Journée mondiale de l’Environnement : des milliers de personnes exposées au danger du mercure

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Journée mondiale de l’Environnement, le dimanche 5 mai, alors qu’environnement et santé sont étroitement liés. Au Cameroun, l’association Forêts et développement rural (Foder) alerte sur les dangers de l’utilisation du mercure dans les mines d’or artisanales. L’ONG Foder appelle à renforcer les mécanismes de contrôle sur le terrain car même si dans la loi camerounaise, l’usage du mercure est interdit, dans les faits, des milliers de personnes sont encore exposées au produit dans les chantiers miniers de l’Est, de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua.

Mercure, arsenic, plomb… Ces métaux, soupçonnés d’avoir des répercussions sur le fœtus et le développement futur de l’enfant, sont omniprésents dans notre environnement. Une étude publiée par le Centre d’Environnement et de Développement (CED), révèle qu’à l’exception de l’uranium, les 12 substances étudiées (antimoine, arsenic, cadmium, césium, chrome, cobalt, étain, mercure, nickel, plomb, uranium et vanadium) sont retrouvées chez près de la totalité des femmes enceintes.

«C’est une première photographie de l’imprégnation des femmes enceintes camerounaises par ces polluants environnementaux.» Ces résultats sont la suite des travaux présentés en mars dernier concernant l’exposition des femmes enceintes aux polluants, dont le bisphénol A et les pesticides. À nouveau, l’agence sanitaire a analysé des échantillons d’urines, de sang de cordon ombilical et de cheveux de 4145 femmes ayant accouché en 2011. Pour les substances les plus connues, que sont le mercure et le plomb, l’étude annonce une bonne nouvelle: les niveaux d’imprégnations tendent à baisser par rapport aux années précédentes.

 L’étude montre ainsi qu’une dizaine de femmes, dont la majorité consommait deux fois plus de poissons que les autres, affichaient des taux de mercure plus élevés que la valeur de référence fixée à 2,5 µg par gramme de cheveux. Pour le plomb, une soixantaine de femmes avaient des concentrations supérieures au seuil de 25 µg/l de sang de cordon, dont 15 à plus de 50 µg/l car elles utilisaient des plats en céramique artisanale ou utilisaient des cosmétiques contenant ce métal lourd.

Cependant, dépasser la valeur seuil ne signifie pas qu’il existe systématiquement un effet défavorable pour la santé, insiste Santé Publique France dans son rapport. « Les personnes qui manipulent les terrains ont commencé à avoir des plaies inguérissables sur la peau. On a des femmes qui sont enceintes et on a observé qu’il y a des femmes qui faisaient des fausses-couches. Ce mercure est déversé dans les cours d’eau et nous avons vu, sur le terrain, où nous avons fait des prélèvements de poissons dans le fleuve de Lom, que ces poissons n’avaient pas de nageoires, que ces poissons étaient blessés. Autour de ces cours d’eau, il y a des pêcheurs et donc le mercure se retrouve dans la chaîne alimentaire. Donc pour nous, l’environnement dans lequel se déroule l’activité minière artisanale est pollué et cela constitue une menace pour la population, pour la faune, pour les oiseaux aussi qui viennent s’abreuver dans les cours d’eau. Pour nous, c’est un sérieux problème ». L’étude montre également que la consommation de tabac, d’eau en bouteille ou de robinet, ou encore de thé expose à d’autres métaux comme le nickel, le cadmium ou le cobalt. Les modes de vies jouent également un rôle. Certaines sources sont par ailleurs communes à plusieurs polluants.

Elvis Serge NSAA

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