
Face à ce tabou sociétal, la Fondation Groupe Médical St Hilaire a organisé, le 18 juillet 2025 à Yaoundé, une causerie médicale ouverte et bienveillante. Cette rencontre cruciale a non seulement permis d’aborder les causes médicales de l’infertilité, mais a également mis en lumière l’impact souvent sous-estimé de l’alimentation et des modes de vie, avec des révélations marquantes de Mbang Clémentine, Chimiste Organicienne et thérapeute.
Dès l’ouverture de la session, la salle a été animée par un public avide de comprendre et d’échanger sur ce sujet délicat. Le ton était clair : aucun jugement, mais un espace sécurisé pour parler vrai. Le silence, souvent synonyme de douleur invisible et de pressions sociales, a commencé à se fissurer sous l’impulsion de cette initiative. Les participants, manifestement désireux de s’abreuver à la source des « érudits de la science dure », ont ainsi pu échanger librement.
Le Professeur Étienne Belinga, éminent Gynéco-obstétricien, a captivé l’audience en démystifiant les causes médicales de l’infertilité liées à sa spécialité. Son intervention, empreinte de clarté, a permis de mieux cerner les défis physiologiques rencontrés par de nombreux couples. Cependant, l’éclairage le plus percutant est venu de Mbang Clémentine, qui a souligné l’impact crucial du volet nutritionnel sur la fertilité. Mbang Clémentine a d’emblée mis en lumière le lien direct entre la malnutrition et le déséquilibre hormonal, identifiant l’absence de nutriments essentiels comme la vitamine C. « Lorsqu’il y a absence par exemple de la vitamine C provenant de certains aliments… vous voyez que ça va créer à la longue un déséquilibre hormonal, » a-t-elle expliqué. Ce déséquilibre, a-t-elle poursuivi, est souvent le résultat d’une acidité accrue dans le corps, générant une inflammation qui peut perturber le pH vaginal et l’équilibre des œstrogènes. « L’acidité crée de l’inflammation, » a-t-elle insisté, avant d’ajouter : « La vitamine C, elle, est essentielle pour protéger les cellules et les organes, y compris les ovaires. »
Au-delà de la simple carence, la thérapeute a pointé du doigt les mauvaises combinaisons alimentaires. Prenant un exemple concret, elle a cité le mélange « pâtes avec de la tomate et on met par exemple du poisson, » expliquant qu’une telle association « provoque un déséquilibre au niveau de l’estomac et des intestins, menant à une ‘hyper-acidité’ qui désorganise les œstrogènes. » Elle a martelé : « Lorsqu’il y a acidité dans le corps, ça crée un déséquilibre hormonal. Et qu’est-ce qui crée le déséquilibre hormonal ? Les mauvaises combinaisons alimentaires. »
Le rôle crucial des fibres a également été souligné. Leur absence dans des repas comme « poisson plus riz, poisson plus bâton » empêche l’élimination des œstrogènes en excès. « Sans elles, la multiplication des hormones s’accélère, en particulier dans un ‘milieu très acide’, » a averti Mbang Clémentine. Cette prolifération hormonale est, selon elle, directement liée à l’augmentation des cancers « du sein, de l’utérus, de l’ovaire et bien d’autres » chez les femmes. Résoudre ces problèmes alimentaires pourrait « résoudre, même si c’est à 50 voire 70%, le problème d’infertilité dans le corps. »
Un problème transversal : l’homme, victime de la modernité alimentaire
Le problème ne se limite pas aux femmes. « Ce n’est pas seulement pour la femme, même l’homme, » a précisé Mbang Clémentine. Le manque de consommation de légumes et de fruits chez les hommes les prive de minéraux essentiels comme le magnésium, le calcium et le potassium, des éléments cruciaux pour maintenir l’équilibre acido-basique du corps. Leur absence contribue à l’acidité et à de nombreux problèmes de santé.
La thérapeute a également alerté sur les dangers de la modernité alimentaire, qui a modifié la composition des aliments. « Le pain blanc que vous mangez maintenant n’était pas le même pain blanc qu’on a mangé il y a cela dix ans, » a-t-elle illustré, soulignant que le pain actuel « crée plus d’inflammation. » Elle a dénoncé le « clonage des aliments » et l’injection d’hormones dans les animaux, des pratiques qui ont des « impacts dévastateurs sur notre organisme. » Le constat est alarmant : « De plus en plus, vous ne constatez pas que les gens de plus en plus tombent malades ? Les gens de plus en plus sont de l’autre côté ? Les cancers se multiplient. Le diabète, alors. » Elle a cité les cas d’enfants diabétiques et de jeunes souffrant de « trousse » (arthrose), maladies autrefois associées aux personnes âgées, concluant que « la modernité… est en train de détruire l’humanité au fur et à mesure qu’on y va. »
La prévention dès le plus jeune âge
Face à ces constats, la solution préconisée par Mbang Clémentine est un retour aux fondamentaux, qui commence « dès le ventre de la maman. » « Le parent doit pouvoir apporter les éléments dont l’enfant a besoin… si la mère s’alimente convenablement, son enfant sera plus fort que jamais et pourra résister aux maladies qui nous envahissent de plus en plus. » Pour les enfants déjà nés, il est encore possible de corriger le tir en introduisant des « laits végétaux » (arachide, pistache, sésame) afin de les aider à « croître normalement et à bagarrer contre les potentielles maladies. »
En somme, le message est clair : « que les parents revoient l’hygiène de vie de leurs enfants et en ça, ils vont changer l’avenir de leurs enfants dans le bon sens. » Une alimentation saine et équilibrée, riche en fruits et légumes, est non seulement une clé pour combattre l’infertilité, mais aussi un rempart essentiel contre la prolifération des maladies chroniques dans notre société moderne.
Elvis Serge NSAA








