Le Niger : Premier pays africain exempt d’onchocercose

Dr Paulin Bisinga, Directeur de la Fondation Gates pour l'Afrique.
Le Niger vient de réaliser un exploit historique en éliminant l’onchocercose, aussi appelée cécité des rivières, une maladie qui a longtemps frappé les communautés rurales du pays. Dans une tribune publiée récemment, le Dr Paulin Basinga salue cette avancée majeure en santé publique et en développement.
Une maladie dévastatrice enfin maîtrisée
Dans la région de Tahoua, comme dans de nombreuses autres zones rurales du pays, la cécité des rivières a longtemps été une menace omniprésente. Cette maladie parasitaire, transmise par la piqûre de mouches noires vivant près des cours d’eau, provoque des lésions oculaires irréversibles et d’intenses démangeaisons cutanées. Elle a lourdement pesé sur les populations, entraînant la perte de moyens de subsistance, la déscolarisation de nombreux enfants et une aggravation de la pauvreté.
Aujourd’hui, grâce à des décennies d’efforts coordonnés par le programme national de lutte contre l’onchocercose, dirigé par le Dr Salissou Adamou, le Niger peut tourner cette page douloureuse de son histoire sanitaire. « Ce qui signifie qu’aucun enfant né au Niger aujourd’hui ne craindra d’être aveugle de façon permanente à cause de cette maladie évitable. », se réjouit le Dr. Paulin Basinga, Directeur de la Fondation Gates pour l’Afrique.
Une mobilisation internationale sans précédent
Le succès du Niger repose sur une coopération exemplaire entre les autorités nationales, les ONG spécialisées, les experts en maladies tropicales négligées (MTN), ainsi que des partenaires internationaux, notamment les donateurs et les entreprises pharmaceutiques.
Des initiatives comme le Comité pour l’élimination de l’onchocercose et le fonds Reaching the Last Mile (RLMF) ont permis de structurer la lutte contre la maladie en combinant un dépistage minutieux, un traitement à large échelle et une surveillance épidémiologique rigoureuse.
« Ce triomphe est le fruit d’un engagement collectif, où chaque acteur a joué un rôle essentiel, des scientifiques traquant les foyers de transmission aux volontaires s’exposant aux piqûres de mouches pour collecter des données cruciales », écrit Dr Paulin Bisinga dans sa tribune sur l’élimination de l’onchocercose au Niger
Un impact économique et social considérable
L’élimination de la cécité des rivières au Niger ne constitue pas seulement un progrès médical : c’est un levier économique majeur. Selon les estimations, cette victoire devrait générer 2,3 milliards de dollars de gains économiques, en permettant aux populations de rester actives et productives.
En supprimant un obstacle à l’éducation et au travail, cette avancée contribue directement à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration des conditions de vie des communautés les plus vulnérables.
Un modèle pour l’Afrique et le monde
L’exemple du Niger ouvre la voie à d’autres pays africains encore confrontés à l’onchocercose. À l’échelle mondiale, 55 pays ont déjà éliminé au moins une maladie tropicale négligée, et l’OMS ambitionne d’atteindre 100 pays d’ici 2030.
Toutefois, pour accélérer cette dynamique, les experts appellent à des investissements renforcés dans la recherche, le développement de nouveaux traitements et l’amélioration des outils de surveillance épidémiologique. L’utilisation de l’intelligence artificielle et de la cartographie géospatiale, par exemple, permettrait d’optimiser les stratégies d’éradication.
Un appel à la mobilisation internationale
Si la victoire du Niger est porteuse d’espoir, elle rappelle aussi l’urgence de poursuivre la lutte contre les maladies tropicales négligées, qui affectent encore plus d’un milliard de personnes dans le monde.
Les bailleurs de fonds, les gouvernements et les organisations de santé sont appelés à intensifier leurs efforts pour garantir que d’autres nations puissent suivre la même trajectoire.
« Le Niger prouve que l’élimination de ces maladies est possible avec une volonté politique forte et un engagement international soutenu », affirme le Directeur de la Fondation Gates pour l’Afrique. « Nous devons capitaliser sur cet élan pour offrir à des millions de personnes une vie libérée de ces fléaux. »
Avec cette certification de l’OMS, le Niger entre dans l’histoire comme un modèle de résilience et de progrès sanitaire. Un succès qui, espérons-le, inspirera d’autres nations à intensifier leurs efforts pour vaincre définitivement les maladies tropicales négligées.
Mireille Siapje
Leave a reply
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.