Interview-Judith Noél Chekumo

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« Nous demandons au Gouvernement de ne plus accorder de traitement préférentiel à l’industrie du tabac».

A l’occasion de la 37ème édition de la Journée Mondiale Sans Tabac 2024, vous pointez du doigt l’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques de contrôle du tabac. Expliquez-nous cela ?

La thématique de la 37ème édition de la Journée Mondiale sans Tabac 2024 parle de la protection des enfants  contre l’ingérence de l’industrie du tabac. Qu’entend-t-on par ingérence de l’industrie du tabac ? Cela veut dire autrement la mission de l’industrie du tabac dans l’adoption de la mise en œuvre et du contrôle du tabac. Comment est-ce-que cette ingérence se manifeste ? Je commence par l’article 5.3 de la Convention cadre de l’Organisation mondiale de la santé  pour la lutte anti-tabac, qui a été ratifiée par notre pays le Cameroun en 2006. Il pose le principe de non-ingérence de l’industrie dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de santé. Cela veut dire que, quand nous discutons des questions de la protection des générations présentes et futures des effets néfastes du tabagisme, l’industrie ne doit pas être présente. Et si, par ailleurs, l’industrie est sollicitée. Les rencontres doivent être publiques. Les décisions être également se rendre publiquement.

Prenons le cas pratique du Cameroun. La réalité est-t-elle différente ?

Malheureusement, dans notre pays, nous nous rendons compte que, l’industrie a des réunions sécrètes avec les membres du Gouvernement. Elle demande des délais pour s’arrimer à la réglementation sur le contrôle du tabac. Le Ministère de la Santé Publique lui accorde sans en référer au préalable aux autres parties qui se sont assises  pour fixer les délais d’application des textes. Je prends l’exemple sur le marquage sanitaire graphique qui est entré en vigueur chez nous en juin 2019. L’industrie avait retardé la mise en œuvre en demandant les délais. Pour la deuxième phase, cela a toujours été pareille. L’industrie avait demandé un délai de 3 mois prétextant de la Covid 19, après 3 mois supplémentaire et après  6 mois pour écouler les produits, parce que, la pandémie n’a pas permis d’écouler. Ces délais sont accordés sans l’aval des autres acteurs de la société civile. Nous nous sommes rendu compte que ce sont les artifices utilisés par l’industrie. Ils sont là sur le terrain. Ils savent quelle quantité de stock peut être écoulée en tel nombre de temps.

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