Interview: « Je suis pour une jeunesse camerounaise consciente et responsable »
Mbarga Ngono Emilie Alexandra, étudiante en psychologie à la faculté de Yaoundé I.
Du haut de ses 20 ans, elle est décidée à faire prévaloir les enjeux de sa passion écologique et met en exergue son intelligence pour expérimenter la fabrication des pavés avec du plastique recyclé. Nous sommes allés à sa rencontre pour vous présenter son initiative salutaire.
Pouvez-vous nous présenter votre association ?
Notre organisation, la Fondation Ville Propre est une association de jeunes qui œuvrent pour lutter contre l’insalubrité dans nos villes. Pour se faire, nous avons développé trois programmes. Le premier s’intitule campus propre qui consiste à aller dans les établissements primaires et secondaires pour apprendre aux jeunes à adopter des comportements civiques tels que ramasser des ordures jetés à même le sol, adopter aussi des comportements de résiliences tels que planter des arbres pour apporter plus d’oxygène dans la nature. Et le second programme est “keep Yaoundé clean” qui consiste à aller dans les différents quartiers de Yaoundé pour ramasser les déchets. Et le troisième programme consiste à valoriser les déchets que nous avons récoltés lors de nos décentes sur le terrain en fabriquant des pavés en plastiques recyclés. Un pavé en plastique recyclé est un matériau de construction fait à base de sable et de déchets de plastiques.
Comment est née l’initiative de fabriquer des pavés en plastiques recyclés ?
Mon initiative part d’une observation que j’ai faite au sein de la société. J’ai remarqué que la plus part des fonctionnaires camerounais atteignent l’âge de la retraite, sans pouvoir se construire une propriété. A la suite de cette observation, j’ai essayé de trouver des méthodes qui permettront de réduire les coûts de construction dans notre pays. Et ayant entendu parler de l’initiative de la fondation de Roger Milla au sein de son association cœur d’Afrique, je me suis intéressée à cela et j’ai essayé de reproduire ce qu’il faisait en fabriquant mes propres pavés à base de plastiques recyclés.
En quoi consiste le programme cœur d’Afrique de Roger Milla ?
L’association Cœur d’Afrique de Roger Milla Carmedd est une organisation à but non lucratif créer par la star camerounaise Roger Mila afin d’accompagner le gouvernent dans son combat contre la pollution visuelle des déchets plastiques et aussi, pour permettre le développement durable dans notre pays.
Dans quel but fabriquez-vous vos pavés?
Les pavés en plastique recyclé sont utilisés dans le but de réduire la pollution des déchets plastiques dans l’environnement. Et par la suite, leur donner une plus-value. Grâce à ces déchets, nous fabriquons des matériaux de construction beaucoup plus solides que les matériaux faits à base de ciment et de sable. Cette initiative a le mérite de réduire le coût de construction tout en facilitant l’accès à la propriété aux familles à revenus moyen.
Comment s’est fait le processus de fabrication ?
Après réflexion, j’ai décidé de passer à l’action en me documentant et en faisant des recherches sur le sujet. En coalisions avec mon association, la Fondation Ville Propre, nous avons conjugués nos efforts pour donner vie au projet. Toute suite après, j’ai réalisé mes premiers pavés que nous avons présenté au musée national en février lors du village de la jeunesse. Par la suite, j’ai continué à faire mes propres expériences que j’ai postées sur les réseaux sociaux. Et à partir de ces photos, j’ai été remarqué par l’association cœur d’Afrique de Roger Milla, qui m’a contacté pour intégrer l’organisation et pour que je puisse également travailler avec eux dans la fabrication des pavés.
Quels sont les inconvénients dus à leur fabrication ?
Le processus de fabrication des pavés en plastique recyclé présente plusieurs risques non seulement pour l’environnement mais aussi pour nous les travailleurs. Dans le contexte environnemental, l’inconvénient de cette fabrication est la dégradation thermique des plastiques qui est accompagnée par le dégagement des fumées dans l’atmosphère. Cette fumée est composée de gaz toxiques tels que le CO2, le dioxyde de soufre et d’autres gaz à effet de serre qui causent le réchauffement climatique. Les conséquences de cette combustion des plastiques sur les travailleurs sont entre autres l’inhalation des dioxines qui peuvent causées des cancers et des maladies respiratoires. Cela peut également causer l’impuissance et une myriade d’autres allergies. La dioxine provoque aussi une malformation congénitale dans le système respiratoire et cardiovasculaire lorsqu’il est inhalé par une femme enceinte. Il peut augmenter le risque de maladies cardiaques, aggraver les infections respiratoires et provoquer des nausées, des maux de tête et bien d’autres impacts négatifs sur la santé.
Y’a-t-ils des mesures de sécurités prisent pour limiter ces inconvénients ?
Pour pallier à ses insuffisances, nous avons modifié le processus de fabrication qui consiste à chauffer le sable à des températures très élevés, environ 900°C avant d’y ajouter le plastique broyé et réduisant considérablement la nocivité des émissions gazeuses. Les gaz de combustions seront acheminés vers un fil où les composés organiques seront absorbés. Pour nous les travailleurs portons des équipements tels que : des casques, des bottes, les gants, les caches nez, les lunettes … qui nous permettent de nous protégés contre ces gaz toxiques.
Avez-vous rencontrés des difficultés ?
Durant l’exécution de ce projet j’ai rencontré plusieurs difficultés premièrement par ma condition féminine. On remarque à première vue que je n’ai pas les mêmes capacités physiques qu’un homme pour faire ce travail. Et donc Il était difficile pour moi d’abord dans le port des équipements, ce qu’on m’a approprié était destiné à des hommes. Je me retrouvais avec des vêtements et des chaussures plus grands que moi. Il y’avait également des préjugés par rapport à ma compétence parce que j’étais la seule fille au milieu d’une quinzaine d’hommes dans mon travail. Pour mon premier essaie de fabrication, j’étais limitée financièrement et je n’avais pas le matériel qu’il fallait pour ma fabrication. Je n’avais qu’une marmite emprunté à ma mère, une pelle, un petit saut de sable, deux moules à pavés et des plastiques que j’avais récoltées moi-même dans les rigoles et sur des routes.
Que prévoit la suite de votre projet ?
Par la suite, j’aimerai expérimenté les parpaings à base de plastique recyclé pour pouvoir donner de nouveaux matériaux plus solides que ceux qu’on a actuellement. Sensibiliser d’avantage la population en pérennisant notre mouvement qui s’appelle écos jogging 237, qui est un mouvement citoyen qui consiste à faire du jogging tout en ramassant des déchets plastiques dans les rues. Et le prochain aura lieu en fin septembre de cette année.
Interview réalisée par Diane Clara MBECHEU