La fuite des cerveaux : Le Cameroun saigne ses talents

0
20

De janvier à avril 2024, près 6000 camerounais ont immigré au Canada, portant à plusieurs centaines de milliers de personnes, le nombre de camerounais ayant choisi de s’expatrier vers ce pays et bien d’autres depuis près de deux décennies déjà. Le Cameroun est le deuxième pays au monde pourvoyeurs de main d’œuvre au Canada,

Le Patronat camerounais est particulièrement préoccupé par cette migration massive de nos travailleurs qualifiés. Cette tendance exacerbée par les nombreuses crises que notre pays subit depuis plusieurs années, a des répercussions significatives sur l’économie nationale et notre marché du travail.  Discours du Président Célestin TAWAMBA à la rentrée économique du patronat, le 18 septembre 2024.

 Cette fuite des compétences est exacerbée par les nombreuses crises que notre pays subit depuis plusieurs années. La crise économique, la crise politique et la crise sécuritaire ont créé un climat d’incertitude qui pousse les jeunes Camerounais à chercher des opportunités ailleurs. Les conséquences économiques de cette fuite des compétences sont déjà visibles.

Selon le site d’information de BBC-Afrique, consulté le 28 octobre 2024, avec 1 730 ressortissants, son pays le Maroc est le deuxième pourvoyeur africain de main d’œuvre temporaire au Canada, sur les 48 pays africains repertoriés par les autorités canadiennes, derrière la Tunisie qui totalise 2105 travailleurs temporaires dans le pays. Dans le top 5 des pays africains ayant des travailleurs temporaires au Canada, on trouve aussi le Cameroun, 3ème avec 1 210 ressortissants, l’Algérie, 4ème avec 1 115 et Madagascar, 415 ressortissants exerçant comme ouvriers temporaires, selon notre décompte sur le document du gouvernement.

La France, qui accueille 38 530 migrants, reste l’une des destinations favorites

De janvier à avril 2024, près 6000 camerounais ont immigré au Canada, portant à plusieurs centaines de milliers de personnes, le nombre de camerounais ayant choisi de s’expatrier vers ce pays et bien d’autres depuis près de deux décennies déjà. Le Cameroun est le deuxième pays au monde pourvoyeurs de main d’œuvre au Canada.  Selon le profil migratoire du Cameroun établi par l’OIM disponible sur son site d’information depuis le 16 mars 2010, le rapport estimait le nombre d’émigrants camerounais à 170 363 en 2007. La France, qui accueille 38 530 migrants, reste l’une des destinations favorites, suivie du Gabon (30 216), du Nigéria (16 980) et des Etats-Unis (12 835). Le Ministère camerounais des Relations extérieures estime que jusqu’à 30 000 Camerounais vivaient dans le Golfe de Guinée entre 2000 et 2004, essentiellement parce qu’ils appartiennent aux mêmes groupes ethniques et à la même région géographique.

En outre, les rapatriements de fonds envoyés par les migrants camerounais sont passés de 11 millions de dollars en 2000 à 103 millions en 2004, pour atteindre le record de 167 millions de dollars en 2008, ce qui représente 0,8 pour cent du produit intérieur brut du pays. Les rapatriements de fonds sont utilisés à des fins médicales et éducatives ou pour l’achat de biens de consommation. Le rapport fait observer que ces transferts stimulent l’activité économique du pays en remplaçant le crédit et les autres méthodes de financement et en facilitant la mise en œuvre de projets et autres activités de génération de revenus.

D’autres facteurs doivent être pris en compte, comme le manque de fournitures médicales

Par ailleurs, le rapport indique que l’augmentation des transferts de fonds permet d’élargir le système bancaire et de multiplier les banques et les agences de transferts d’argent, et donc de créer des milliers d’emplois. Cependant, la migration depuis le Cameroun continue de contribuer à la fuite des cerveaux. « Le début de l’épidémie de VIH/Sida a coïncidé dans les pays d’émigration avec une hémorragie de personnels médicaux, en général recrutés par les systèmes de santé d’États étrangers, ce qui a soulevé des inquiétudes particulières. En outre, avec l’augmentation des revenus et le vieillissement des populations dans les pays de l’OCDE, on y anticipe une croissance rapide de la demande de professionnels de la santé. Par ailleurs, différentes contraintes limitent la capacité des pays à faible revenu à offrir les soins médicaux vitaux. Il n’est pas toujours certain que la disponibilité de professionnels de la santé en soit la cause principale. D’autres facteurs doivent être pris en compte, comme le manque de fournitures médicales et la faible densité de l’infrastructure sanitaire », écrit dans un article scientifique, la cohérence des politiques au service du développement : Migrations et pays en développement. Chapitre 5 La fuite des cerveaux et ses effets sociaux négatifs : quand les pays d’origine en souffrent-ils ?

L’exode des médecins africains a eu un impact négatif sur la formation des nouveaux médecins et sur la qualité des services de santé offerts dans de nombreux pays

D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 42,3 pour cent des 57 050 Camerounais qui travaillent en Europe sont hautement qualifiés. D’après l’Ordre des médecins camerounais, 4 200 médecins camerounais, principalement des spécialistes, travaillent à l’étranger. Seulement 800 d’entre eux, soit 1 pour 10 000 à 20 000 habitants, restent dans les villes et 1 pour 40 000 à 50 000, dans les zones rurales.

L’exode des médecins africains a eu un impact négatif sur la formation des nouveaux médecins et sur la qualité des services de santé offerts dans de nombreux pays. Ce phénomène date des années 60, époque où les pays africains ont acquis leur indépendance et développé comme jamais précédemment leur système d’éducation. L’émigration a ensuite été favorisée par la détérioration de la situation économique et politique, ainsi que par divers facteurs en résultant tels que la frustration professionnelle et l’absence de reconnaissance, voire de récompense, des performances.

Le départ de personnes très instruites signifie donc que le capital humain dans lequel la nation a investi part à l’étranger. La perte de main-d’œuvre clé rend plus difficile la prestation des services sociaux cruciaux, tels que les soins de santé et l’éducation.

Les entreprises camerounaises sont confrontées à des difficultés pour recruter des travailleurs qualifiés, ce qui peut entraver leur croissance et leur développement. De plus, la perte de ces compétences peut également entraîner une perte de connaissances et d’expertise qui sont essentielles pour le développement de notre économie. Le Patronat camerounais est conscient de la gravité de cette situation et est prêt à travailler avec les autorités pour trouver des solutions. Nous proposons de mettre en place des politiques pour attirer les jeunes Camerounais à rester dans le pays et à investir dans leur avenir. Nous proposons également de créer des programmes de formation et de perfectionnement pour améliorer les compétences des travailleurs camerounais.

Elvis Serge NSAA

bon à savoir : Rentrée académique : La relève médicale camerounaise se forme à la Faculté de médecine de Yaoundé

Leave a reply

ECHOS SANTE

GRATUIT
VOIR