Lutte contre la drogue Le Plan national 2024-2030 adopté

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L’Inspecteure générale des services pharmaceutiques et des laboratoires, Dr. Solange Kouakap, au nom du ministre de la Santé publique, a présidé le 4 juillet 2024, à Yaoundé, les travaux de la réunion d’adoption finale du Plan national de lutte contre la drogue 2024-2030.

 

 

D’après l’Institut national de la statistique (INS), dans le rapport de l’enquête GATS, environ 1,1 million de Camerounais consomment du tabac, soit 13,9 % des hommes et 4,3 % des femmes au sein de la population générale. L’âge moyen d’initiation au tabagisme quotidien est d’environ 18,5 ans. Par ailleurs, 15 % des adultes ayant déjà fumé quotidiennement avaient commencé la pratique avant l’âge de 15 ans en milieu urbain, contre 5,3 % en milieu rural. La consommation abusive des substances illicites, de psychotropes antidouleur (tramadol et cannabis) est observée dans toutes les régions du pays. Pour y remédier, le ministre de la Santé publique, Dr Malachie Manaouda, a présidé le 4 juillet 2024, à Yaoundé, les travaux de la réunion d’adoption finale du Plan national de lutte contre la drogue 2024-2030.

L’Objectif global est de réduire significativement l’offre et l’usage des drogues au Cameroun d’ici 2030. Pour arriver, 4 axes stratégiques ont été définis. Il faut réduire l’exposition des populations aux drogues, réduire l’offre des drogues illicites sur le territoire national, améliorer le contrôle des drogues licites. Pour plus d’efficacité, il faut intégrer l’approche des droits humains dans les stratégies et politiques de lutte contre les drogues ; améliorer le contrôle et de la répression à tous les niveaux ; développer les mécanismes de lutte contre la précarité des ménages et de reconversion des personnes impliquées dans le trafic des drogues illicites ; améliorer le contrôle et de l’accès aux médicaments/intrants contenant des stupéfiants et des substances psychotropes à des fins médicales.

Axe stratégique 2 : Réduction de la demande des drogues. Il faut amener les populations à réduire leur consommation des drogues. Il faut améliorer la prévention de la consommation des drogues, améliorer la gestion des cas de toxicomanie, renforcer les capacités de prévention à tous les niveaux ; développer les mécanismes de prise en charge directe et indirecte des cas et organiser la réinsertion des cas. Axe stratégique 3 : Réduction des risques et des dommages liés à la consommation des drogues. Il faut améliorer la prévention et la prise en charge des cas de VIH, tuberculose et hépatites virales associés à la consommation des drogues. Réduire les nouvelles infections de VIH et d’hépatites virales attribuables à la consommation des drogues ; améliorer la prise en charge des usagers de drogues vivant avec le VIH/SIDA, la tuberculose et les hépatites virales. Renforcement de la communication sur les risques liés à la consommation des drogues et l’engagement communautaire (CREC) ; développer les mécanismes de réduction des risques, de propagation d’IST, VIH/SIDA, tuberculose et hépatites virales par les UD.

Axe stratégique 4 : Réorganisation de la réponse institutionnelle de la lutte. Améliorer la performance de la réponse institutionnelle, améliorer l’effectivité de la mise en œuvre du PSN-Drogue, améliorer l’efficacité de la lutte à tous les niveaux. Renforcement du cadre institutionnel de la lutte, renforcement des capacités de lutte des acteurs à tous les niveaux ; décentralisation de la lutte contre les drogues, renforcement de la coordination et du suivi-évaluation multisectoriel des interventions de lutte. Renforcement des mécanismes de financement de la lutte contre les drogues ; renforcement de la coopération internationale ; renforcement de la recherche sur la lutte contre les drogues et le renforcement de la surveillance épidémiologique nationale sur la consommation, la production et le trafic des drogues.

Selon la cellule de communication du ministère de la Santé publique, les centres de pris en charge sont logés dans les hôpitaux de 2e et de 3e catégorie. À date, les CSAPA ont reçu au total 2057 patients, parmi lesquels 932 anciens et 1125 nouveaux. 47 patients sont âgés de moins de 15 ans, dont 26 de sexe masculin et 21 de sexe féminin ; 308 patients sont de la tranche d’âge de 15 à 19 ans, dont 278 de sexe masculin et 30 de sexe féminin ; 679 patients sont de la tranche d’âge de 20 à 24 ans, dont 623 hommes et 56 femmes ; 420 patients sont de la tranche d’âge de 25 à 29 ans, dont 378 hommes et 42 femmes ; 228 patients sont de la tranche d’âge de 30 à 34 ans, dont 205 de sexe masculin et 23 de sexe féminin ; 135 patients sont de la tranche d’âge de 35 à 39 ans, dont 111 de sexe masculin et 24 de sexe féminin ; 211 patients sont âgés de 40 ans et plus, dont 182 hommes et 29 femmes, indique la cellule de communication du Minsanté.

Elvis Serge NSAA

 

 

« La lutte contre la drogue est multisectorielle »

Dr Colette Taka Joro

 

Secrétaire permanent du Comité national de lutte contre les drogues (CNLD), le Plan national de la lutte contre la drogue 2024-2030 a été adopté le 4 juillet 2024. En ce qui concerne la mise en œuvre, plusieurs structures au niveau du ministère de la Santé, vont accompagner le Comité national de lutte contre la drogue, notamment ses 6 comités ; la Commission multisectorielle antitabac et le Centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie.

Le Plan national de la lutte contre la drogue 2024-2030 a été adopté le 4 juillet 2024. Est-ce la fin de la consommation et des abus de drogue dans notre pays ?

Disons que, le plan stratégique de lutte contre la drogue a été adopté et est le début de la lutte. Ce plan stratégique est notre boussole pour la mise en œuvre des différentes stratégies.

Cet outil de coordination de la lutte contre la drogue, si je ne m’abuse, était le chantier le plus important de 2023, suivant les instructions du chef de l’État à son gouvernement lors de ses discours à la jeunesse du 10 février 2019 et 2020 ; vous êtes en retard ?

On n’est vraiment pas en retard parce que vous savez que la lutte contre la drogue est multisectorielle. Ce n’est pas que le MINSANTE.  Donc elle implique plusieurs structures au niveau national. Le temps de mettre ces structures en place, de réunir et de coordonner ces structures, ça ne pouvait que prendre du temps. Et vraiment, Dieu merci, on a pu valider ce plan.

Quel est le plan d’action prioritaire pour que chaque administration et autres partenaires non étatiques pour que cela soit plus rentable ?

Nous avons un mécanisme de mise en œuvre et de suivi d’évaluation, également un mécanisme de financement dudit plan. En ce qui concerne la mise en œuvre, nous avons plusieurs structures au niveau du ministère de la Santé, notamment le Comité de lutte contre la drogue avec ses 6 comités. Nous avons également la Commission multisectorielle antitabac et notre Centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie.

Et, en termes de ripostes, comment se comportent vos différents centres d’accueil en addictologie ?

De façon générale, les centres se portent bien et sont fonctionnels. On rencontre également quelques difficultés, mais de façon générale, nous recevons de plus en plus de patients et nous avons également plusieurs données en ce qui concerne les drogues de façon générale.

Donc on y entre toxicomane et on en ressort saint ?

Oui, on y entre toxicomane et on en ressort saint. C’est vrai qu’il y a plusieurs phases et c’est très compliqué. Raison pour laquelle nous conseillons la population et surtout les jeunes de ne vraiment pas commencer à consommer de la drogue, parce que quand on commence à en consommer, il est probable de s’en sortir, mais il faut prendre du temps pour essayer de comprendre les comportements du patient pour pouvoir mieux prendre en charge ce patient.

En ce combat contre les drogues et autres, est-ce que le cadre règlementaire vous facilite vraiment la tâche ?

Le cadre règlementaire existe, mais nous pensons qu’une réforme est nécessaire afin de mieux mettre en œuvre les différentes stratégies qui ont été listées dans le plan stratégique.

Le Cameroun a été longtemps un pays de transit et il est à présent un lieu où se cultivent et se fabriquent même les drogues. La répression qui a été pratiquée jusqu’ici est-ce la bonne solution ?

La répression n’est pas toujours la meilleure solution parce que, voyez-vous, nous avons d’un côté les trafiquants et de l’autre côté, nous avons les usagers de drogue qui ne sont pas forcément les trafiquants, et donc ces usagers de drogue là doivent être pris en charge et donc on ne peut pas les mettre au même niveau que les trafiquants. C’est la raison pour laquelle la répression et la prise en charge doivent aller ensemble.

Évidemment, la vision dans le cadre de cette lutte est celle d’un Cameroun libéré des méfaits de la drogue, avec pour objectif global de réduire significativement l’offre et l’usage des drogues au Cameroun d’ici 2030. La réduction de l’offre entre la demande en drogue : comment allez-vous vous y prendre ?

Oui, la réduction de l’offre et de la demande implique forcément plusieurs sectoriels, notamment le ministère de la Santé publique, les forces de maintien de l’ordre. En ce qui concerne la réduction de l’offre, nous avons les saisies avec la police qu’on mène constamment. En ce qui concerne la réduction de la demande, comme je le disais tantôt, on a nos centres de soins qui sont équipés en ressources humaines et qui nous permettent de prendre en charge aisément les patients qui viennent pour les problèmes de drogues.

Que dites-vous aux parents en ces périodes où les enfants sont déjà en vacances : il y a peut-être détour des rues, des dealers qui guettent ? Que formulez-vous à travers l’adoption finale du Plan national de lutte contre la drogue ?

Ce que je pourrais dire aux parents ici, c’est de s’intéresser de plus en plus aux activités de leurs enfants, parce que cela leur permettra de mieux comprendre leurs enfants et de détecter rapidement les signes précoces de consommation de drogue et de faciliter la prise en charge de ces enfants. Plus on s’éloigne des enfants, plus les enfants sont exposés.

Propos retranscrits par Audray NDENGUE Stg

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