« Le Cameroun renforce son leadership dans la riposte au Sida en Afrique Centrale »

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Le Dr MANAOUDA Malachie, Ministre de la Santé Publique du Cameroun, annonce avec fierté que le pays renforce son leadership dans la riposte au Sida en Afrique Centrale ». Cette affirmation intervient suite à la désignation du Centre International de Référence Chantal Biya (CIRCB) comme laboratoire WHO HIVResNet par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette reconnaissance stratégique renforce non seulement la capacité nationale du Cameroun à surveiller et maîtriser la résistance du VIH aux antirétroviraux, mais positionne également le pays comme un acteur clé dans les stratégies mondiales de lutte contre le SIDA.

Comment la désignation du Cameroun à travers le CIRCB en tant que laboratoire WHO HIVResNet impacte-t-elle la stratégie nationale du Cameroun en matière de prévention et de gestion du VIH/SIDA ?

Sous la vision du Chef de l’État son Excellence PAUL BIYA, le Cameroun a souscrit à l’objectif d’élimination du Sida d’ici 2030, avec l’ambition d’identifier 95% des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) ; de mettre 95% des PVVIH sous traitement ARV ; et de s’assurer que 95% des PVVIH aient une charge virale supprimée d’ici fin 2025, gage de l’efficacité du traitement antirétroviral dans notre pays.

Afin de préserver l’efficacité des traitement ARV, il est capital de surveiller la résistance du VIH aux ARV. C’est sans doute dans cette optique que le Ministère de la Santé Publique a adressé une requête à l’OMS pour l’évaluation du CIRCB pour le compte du Cameroun. À la suite de cette évaluation en matière de gouvernance, d’infrastructure et de capacité technique, notre pays a été reconnu officiellement par l’OMS en date du 8 juillet 2025 avec la compétence spécialisée sur le VIH/Sida.

Cette reconnaissance de l’OMS démontre la capacité du Cameroun de maitriser l’émergence des résistances du VIH aux ARV et à garantir l’efficacité des médicaments ARV utilisés dans notre pays. En tant que seul laboratoire de référence OMS en la matière dans la sous-région Afrique Centrale, le Cameroun va contribuer efficacement au niveau international, à la surveillance des résistances aux ARV afin d’accompagner l’OMS dans le choix des médicaments antirétroviraux pour la lutte contre le Sida en Afrique voir ailleurs.

Le Cameroun confirme ainsi son leadership dans la riposte au VIH/Sida en Afrique Centrale et sa contribution significative dans les stratégies de traitements antirétroviraux au niveau mondial. 

Quelles ressources supplémentaires, le cas échéant, seront allouées au CIRCB pour s’assurer qu’il peut remplir efficacement ses nouvelles responsabilités en tant que laboratoire national de test de la résistance aux antirétroviraux ?

De prime abord, il convient de signaler que cette reconnaissance de l’OMS en faveur du Cameroun a été facilitée par l’optimisation de la collaboration entre le CNLS et le CIRCB, suite à la décision prise le 18 Mars 2024 dernier. Nos travaux collaboratifs ont ainsi permis au CIRCB :

L’évaluation avec succès du CIRCB comme laboratoire de référence Américaine « CDC » (Centre for Disease Control and prevention). Cette performance permet au CIRCB de servir de laboratoire de séquençage pour la surveillance des résistances du VIH chez les personnes testées positifs durant l’enquête CAMPHIA au Cameroun. Cette performance renforce notre système santé en capacité et évite l’envoi des échantillons hors du Cameroun pour de telles analyses, grâce à cette expertise locale. Les ressources associées sont ainsi assignées au CIRCB.

Sous financement Fonds mondial au CNLS, le CIRCB servira le laboratoire de référence pour le monitoring en routine de la résistance du VIH aux traitements à base du dolutegravir, afin de renforcer nos stratégies thérapeutiques antirétrovirales. Les ressources associées à ce projet sont ainsi assignées au CIRCB.

Comme laboratoire OMS pour la surveillance des résistances, les ressources en matière d’intrants et fonds seront à l’endroit du CIRCB.

En somme, le bénéfice majeur réside sur la capacitation de la ressource humaine et le renforcement de notre système de santé sur la surveillance des résistances. 

Comment le Comité National de Lutte contre le Sida assurera-t-il une collaboration et une coordination efficaces entre le CIRCB et les autres parties prenantes nationales et internationales dans la lutte contre la résistance aux médicaments anti-VIH ?

Au niveau national, le CNLS travaille en étroite collaboration avec le CIRCB sur la problématique de la résistance du VIH autour d’un Groupe de Travail National sur la Phamaco-résistance du VIH, en collaboration avec les autres structures du MINSANTE à savoir la Division de la Recherche Opérationnelle en Santé (DROS), la Direction de la Lutte contre la Maladie, les Épidémies et les Pandémies (DLMEP), la Direction de la Pharmacie, du Médicament et du Laboratoire (DPML), les directions/sections connexes, les organisations de la société civile ainsi que les partenaires techniques et financiers en occurrence l’OMS, CDC, UNICEF, ONUSIDA, etc.

Au niveau international, la collaboration entre le CNLS et le CIRCB a permis une représentation du Cameroun au niveau : (1) du groupe technique de travail OMS pour la surveillance des résistances du VIH, (2) du groupe d’élaboration des directives OMS en matière de test du VIH ; (3) du conseil scientifique de la conférence internationale sur la résistance du VIH et les stratégies thérapeutiques sous l’égide de l’OMS. 

Quels avantages directs cette désignation devrait-elle apporter aux personnes vivant avec le VIH au Cameroun, en particulier en ce qui concerne les résultats du traitement et l’accès à des tests avancés ?

L’avantage direct de cette désignation est la capacité du Cameroun d’offrir ce test en routine et pour la surveillance de la résistance du VIH chez les patients Camerounais. Ceci permet d’une part d’optimiser les choix de traitement ARV chez nos patients et d’autre part de renforcer l’algorithme prise en charge du VIH dans notre pays. Toujours en termes de bénéfice direct au niveau national, nous avons inclut le test de résistance du VIH pour le passage des traitements ARV de deuxième ligne vers la troisième ligne. Toutefois, ce test est offert avec subvention pour tout patient, il est gratuit chez les enfants et les femmes enceintes éligibles, contribuant ainsi les offres de service de la couverture santé universelle mise en œuvre sous la vision du Chef de l’État.

Comment les données générées par les tests de résistance aux antirétroviraux seront-elles intégrées dans les systèmes nationaux de surveillance et comment éclaireront-elles les décisions politiques concernant les lignes directrices de la thérapie antirétrovirale ?

Il faut signaler que dans le cadre de la collaboration entre le CNLS et le CIRCB, les données générées par le CIRCB ont par le passé contribué à l’élaboration des directives nationales de prévention et de prise en charge du VIH/Sida au Cameroun. En effet, un plan stratégique opérationnel de la pharmacorésistance du VIH 2024-2028 permet au Cameroun de surveiller : (1) les résistances prétraitement avant l’initiation thérapeutique, (2) les résistances acquises après échec sous traitement, ainsi que les indicateurs d’alerte précoce de la pharmaco-résistance au niveau des sites de prise en charge du VIH. Ce dispositif de surveillance est mis en œuvre dans le cadre : du groupe de travail national sur la pharmaco-résistance ; des sessions mensuelles du VIROFORUM (plateforme de virologie sur la résistance) piloté par le CIRCB ; des ateliers internationaux de virologie organisés semestriellement au CIRCB en collaboration avec le CNLS, la DLMEP, la DROS, la DSF, autres directions, la société civile et les partenaires techniques et financiers.

Des sessions du Conseil scientifique du CNLS qui a pour but de valoriser les résultats de surveillance de la résistance pour la prise des décisions adaptées à nos réalités locales, au Cameroun et pour la sous-région.

A lire aussi: « Le CIRCB s’est déjà positionné comme structure de recherche leader dans son domaine.»

Quels sont les objectifs et les attentes à long terme concernant le rôle du Cameroun dans les efforts régionaux et mondiaux de lutte contre la résistance aux médicaments anti-VIH, suite à cette importante désignation ?

Les objectifs actuels du Cameroun sont de préserver les acquis en termes de performances techniques durant les deux prochaines années comme référence nationale, mais aussi d’offrir le test de résistance à toute la population Camerounaise suivant les mécanismes de la CSU en cours.

Quant aux attentes futures, elles reposent sur le passage vers une catégorie de laboratoire régional de la surveillance de la résistance du VIH. Ce qui permettra un partage d’expérience en matière de coaching de plusieurs pays Africains. Dans un futur plus lointain, le Cameroun pourra monter au niveau mondial des laboratoires spécialisés OMS, pour servir de centre d’excellence en contrôle qualité externe à des pays dans plusieurs continents.  

Propos recueillis par Elvis Serge NSAA

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