Sécurité alimentaire et nutritionnelle : 12.8% des camerounais ont faim

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Selon une enquête menée par le Minader, le PAM, la FAO, PU et ACF/SI auprès de 9 959 ménages dans les 10 régions du Cameroun, la situation d’insécurité alimentaire a connu une détérioration, passant de 12.8% en 2019 à 20.4% en 2020. Les régions du Nord-Ouest (40.0%), du Sud-Ouest (30.7%), du Littoral (25.1%), de l’Extrême-Nord (24.8%), de l’Adamaoua (22.1%) et de l’Ouest (20.5%), qui subissent les effets de diverses crises humanitaires, sont les plus touchées par l’insécurité alimentaire. Les régions du Sud-Ouest (6.9%), de l’Extrême-Nord (5.4%) et du Nord-Ouest (4.4%) ont chacune une prévalence d’insécurité alimentaire sévère avoisinant les 5%.

Environ 2,7 millions de personnes sont en insécurité alimentaire aiguë (Cadre Harmonisé (CH), Phases 3 à 5) au Cameroun pour la phase courante d’octobre-décembre 2020 et 2,3 millions (9%) en phase projetée (Juin-Août 2021). La grande majorité de ces personnes se trouvent dans les régions de l’Extrême-Nord, Nord-Ouest, Littoral et Sud-Ouest et Adamaoua.

L’insécurité alimentaire résulte essentiellement d’une consommation alimentaire inadéquate (10.7% de la population), de stratégies d’adaptions négatives basées sur la consommation alimentaire ou sur les moyens d’existence (respectivement 10.2% et 17.2% des ménages), ou de la vulnérabilité économique, avec 33.2% de la population consacrant 65% ou plus de leurs dépenses aux aliments. Par ailleurs, 1.1% des ménages souffrent de faim grave à très grave.

Près du tiers (32.4%) des ménages au Cameroun ont une alimentation peu diversifiée, composée d’au plus quatre groupes d’aliments, et ce davantage dans les régions du Littoral (48.4%), de l’Extrême-Nord (39.1%) et du Nord-Ouest (36.7%).

Éliminer la faim et la malnutrition est un des plus grands défis auxquels l’humanité est confrontée. Selon la définition du Comité de la sécurité alimentaire mondiale des Nations Unies, une personne est en situation de « sécurité alimentaire » lorsqu’elle a la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive lui permettant de satisfaire ses besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. Il est nécessaire de s’attaquer d’urgence au problème de la sécurité alimentaire mondiale, comme l’a reconnu l’Organisation des Nations Unies dans ses Objectifs de développement durable (ODD).

L’ODD 2, en particulier, appelle à éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable d’ici à 2030. Ce sont là des défis considérables pour l’ensemble de la planète, qui appellent une coopération internationale et des réformes.

Si des progrès ont été faits sur le front de la sécurité alimentaire au fil des ans, ils ont été inégaux suivant les pays et les régions, et la pandémie en a annulé une part non négligeable.  D’après les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le Covid-19 a fait bondir la sous-alimentation : en 2020, entre 720 et 811 millions de personnes dans le monde souffraient de la faim, soit 118 millions de plus qu’en 2019. Même si la disponibilité alimentaire mondiale moyenne par personne devrait croître de 4 % d’ici à 2030, il sera difficile d’éradiquer la faim comme le prévoit l’ODD 2.

 La disponibilité alimentaire ne progressera pas dans les mêmes proportions dans toutes les régions. C’est dans les pays à revenu intermédiaire que les consommateurs augmenteront le plus sensiblement leur ration alimentaire, alors qu’elle restera en grande partie inchangée dans les pays à faible revenu. Cette évolution sera lourde de conséquences pour les populations sous-alimentées et en situation d’insécurité alimentaire grave qui sont les plus en difficulté. La sécurité alimentaire pâtira en outre du dérèglement climatique et de la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, qui obligent à déplacer les productions végétales vers de nouvelles régions et entraînent une fluctuation des disponibilités alimentaires à court terme. Les échanges demeureront essentiels pour la sécurité alimentaire dans les pays importateurs de produits alimentaires et pour la subsistance des populations rurales dans les pays exportateurs.

Elvis Serge NSAA

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