Infirmier camerounais : le serviteur desservit

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Par Joseph MBENG BOUM

De nos jours, il n’est pas rare de constater des comportements qui déshonorent l’Infirmier. D’après le Conseil International des Infirmiers (C.I.I), l’Infirmier est une personne qui, titulaire du diplôme d’Etat d’infirmiers ou équivalent, a reçu un enseignement infirmier de base et est apte et habileté à assumer dans son pays, la responsabilité de l’ensemble des soins infirmiers que requiert la promotion de la santé, la prévention de la maladie, et les soins aux malades. Mais, le constat au Cameroun est alarmant. Entre grève pour non-paiement des salaires, quotes-parts, autres indemnités, non affiliation à la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) et le mauvais accueil des patients dans les formations sanitaires, les plaintes en faveur ou contre les personnes en blouses blanches sont légions.  La précarité, le manque de plateau technique, la perte de la conscience professionnelle de la part de nos infirmières ou infirmiers ne sont plus à démontrer. Certains vont mêmes à se confondre aux reporters d’images dans les urgences au détriment des pauvres patients. De nos jours, certains Infirmiers n’ont pas toujours le souci de perfection pourtant, devant prendre en charge la race la plus sacrée de l’univers : l’Homme. C’est donc ce dernier qui, finalement, endure les insuffisances professionnelles de ces Infirmiers et des institutions administratives en place.

 

Au-delà de ce tableau noir imputable aux apôtres de Florence Nachtigal, il n’en demeure pas moins que la société n’offre pas les meilleures conditions de travail aux infirmiers. Les mutations profondes et l’évolution de la fonction des ressources humaines imposent aujourd’hui à toute organisation et en l’occurrence les hôpitaux, à faire un recentrage des référentiels métiers, un reprofilage des postes, une révision leur approche managériale, d’être forcément plus réactives, anticipatives, plus proches de la demande des usagers, et meilleurs que des concurrents.  A ce sujet, la qualité de la gestion des infirmiers est à revoir.

Même si il est établi que l’infirmier doit – Accueillir le malade – Installer le malade – Rassurer le patient – Informer le malade sur la procédure de l’examen, sur les risques post examen – Orienter le patient si possible (sociologie, psychologie, connaissances des langues officielles et locales…)… l’insuffisance quantitative et qualitative ainsi que l’état vieillissant du personnel Infirmier en poste constitue un véritable problème au système de santé.

Bien plus la question de la rémunération de ce corps de métier demeure un serpent de mer au Cameroun. Formé avec un baccalauréat,  plus  trois années au supérieur,  l’infirmier continue d’être classé en catégorie B2 en début de carrière avec un salaire mensuel de 158 492F CFA. Ce qui constitue un gros préjudice. Comment comprendre que deux enfants ayant un Bacc+3 n’aient pas la même catégorie ? Encore moins un diplôme équivalent ?

Dans le secteur privé, la situation est dramatique. Au mépris de la convention collective, certains employeurs se permettent de donner 30 mille francs CFA à un infirmier Diplômé d’Etat. Les plus sérieux avoisinent 100 mille francs. Dans les cas exceptionnels, certains payent 150 mille comme l’Etat.

Conséquence, plusieurs décident de devenir leur propre patron. Quelques fois et le plus souvent, les mauvaises conditions de travail entrainent toutes sortes de pratiques peu recommandables. La vente parallèle des médicaments dans les hôpitaux, le rançonnement des malades, l’ouverture des cabinets de soins clandestins, le détournement des malades, les soins au rabais, la désertification des formations sanitaires, le chapelet des conséquences est  loin d’être exhaustive.

S’il est vrai qu’un infirmier peut partir du statut d’IDE à celui de Technicien Supérieur Principal en Soins Infirmiers ou PHD/Doctorat, la qualité de la formation en elle-même reste à améliorer. Au lendemain de la célébration de la journée de l’infirmier, l’un des plus beaux métiers du monde se transforme peu à peu en un métier de la honte au Cameroun. Mais parlerons d’humanisation des soins sans un infirmier humaniste et humanisé ? Tout compte fait, l’infirmier camerounais a besoin d’être redynamiser pour une meilleure prise en charge des patients.

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