Jean Guy NLOGA : « Aujourd’hui on a une base de 25 000 patients qui sont suivis»
Promoteur de l’application MATIPLA Digital Health, ce Camerounais pétri de talent, apporte sa modeste contribution dans la transformation du système de santé Camerounais.
Vous etes à Promote pour la plateforme Matipla, de quoi est-ce qu’il est question réellement ?
Matipla est une entreprise, un projet, une plateforme numérique qui a vocation à offrir des services de santé numérique. Matipla apporte un certain nombre de services qui vient faire un complément à l’offre de soins proposés par les médecins et les formations sanitaires. Et on sait aujourd’hui que les outils technologiques permettent de rapprocher de mieux en mieux les populations. On s’est appuyé sur ces outils pour construire une plateforme qui permettra de reconstruire une relation entre le patient et le médecin qui est une relation parfois abîmée mais qui permettra surtout de remettre le patient au cœur de la santé. C’est à dire qu’avant qu’on ne parle de médecins, avant qu’on ne parle de maladie il y’a d’abord des individus qui doivent être ceux sur qui on doit penser. La plateforme Matipla vient donc dans ce sens-là avec une solution pour orienter le patient, le remettre au cœur de la santé et reconstruire la santé autour du patient.
Comment ça se passe de manière pratique entre les patients et les formations sanitaires ? Comment est-ce que ça commence à partir du patient de la maison jusqu’à ce qu’il se déplace vers la formation sanitaire ?
Le patient n’est pas forcément quelqu’un qui est malade, c’est aussi quelqu’un qui est en bonne santé mais qui a des inquiétudes. Ça veut dire qu’à d’une inquiétude, on peut avoir envie de poser des questions à un médecin. L’idée c’est de pouvoir trouver le bon médecin et l’interroger pour qu’il puisse apporter des solutions, qu’il puisse vous rassurer. C’est le cas généralement chez les femmes enceintes ou chez celles qui ont déjà les enfants. Après il y’a aussi ceux qui sont malades qui ont envie de contacter un médecin pour pouvoir se soigner. C’est à ce niveau que nous intervenons. Donc, vous allez d’abord commencer par créer un espace de santé numérique. C’est un espace dans lequel sera héberger toute l’information médicale qui vous concerne, ça sera les rendez-vous, ça sera la documentation. Une fois que l’espace est créé, vous avez accès à un panel d’outils gratuits, vous pouvez prendre rendez-vous avec un médecin, vous avez la possibilité d’enregistrer vos antécédents médicaux, vous avez la possibilité d’écrire à un praticien pour lui poser des questions. Ça c’est déjà la première étape. Mais, pour le contact avec le praticien vous prenez un rendez-vous et celui-ci va vous recevoir. Lorsqu’il vous reçoit, il vous fera une ordonnance papier sur le compte rendu de consultation que parfois il ne vous remet pas. Aujourd’hui tout est numérique et entendre du numérique c’est que lorsqu’un document est numérique on peut l’analyser sur le plan informatique donc on peut aller y déceler des contre-indications c’est-à-dire que si le médecin vous a prescrit un médicament nous on est capable d’aller lire la base des médicaments pour savoir si ce médicament est contre-indiqué pour ce patient qui a mis dans ses antécédents le diabète et là ça commence à porter un peu d’intelligence dans la prescription, c’est-à-dire qu’on ne prescrit plus de façon aveugle, on suppose dès lors que le médecin connait ce qu’il prescrit mais après la prescription on peut qu’à même siffler au médecin qu’il y’a un point qu’il a oublié, peut-être que ce patient est diabétique et que ce médicament peut avoir un effet secondaire sur le patient. Donc, on accompagne les médecins dans ce qu’on appelle « L’aide à décision médicale ». Une fois que c’est fait, le médecin est aussi beaucoup plus rassuré quant au suivi de son patient. Donc il va vous consulter comme il le fait généralement, vous allez le payer et il va générer l’ordonnance pour les examens, l’ordonnance pour les médicaments et le compte rendu de consultation qui seront à votre disposition au moment où vous sortez du cabinet.
Est-ce à dire que Matipla en back office a une équipe de médecins spécialisés qui assure le suivi entre les soignants et les personnes qui doivent être soignées ?
Il y’a personne, c’est une intelligence artificielle c’est-à-dire que nous avons nos bases de médicaments où nous avons la composition de celui-ci, la formule, les molécules et les contre-indications. Quand le médecin vous prescrit un médicament, nous on va lire la base, il va lire vos antécédents, il va faire des croisements. S’il y a des contre-indications du médicament qui sont liées à vos antécédents, le système va générer une alerte. Disons que tout est totalement automatique.
Le contrat santé prévention est l’une des innovations que Matipla met sur pied, il y en a encore d’autres ?
Le contrat santé prévention ne vient remplacer le médecin parce que nous ne faisons pas les soins, on ne vient pas se substituer aux activités du médecin. En fait, on vient faire ce que l’hôpital devrait faire c’est-à-dire la prévention et le suivi parce qu’avant que vous n’arrivez à l’hôpital on ne vous connait pas, quand vous sortez de l’hôpital on ne vous connait plus, c’est la réalité. Parce que quand vous prenez votre traitement vous n’êtes plus avec le médecin, vous ne lui faites même pas un retour de ce qui se passe et avant que vous n’alliez à l’hôpital il faut que quelqu’un vous dise que, vous êtes peut-être âgé de 55 ans, commencé à faire attention au diabète ou à l’hypertension, vous êtes une jeune fille de 18 ans faites attention à la procréation et aux maladies sexuellement transmissibles. Donc, il y’a un aspect prévention qui n’existe pas aujourd’hui qui n’est pas fait par l’hôpital. Nous on veut le systématiser et on veut le cibler c’est-à-dire que l’information va aller directement chez les personnes concernées, on ne va pas faire la diffusion. Aujourd’hui on a une base de 25000 patients qui sont suivis. Lorsqu’on va faire une information sur la santé reproductive, on va cibler les jeunes filles de 15 à 20 ans. Elles seront les seules à recevoir cette information donc qu’il y a une prévention ciblée. On vient dès lors aider l’hôpital à donner la bonne information médicale au patient. Maintenant une fois que vous avez l’information et que vous arrivez quand même à l’hôpital, il va vous suivre. Derrière nous allons déclencher le suivi médical, C’est-à-dire que nous allons amener le médecin à vous envoyer un questionnaire 7 jours après le traitement. Le but du questionnaire est de s’assurer que le traitement avance bien parce que derrière ça on parvient à évaluer si le traitement a marché. Ça permet également au médecin de déceler les bonnes molécules et les bons médicaments qui peuvent aider à soigner certaines pathologies. Il permet également de prendre régulièrement des nouvelles sur l’évolution progressive du patient, s’il y a défaillance, vous pourrez être rappelé à l’hôpital pour d’autres examens. Nous on veut que le suivi continue après l’hôpital c’est pourquoi il y a le CSP, il viendra apporter le complément prévention, le complément suivi aux soins qui existent actuellement dans l’information sanitaire.
En outre de ce service, il y en a un autre ?
Il y a aussi le service de gestion d’activités médicales. Comme je vous le disais aujourd’hui on a un environnement qui permet d’analyser la prescription, les médicaments et les antécédents. C’est le service qu’on va mettre à la disposition de formations sanitaires qui va prendre le module admission permettant de générer les espaces santés pour ses patients, d’avoir un espace unique pour les dossiers médicaux des patients mais aussi avoir la possibilité de suivre service par service c’est-à-dire dans chaque service on pourra savoir quelles sont les pathologies les plus récurrentes, on pourra savoir quel type de patient on a, on pourra également repérer dans chaque service quels sont les symptômes qui reviennent le plus souvent. C’est très intéressant parce que ça pourrait permettre de déceler des épidémies parce que si par exemple on se rend compte qu’il y a des affections respiratoires qui reviennent régulièrement dans un service dans une semaine on peut commencer à s’interroger sur ce qui ne va pas. Donc il y a un tableau qui est généré et qui permet à la formation sanitaire de suivre son activité de façon plus efficace possible et ça c’est le second produit que nous avons mis sur le marché.
L’application Matipla, comment on fait pour l’avoir et l’utiliser au quotidien ?
Pour avoir l’application Matipla, le camerounais peut aller sur Play store pour télécharger mais il peut aussi aller sur YouTube en tapant Matipla, il va avoir l’accès web à partir de là il va créer son espace santé, une fois qu’il ses identifiants il aura donc la possibilité de pouvoir y accéder de prendre contact avec le médecin et là c’est totalement gratuit donc il fait ce qu’il veut et rencontrer le médecin qu’il veut. Quand le CSP arrive, c’est juste pour organiser le parcours de santé et le rendre beaucoup plus efficace mais le patient une fois qu’il a créé son espace de santé il est libre d’aller faire ce qu’il veut dans la plateforme.
Pour le citoyen qui ne connait pas que Matipla existe, qu’est-ce qui est fait pour que celui-ci puisse connaitre son existence ?
Aujourd’hui, nous essayons de nous rapprocher des populations soit à travers les réseaux sociaux mais généralement sur le terrain comme actuellement. Nous travaillons avec 20 formations sanitaires de façon officielle accompagnée du ministère de la santé qui nous a agréés pour cela. Donc on est constamment en contact avec les patients et généralement nous faisons aussi des activités autour des formations sanitaires et dans les quartiers pour aller apporter l’information Matipla auprès des citoyens et leur dire voilà, vous avez une application qui peut vous permettre de gérer vos formations sanitaires, votre santé et qui peut vous accompagner dans l’ensemble de votre parcours de santé.
AB