Malgré les efforts du gouvernement, les enfants sans abri, communément appelés “enfants des rues, continuent de saturer la ville de Yaoundé au fil des jours.
Roger, 14 ans, est l’un de ces enfants des rues. Il vit dans la rue depuis un an, après qu’une certaine dame, qui les accueillis en 2021 lorsqu’ils fuyaient la crise anglophone, leur a demandé de se débrouiller seuls. Il a d’abord été loué à des garçons plus âgés, qui l’ont molesté, l’ont privé de nourriture, et ont collecté le peu d’argent qu’il gagnait en poussant des brouettes. Le petit garçon, que ce reporter a rencontré au marché du Mfoundi, a déclaré : “… alors ce que je fais maintenant, c’est que je vais sur n’importe quel marché tous les jours, je loue une brouette et je la pousse. J’achète de la nourriture et je mange, car je n’ai pas de maison pour cuisiner. La nuit venue, je dors dans un bâtiment inachevé. Il y a des jours où je reviens et rencontre des gens là-bas, alors je préfère aller dormir devant n’importe quel bâtiment avec d’autres enfants pour être en sécurité”.
Le petit garçon, qui gagne environ 2000 FCFA par jour, a préféré ne révéler où il garde son argent. Il possède très peu de vêtements, qu’il lave et fait sécher au bord du ruisseau du Mfoundi. Roger a également révélé son intention de travailler plus dur afin d’économiser de l’argent pour se loger. Il ne voit pas d’un bon œil l’idée de se réfugier dans un orphelinat, car il en a visité un, mais n’a pas été satisfait des conditions de vie. Le titulaire du FSLC exprime également son vif désir de ne jamais retourner dans son village natal de Chomba, dans la région du Nord-Ouest, où sa famille et sa maison ont été détruites lors de la crise anglophone. Un bon samaritain l’a ensuite emmené à Yaoundé pour le mettre en sécurité.
L’histoire de Roger n’est qu’une parmi les centaines qui existent à Yaoundé. S’exprimant sur la radio publique camerounaise, CRTV, en 2022, à l’occasion de la 11e édition de la Journée mondiale des enfants des rues, la ministre des Affaires sociales, Pauline Irène Nguene, a déclaré que le gouvernement devait loger, nourrir et éduquer les enfants de la rue et les a exhortés à quitter la rue. Elle a indiqué qu’au moins 250 enfants ont été réunis avec leurs familles ou inscrits dans des écoles au cours de l’année écoulée.
En avril 2023, le gouvernement, par l’intermédiaire du ministère des affaires sociales (MINAS), s’est associé au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ainsi qu’à d’autres organismes nationaux et internationaux, pour assurer la réinsertion et l’inclusion socio-économique des enfants des rues au Cameroun.
Au total, 700 enfants des rues de certaines régions du pays ont été ciblés dans le cadre de ce projet. Cette déclaration a été faite à l’occasion de la 12e édition de la Journée mondiale des enfants des rues. Nyambi III Dikosso, directeur de la solidarité nationale et du développement social au MINAS, a révélé à cette occasion que le MINAS, grâce à la phase pilote du projet, a pu retirer 162 enfants de la rue. 110 sont rentrés chez eux et 40 ont été placés au centre de l’enfance Betamba à Ntui, dans la région du Centre.
Le gouvernement encourage les familles et les communautés à les aider en leur fournissant un abri, un logement, et un accès à l’éducation.
Ingrid KENGNE