INTERVIEW : Jean Paul Sartre LEA MPONDO
« Les populations des zones rurales ont un très gros problème de santé »; Inspecteur principal du Trésor, Contrôleur d’Etat au CONSUPE et Coordonnateur Général du Ministère du Salut de Toutes les Familles de la Terre, il revient sur les contours de la campagne de santé organisée.
Monsieur LEA MPONDO, parlez-nous du MSTFT, est-ce une ONG ?
Le MSTFT, entendez Ministère du salut de toutes les familles de la terre est un mouvement d’évangélisation que je dirige depuis pratiquement une quinzaine d’années. Le mouvement a pris naissance en 2009 mais c’est en 2013 que nous avons commencé avec les grandes campagnes d’évangélisation à Ndikiniméki. A ce moment-là, le volet santé n’était pas encore associé à la campagne d’évangélisation. Donc nous annoncions l’Evangile du salut aux populations des zones reculées.
D’où vient donc ce greffage de la santé à l’évangile ?
C’est au cours des campagnes d’évangélisation dans les maisons et les familles à Ndikiniméki, que nous nous sommes rendu compte que les populations des zones rurales ont un réel problème de santé. Comme nous avons la grâce d’avoir au sein du MSTFT plusieurs personnels du corps médical, chirurgiens, pharmaciens, médecin qui ont vu ce besoin sur le terrain pendant l’évangélisation. Un médecin qui était aussi évangéliste a fait une consultation médicale après l’évangélisation et a prescrit quelques médicaments, que nous avons vite fait d’aller acheter dans une pharmacie de la ville pour remettre aux patients. C’est au retour de cette campagne que nous est venue l’idée d’associer le volet santé à l’évangélisation puisque dans les zones rurales ce n’est pas évident de rencontrer un spécialiste. Donc tout est parti d’un besoin sur le terrain…
Monsieur LEA MPONDO, combien de campagnes de santé gratuites le MSTFT a-t-il à son actif ?
Après 2013 à Ndikiniméki et 2014 à Ebolowa, nous avons commencé à associer le volet santé aux campagnes d’évangélisation. Mais c’était vraiment embryonnaire car le matériel médical coute excessivement cher, donc nous faisions avec les moyens de bord. C’est en 2015 à Nkongsamba que la campagne sanitaire a pris de l’ampleur. Nous avons fait confiance à Dieu, nous avons payé le prix qu’il fallait pour déplacer « un hôpital ambulant » avec la quasi-totalité des spécialités et des spécialistes. En 2016, nous étions du côté de Bagangté, 2017 à Loum, 2018 à Mbalmayo, 2019 nous sommes venus pour la première fois à Dschang et en 2020 avec la crise sanitaire où les rassemblements étaient interdits, nous n’avons mené aucune activité du genre mais en 2021 nous avons repris avec les campagnes dans l’Adamaoua et les villages environnants. En 2022, nous avons mené les activités évangéliques et sanitaires dans trois arrondissements à savoir Tonga, Makénéné et Ndikiniméki. Et par la grâce de Dieu en 2023 nous sommes dans la Menoua pour la 2e fois, raison pour laquelle cette campagne est baptisée « Menoua pour Jésus Acte 2 ». Donc pour mettre les compétences médicales de nos enfants dans le ministère à profit, nous avons persévéré sur ce chemin emprunté par la foi, pour les nécessiteux.
Vous avez évoqué le coût élevé de ces campagnes sanitaires, d’où vous proviennent les fonds pour de tels investissements chaque année ?
Sachez que nous n’avons pas de donateurs, pas de sponsoring, nous ne recevons pas d’argent de l’étranger, encore moins de subventions, parce que ce Ministère fonctionne comme un mouvement. Le budget de cette campagne s’élève à près de 20 millions. Chaque membre contribue chaque année, selon qu’il l’a résolu en son cœur pour les campagnes d’évangélisation ; donc c’est tous ces apports mis ensemble qui permettent de venir en aide aux populations.
Monsieur LEA MPONDO, au terme de cette campagne de 4 jours à Penka-michel et Kong-Nhi, à combien de personnes avez-vous apporté soutien dans le volet santé ?
En prenant en compte les quatre sites d’intervention de l’équipe médicale, nous avons consulté, offert des soins et des médicaments à environ 1500 âmes, tous sexes et tranches d’âge confondus.
Avez-vous reçu quitus des autorités sanitaires pour ce type d’activité ?
Avant de nous lancer dans des campagnes de santé d’une telle envergure, nous avons reçu un accord de collaboration du Ministère de la santé publique via la délégation régionale de la santé pour l’ouest d’une durée de 3 ans. Et cet accord nous l’avons pour chaque région que nous souhaitons couvrir. En plus de cela, nous avons des accords techniques qui relèvent de la délégation régionale de la santé qui nous met en contact avec le district de santé de la zone requise qui vient se rassurer de la qualité du matériel, des médicaments et de la qualification des professionnels de santé. Enfin, comme la santé publique a souvent des objectifs à atteindre lors des campagnes de santé communautaires, nous voyons dans quelle mesure notre personnel peut les aider, dans la mesure du possible à l’atteinte de leurs objectifs. Le chef du district de santé supervise toute activité que nous menons.
Monsieur LEA MPONDO, quels sont les projets du MSTFT à moyen et long terme ?
Nous projetons acquérir par la grâce de Dieu un camion médicalisé pour des opérations chirurgicales. Parce que pour le chirurgien et le cardiologue comme pour le dentiste il faut le plateau technique minimum pour lui permettre d’exercer.
Quelles sont les difficultés majeures rencontrées lors de cette campagne « Menoua Pour Jésus Acte 2 » ?
La première difficulté rencontrée à Penka-michel est la réticence des populations à tout ce qui est hôpital, et ça me fait de la peine de devoir remballer ces médicaments et autres réactifs, la seconde difficulté est logistique, car nous logeons a une très grande distance des sites d’intervention et enfin le nerf de la guerre, les finances.
Pour sortir définitivement, Monsieur LEA MPONDO, auriez-vous une doléance quelconque ?
Oui, ma prière c’est que des campagnes comme celles-ci soient faites plusieurs fois par année pour que les populations des zones rurales bénéficient au maximum de meilleurs soins de santé. Pour les éditions futures nous aimerions que les âmes de bonne volonté se joignent à nous, que ceux qui ont de l’argent à ne savoir quoi en faire viennent vers nous et ils verront combien leur apport peut changer la vie de beaucoup de personnes. Les dons en nature sont acceptés, parce qu’en plus des médicaments, des familles indigentes reçoivent des paquets minimum de denrées alimentaires. Même les véhicules tout terrain, des pick up, sont la bienvenue parce qu’il nous arrivera certainement d’aller dans des zones vraiment enclavées. Il est vrai que nous comptons sur Dieu, mais il est vrai que Dieu passe par des hommes pour faire avancer son œuvre sur la terre.
Propos recueillis par Adèle BITGA