Le Fonds Régional pour la Promotion de la Santé : Moteur de la décentralisation sanitaire et de la CSU
Créé pour améliorer la santé des populations, le Fonds Régional pour la Promotion de la Santé du Sud s’est imposé comme un acteur incontournable de la décentralisation sanitaire au Cameroun.
Grâce à une gestion rigoureuse et des partenariats solides, le FRPS-Sud a réussi à réduire les ruptures de stock de médicaments et à améliorer la qualité des soins dans cette partie du pays.
Le FRPS-Sud est engagé dans une lutte sans relâche contre les inégalités en matière de santé et œuvre pour une couverture santé universelle pour tous les Camerounais. Echos Santé plonge au cœur du Fonds Régional pour la Promotion de la Santé du Sud à travers une interview exclusive de Louis De Gonzac BOYOGUENO, Administrateur du FRPS-Sud.
Bonjour Monsieur l’Administrateur, nous vous sommes reconnaissants de nous accorder cet entretien. Pourriez-vous, pour nos lecteurs, nous présenter le Fonds Régional pour la Promotion de la Santé du Sud et expliciter son rôle dans le système de santé camerounais ?
Bonjour et bienvenue à l’équipe d’Echos Santé. C’est un plaisir de vous recevoir et de contribuer à mieux faire connaître notre structure. Le Fonds Régional pour la Promotion de la Santé du Sud (FRPS-Sud) est un acteur clé du système de santé dans la région. Imaginez une plateforme où convergent les efforts de l’État, d’organisations internationales comme l’OMS et l’UNICEF, et de divers bailleurs de fonds, tous unis pour un objectif commun : améliorer la santé des populations du Sud. En tant que groupement d’intérêt public, nous fonctionnons avec une totale transparence et en étroite collaboration avec la Délégation Régionale de la Santé Publique. Notre mission est de faciliter l’accès aux soins, d’appuyer les initiatives locales et de promouvoir une meilleure santé pour tous.
Vous avez mentionné la collaboration avec la Délégation Régionale. Concrètement, en quoi le FRPS-Sud est-il un instrument de la décentralisation du système de santé ?
La décentralisation est un principe fondamental qui vise à rapprocher les services de santé des populations et à adapter les actions aux réalités locales. Le FRPS-Sud incarne parfaitement cette décentralisation. Nous sommes implantés au cœur de la région et avons une connaissance approfondie de ses spécificités : disparités géographiques, besoins sanitaires prioritaires, difficultés d’accès aux soins dans certaines zones… Cette connaissance fine nous permet d’ajuster nos interventions et d’optimiser leur impact. Par exemple, pour la distribution des médicaments, nous tenons compte de l’enclavement de certains départements comme l’Océan ou le Dja et Lobo, en utilisant des moyens de transport adaptés (motos, pirogues) et en collaborant avec des relais communautaires.
La distribution des médicaments est un sujet crucial. Pouvez-vous nous dresser un bilan des progrès réalisés ces dernières années par le FRPS-Sud ?
La situation en 2020 était préoccupante, marquée par des ruptures de stock fréquentes et des délais de livraison excessivement longs, pouvant aller jusqu’à 38 jours. Face à ce constat, nous avons mis en place un plan d’action ambitieux qui a porté ses fruits. Aujourd’hui, nous sommes fiers d’annoncer un taux de disponibilité des médicaments essentiels de l’ordre de 80 à 90%. De plus, les délais de livraison ont été considérablement réduits, passant à 3,8 jours en moyenne. Ces résultats ont un impact direct sur la qualité des soins et la santé des populations. Imaginez une formation sanitaire en zone rurale qui peut désormais recevoir ses commandes de médicaments en quelques jours au lieu de plusieurs semaines. Cela change la donne pour la prise en charge des patients.
Quels leviers avez-vous actionnés pour obtenir de tels résultats ?
Améliorer la distribution des médicaments a nécessité une approche multifactorielle. Tout d’abord, nous avons investi dans le renforcement de notre logistique. L’acquisition d’une cantine nous permet de transporter des volumes importants de médicaments, même sur des terrains difficiles. Nous avons également noué des partenariats avec des transporteurs locaux, qui connaissent parfaitement les routes et les pistes de la région. Parallèlement, nous avons mis en place un système de gestion des stocks plus performant, basé sur une analyse précise des besoins et des consommations. Ce système nous permet d’anticiper les ruptures de stock et de passer les commandes en temps opportun. Enfin, nous avons développé des relations de confiance avec les fournisseurs de médicaments, en privilégiant les circuits d’approvisionnement courts et les produits de qualité.
Malgré ces avancées, la question des impayés des formations sanitaires reste un défi. Comment le FRPS-Sud l’aborde-t-il ?
Effectivement, les impayés constituent un problème complexe et persistent. En 2020, le montant total des créances s’élevait à près de 300 millions de francs CFA. Nous avons conscience de l’impact de ces impayés sur le fonctionnement des formations sanitaires et nous mettons tout en œuvre pour y remédier. Un plan de recouvrement progressif a été mis en place, avec un accompagnement personnalisé des structures endettées. Cependant, nous refusons de laisser la situation financière des formations sanitaires compromettre l’accès aux soins des populations. C’est pourquoi nous continuons de fournir des médicaments à crédit, tout en sensibilisant les responsables sur l’importance de respecter leurs engagements financiers. Nous travaillons main dans la main avec la Délégation Régionale de la Santé Publique pour trouver des solutions pérennes à ce problème.
Abordons maintenant la Couverture Santé Universelle. Quel est le rôle précis du FRPS-Sud dans sa mise en œuvre ?
La CSU est une réforme majeure qui vise à garantir l’accès aux soins de santé essentiels pour tous les Camerounais. Le FRPS-Sud est un acteur central de ce dispositif. Notre rôle est de financer les prestations de soins offertes dans le cadre de la CSU. Prenons un exemple concret : une femme enceinte qui bénéficie du chèque santé. Ce chèque lui permet d’accéder gratuitement à un ensemble de prestations : consultations prénatales, échographies, accouchement, suivi post-natal… Lorsque cette femme se présente dans une formation sanitaire, celle-ci enregistre chaque acte médical réalisé et le déclare au FRPS-Sud. Nos équipes procèdent alors à une vérification rigoureuse de ces déclarations avant de payer la formation sanitaire.
Pouvez-vous nous éclairer davantage sur ce processus de vérification ?
La vérification des prestations est une étape fondamentale pour assurer la transparence et la bonne gestion des fonds publics. Elle se déroule en plusieurs phases. Premièrement, la formation sanitaire saisit les informations relatives à chaque prestation dans un logiciel dédié, appelé “open image”. Ce logiciel permet de centraliser les données et de faciliter leur traitement. Deuxièmement, un gestionnaire de district, généralement un infirmier ou une sage-femme, effectue une visite de vérification sur le terrain. Il s’assure que les prestations déclarées correspondent bien aux actes médicaux réalisés et que les dossiers des patients sont complets et correctement renseignés. Troisièmement, un médecin-conseil, qui possède une expertise médicale pointue, analyse les dossiers et vérifie la conformité des actes médicaux avec les protocoles et les recommandations en vigueur. Il peut par exemple s’assurer qu’une césarienne a été pratiquée selon les indications médicales appropriées. Enfin, si toutes les vérifications sont concluantes, le responsable administratif et financier du FRPS-Sud valide la facture et autorise le paiement de la formation sanitaire.
En plus de la distribution des médicaments et de la CSU, le FRPS-Sud est également impliqué dans des actions de promotion de la santé. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Absolument. La promotion de la santé est un axe majeur de notre action. Nous menons des campagnes de sensibilisation sur des thématiques variées : la vaccination, la planification familiale, la lutte contre le paludisme, la prévention du VIH/SIDA, l’hygiène de vie… Ces campagnes sont conçues pour toucher un large public et s’appuient sur différents canaux de communication : émissions de radio, affichage publicitaire, organisation d’événements communautaires, théâtre forum, caravanes de santé… Nous adaptons nos messages et nos supports en fonction des publics cibles et des contextes locaux. Par exemple, pour sensibiliser les populations des zones rurales à l’importance du lavage des mains, nous organisons des démonstrations pratiques dans les villages et distribuons du savon. Nous soutenons également des initiatives locales portées par des associations ou des ONG qui œuvrent pour l’amélioration de la santé des populations. Récemment, nous avons apporté notre soutien à un projet de formation des relais communautaires en santé maternelle et infantile. Ces relais jouent un rôle essentiel dans les villages enclavés en accompagnant les femmes enceintes et les jeunes mamans.
La bonne gouvernance est un enjeu primordial pour une structure comme le FRPS-Sud. Quelles sont les mesures mises en place pour garantir la transparence et la responsabilité dans la gestion des ressources ?
La transparence et la responsabilité sont au cœur de nos préoccupations. Nous avons mis en place un système de gestion financière rigoureux, conforme aux normes nationales et internationales. Chaque année, un commissaire aux comptes indépendant, agréé par l’Ordre National des Experts Comptables du Cameroun, audite nos comptes. Ce contrôle externe garantit la fiabilité de nos informations financières et la bonne utilisation des fonds publics. De plus, nous publions régulièrement des rapports d’activités qui présentent de manière transparente nos actions et l’utilisation de nos ressources. Ces rapports sont accessibles à tous et contribuent à renforcer la confiance de nos partenaires et des bénéficiaires. Nous sommes également engagés dans une démarche d’amélioration continue de nos processus de gestion, en nous appuyant sur les recommandations des audits et les bonnes pratiques en matière de gouvernance.
Pour terminer, quels sont les principaux défis que le FRPS-Sud doit relever et quelles sont ses perspectives d’avenir ?
Le chemin est encore long, mais nous sommes déterminés à poursuivre nos efforts pour améliorer la santé des populations de la région du Sud. L’un de nos principaux défis est la mobilisation de ressources financières supplémentaires pour financer nos actions. Nous devons diversifier nos sources de financement et renforcer nos partenariats avec les bailleurs de fonds. L’amélioration de l’accès aux soins dans les zones enclavées reste également une priorité. Nous devons poursuivre nos efforts pour acheminer les médicaments et le personnel médical dans les zones les plus reculées et soutenir les initiatives de télémédecine. Le renforcement des capacités des formations sanitaires est également un enjeu majeur. Nous devons investir dans la formation du personnel médical et paramédical, l’acquisition d’équipements modernes et la modernisation des infrastructures. Nous souhaitons également développer des partenariats innovants avec le secteur privé et la société civile pour améliorer l’offre de soins et promouvoir la santé. Enfin, nous sommes engagés dans une démarche d’amélioration continue de nos services et de renforcement de la gouvernance.
Merci Monsieur l’Administrateur pour cet entretien éclairant. Nous saluons le travail accompli par le FRPS-Sud au service de la santé des populations.
Merci à Échos Santé pour votre intérêt et pour votre contribution à la visibilité de nos actions. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez approfondir certains sujets.
Dépôts médicaments, FRPS-Sud
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