatrième est  la plus jeune des accouchées du jour. Agée de 36 ans, elle vient clore cette éphorie scientifique vécue au Chracerh, ce 31 octobre 2018 en donnant elle aussi naissance à une fille.

Les prouesses réalisées de cet hôpital à caractère particulier classe le Cameroun parmi les références mondiales en matière de fécondation in vitro.

Suzanne M, une miraculée de la science

 

Enceinte, la parturiente est partie de Bafoussam pour Yaoundé, sous bonne escorte médicale, le 10 octobre dernier, elle a donné naissance le 31 octobre 2018.

«A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles », dit l’adage populaire. Que du reste, le Pr. Jean Marie Kasia, administrateur directeur général du Centre hospitalier de recherche et d’application en chirurgie endoscopique et reproduction humaine Paul et Chantal Biya (Chracerh), a pris à son compte. Pour aller personnellement chercher des femmes porteuses de grossesses précieuses à Bafoussam, région de l’Ouest. C’était les 10 et 11 octobre dernier. L’une des patientes, dame Suzanne M., 62 ans, est enceinte pour la première fois de sa vie. Une grande première en Afrique. D’où toutes les précautions prises pour assurer l’aboutissement de l’heureux événement. Dans l’équipe médicale du Pr Kasia, des gynécologues obstétriciens, des chirurgiens, anesthésistes, pédiatres, infirmiers… Mais aussi les médias : par ces temps où pullulent les fake news et les montages intox de tous ordres, il n’est pas question de laisser planer le moindre doute. Au plan matériel, quasiment tout un hôpital mobile constitué de deux ambulances médicalisées, du matériel d’anesthésie-réanimation, d’accès vasculaire, de perfusion, transfusion rapide, monitoring pour la surveillance des battements cardiaques des bébés, etc. De l’artillerie lourde pour parer efficacement à toute éventualité. La délégation et son imposant équipement ne passent pas inaperçus le long du trajet Yaoundé – Bafoussam. Ils captent encore plus l’attention des habitants de la capitale régionale de l’Ouest, où le Pr. Kasia pensait pourtant le Chracerh peu connu et lui-même pouvoir circuler incognito.

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A l’arrivée aux premières heures de ce mercredi 10 octobre au quartier Palace qu’habite dame Suzanne M., une foule de curieux se rassemble rapidement autour du cortège médical, malgré la fine pluie qui tombe sur la ville. C’est une future maman très émue, drapée dans un grand « kaba » cachant mal ses rondeurs, qui nous accueille, prête à partir. Le voisinage se bouscule autour de la demeure pour ne pas perdre un détail afin d’en comprendre les tenants et les aboutissants. C’est à huis clos que se poursuivent les échanges entre la patiente et les médecins. La mère et le fœtus sont évalués, appareils médicaux à l’appui, pour s’assurer qu’ils peuvent supporter le voyage. Le cap est rapidement mis sur le quartier Tyo village où habite Mme K. Tchamko, 46 ans, autre patiente. Ses paramètres au beau fixe, la délégation prend la route du sanctuaire marial Notre-Dame de Doumelong, après la chefferie Bamougoum, sur l’axe Bafoussam – Bamenda. Fidèles à leur lieu de pèlerinage, les dames tiennent à y rendre grâce à Dieu pour ce qu’il a commencé à entreprendre dans leurs vies et à lui confier la suite des événements. Le curé de la paroisse locale, après l’intercession, donne sa bénédiction aux futures mamans ainsi qu’à l’équipe médicale. Après un dernier check-up, la petite troupe peut repartir pour Yaoundé avec ses précieux passagers. « Nous devions nous assurer que les patientes soient dans un bon état physique et psychologique. A l’examen, les grossesses évoluent bien, les bébés sont vivants et se portent bien. Nous pouvons envisager le voyage sereinement. Après quelques jours de repos et une évaluation plus poussée, nous procéderons à la césarienne », a expliqué le Pr Kasia. Le grand jour est donc arrivé ce mercredi, 31 octobre 2018. Une date à retenir dans l’histoire de la médecine au Cameroun.

La fécondité in vitro : une réalité au Cameroun

Centre Hospitalier de Recherche et d’Application en Chirurgie Endoscopique et Reproduction Humaine (Chracerh)

Cette structure de santé inaugurée  le 06 mai 2016, sous la présidence de la Première Dame du Cameroun, Madame Chantal BIYA, fait la fierté du continent noir.  Cette structure de référence européenne est un  établissement public administratif de type particulier à vocation nationale et internationale. Bâti  sur une superficie de 7300 m2, le centre se veut un espace d’innovation médicale avec une capacité d’accueil de 60 lits. Ses principales missions sont entre autres, garantir à la femme les meilleures conditions de procréation, dans son rôle naturel de mère ; mener les activités de recherche en matière d’endoscopie et de reproduction humaine ; dispenser des soins de haut niveau en gynécologie et obstétrique.

Le bâtiment de trois niveaux dispose d’équipements de pointe pour remplir ces multiples missions que sont la  Chirurgie endoscopique, la fécondation in vitro, la péridurale, la chirurgie plastique et réparatrice, mais aussi la reconstruction des appareils génitaux.

Il est doté d’une maternité, de six salles de travail et d’accouchement, d’un service de néonatalogie, de six salles d’opération  pour les césariennes, les chirurgies gynécologiques, et les fécondations in vitro. On y retrouve également une partie réservée aux prélèvements des embryons. Le planning familial, les soins intensifs, l’accueil et les urgences font partie des entités importantes du Centre, tout comme la banque de sang et les laboratoires dédiés aux diagnostics prénataux et à la bactériologie.

Mis en service en 2015, le CHRACERH a été créé par décret présidentiel en 2011. C’est un établissement public administratif de type particulier. Doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière, il est placé sous la tutelle technique du Ministère de la Santé publique et sous la tutelle financière du Ministère des Finances.

Interview : « Le couple présidentiel a volé au secours de la maternité perdue» 

Jean-Marie Kasia, Administrateur Directeur général au Chracerh

Pr Jean-Marie Kasia, Administrateur directeur général du Chracerh.

Professeur, pour la première fois dans l’histoire du continent africain, une femme de 62 ans accouche suite à une fécondation in vitro au Cameroun. Que représente de cette avancée scientifique ? 

Je remercie beaucoup le couple présidentiel. Je peux vous dire que la première Dame la première dame, a tout fait pour qu’on aille chercher cette maman qui d’ailleurs était repartie dans son village. Pour qu’elle ne puisse pas prendre le car de Bafoussam pour ici,  on a tous fait  positivement le voyage pour  aller la chercher.  Je crois que grâce au seigneur, grâce au couple présidentiel, grâce à tous les camerounais pourquoi pas, à toute l’équipe médicale, y compris tous nos vieux professeurs  qui nous ont aidés à apprendre toutes ces techniques, toute la médecine. Je crois que c‘est à tous ce monde là que nous devons effectivement cet accouchement. ce n’est pas tous les jours qu’on voit les femmes venir pour une  fécondation in vitro dans nos pays Africains, à l’âge de 62 ans. En plus c’est une femme qui vivait au fin fond de son village, c’est après avoir vu à la télévision une image où on a fait accoucher femme de 60 ans qu’elle est venue nous consulter.  Quand elle nous a raconté son histoire, parce qu’elle allait prier dans un sanctuaire marial dans le diocèse de Ndoumelong, pour ceux qui connaissent bien la région de Bafoussam. Franchement, à écouter cette femme, et tout ce qu’elle a vécu dans sa vie, les traitements indigènes, les humiliations, vous ne pouviez pas rester insensible. Nous avons été sensible à sa demande bien qu’on peut évoquer tous les problèmes possibles, les problèmes éthiques, les problèmes de santé, mais elle était très bien suivie pendant sa grossesse. Il n’y a pas eu de problème cardiaque, ni d’hyper tension.  je peux vous dire que c’était particulier cher elle, c’est pour ça qu’on a pris ce risque, donc merci à toute l’équipe qui a pu faire ce travail, merci au seigneur et au couple présidentiel qui nous a aidé, et tout le peuple camerounais qui est derrière nous depuis qu’on a commencé cette aventure.

Des prouesses pour le Cameroun ? 

Oui, Ce programme a commencé par la pensée des grandes ambitions, matérialisée par cet hôpital qui fait parti des grandes réalisations. Ces grandes réalisations se concrétisent aujourd’hui par la naissance de deux garçons. Deux beaux bébés qui témoignent bien du grand travail qui a été fait.  Ce labeur pour moi constitue les grandes réussites et surtout les grandes perspectives pour le pays dans le futur. Je crois que ceci ouvre largement la porte pour que cet hôpital puisse s’imposer sur le plan international. C’est un hôpital qui a été conçu par le couple présidentiel, avec un référentiel européen. Cela veut dire qu’il ne ressemble pas beaucoup aux hôpitaux Africains. De ce point de vue, tout ce qui est fait ainsi intègre les nouvelles technologies qu’on trouve difficilement ailleurs. Il s’agit par là de la cancérologie, chirurgie endoscopique, et les techniques de procréation médicalement assistées. C’est la raison pour laquelle nous rendons vraiment un grand hommage au couple présidentiel pour tout ce qui a été fait  ceci aux noms des femmes, aux noms des populations camerounaises du nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, des populations africaines et pourquoi pas du monde, parce que le monde entier arrive aussi ici, pour tout ce qui a été fait. Le couple présidentiel a volé au secours de la maternité perdue et qu’on retrouve aujourd’hui à travers ce type de grandes réalisations. Le mérite les revient pour avoir pensé des années en avance que la santé de la femme est une priorité pour tous les pays qui veulent se développer.

D’où vous vient cette expertise ?

Tout cela interpelle aussi la coopération internationale que nous avons aussi intégrée ici. J’ai bon espoir, j’espère bien qu’elle va continuer et que les uns et les autres continueront à nous pousser dans cette voie pour qu’on puisse coopérer avec les grandes sociétés savantes internationales car c’est de là que nous allons chercher les connaissances et les compétences. Eux ils ont des années, parfois même des siècles d’avance sur nous. Je pense qu’il est inutile pour nous de commencer à faire nous même à partir de zéro. Il faut tout simplement rattraper le cap qui existe entre ces pays et nous. C’est à travers une coopération décentralisée que nous pouvons le faire. Le transfert de technologie n’est pas une chose simple, les autres ne vous le donne pas gratuitement. Il faut faire ses preuves. Le Cameroun à travers les scientifiques que nous avons, a fait ses preuves et a convaincu le monde entier. C’est pour cela que tout le monde accoure encore ici. Vous avez vu le dernier congrès de chirurgie endoscopique qui a eu lieu ici au mois d’avril dernier, je ne suis pas étonné à travers ce qu’ils ont vu, qu’ils aient  tous décidé encore de revenir ici en 2021 pour le prochain congrès de chirurgie endoscopique après l’Afrique de Sud l’année prochaine. Préparons nous à ce qu’on puisse asseoir le Cameroun dans la cour des grands dans ce domaine là.

Le Chracerh ne se sent-il pas concerné par la période électorale?

Malgré la période électorale, il n’est pas question que le travail s’arrête parce que la  santé, on en a besoin même en période électorale. Nous allons sur le terrain pour essayer de soutenir le chef de l’Etat dans sa mission et revenir tout en faisant notre travail au quotidien. Tout n’est pas terminé, nous avons encore beaucoup de choses à faire dans cet hôpital.  Nous avons réussi quand même le pan de la chirurgie endoscopique. Nous la réalisons à presque 80% de la chirurgie gynécologique. Nous avons réussi et continuons de réussir, la preuve en est ce matin avec ces naissances. Bientôt encore, nous allons vous apporter d’autres développements dans ce domaine d’ici quelques semaines en fécondation in vitro. Vous voyez qu’il ya encore beaucoup de chose à faire y compris la cancérologie gynécologique. Donc c’est un vaste chantier des grandes ambitions que le chef de l’Etat a mis sur pied, et nous devons conduire pour que ça deviennent des grandes réalisations définitivement pour le bien-être des camerounais.

Les populations de Yaoundé sont-elles uniquement concernées par l’expertise qu’on trouve ici au Chracerh?

Ce qui est fait ici, se fait  également pour les personnes venant  du Nord, du Sud, de l’Ouest, du Nord-Ouest ou encore de l’Extrême-Nord, tous les camerounais, y compris même ceux de la diaspora, de l’Afrique du Centre et de l’Ouest. Je vois un peu le nombre de personne qui appel et nous envoi des mails tous les jours parce qu’ils voient  nos efforts et tous sollicitent notre expertise. Je pense le Cameroun devrait saisir cette chance là. Le président de la République peut nous aider à faire en sorte que le Cameroun devient la prochaine destination non pas diplomatique mais médicale. Bien sûr,  s’il faut parler de diplomatie, il faudra s’en inventer une nouvelle: la diplomatie médicale. Elle doit exister aussi parce que tout ça est un ensemble de chose qui amène le Cameroun au niveau  où les lions indomptables les ont amenés il y a quelques années. J’espère qu’ils vont continuer à le faire, et où le chef de l’Etat est en train de le faire dans le cadre de la paix, dans le vivre ensemble. Ce sont des choses qui sont importantes, qui sont des symboles. Il faut qu’on soit attentif à tout ce qui se passe autour de nous pour comprendre que nous sommes des frères et que nous devons continuer à vivre ensemble».

Réalisé par Joseph MBENG BOUM, Diane Clara MBECHEU et Brenda NGOUFACK

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