Lutte contre la tuberculose : L’insuffisance des financements compromet les objectifs mondiaux

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Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’insuffisance de financement des programmes de lutte contre la tuberculose a un effet considérable sur le dépistage de la maladie. Sur les 2,5 millions de cas de tuberculose estimés en 2020 en Afrique, seulement 1,4 million ont été dépistés et mis sous traitement.

Chaque année, la Région africaine a besoin d’au moins 1,3 milliard de dollars pour la prévention et le traitement de la tuberculose. Néanmoins, les pays contribuent à hauteur de 22% au budget requis et les financements externes représentent 34 %. Le reste du budget n’est toujours pas financé, ce qui compromet sérieusement les efforts visant à éliminer la maladie d’ici 2030. Les chiffres sont effrayants. Selon le rapport de l’OMS 2022, chaque jour plus de 4000 personnes meurent de la tuberculose et 30 000 personnes contractent cette maladie pourtant évitable et traitable. L’incidence estimée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est de l’ordre de 164 nouveaux cas pour 100 000 habitants, avec une moyenne en valeur absolue de 45 000 nouveaux cas attendus. La mortalité autour des malades tuberculeux est de 30 pour 100 000 habitants.

 En 2022, le Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT), a notifié 25 286 cas de tuberculose toutes formes confondues, avec 5,3% des cas de tuberculose chez les enfants et 174 cas de tuberculose multirésistante. La population carcérale est une cible prioritaire de la lutte contre la tuberculose, et 545 cas ont été détectés et mis sous traitement. La co-infection tuberculose-VIH en baisse par rapport à 2021 est de l’ordre de 18%, avec 98% des patients coinfectés mis sous antirétroviraux (ARV).

La notification de la tuberculose est répartie de façon très inégale sur le territoire en 2018 ; elle varie entre 174 pour 100.000 habitants dans la région de l’Est (frontalière avec la RCA) et 47 cas pour 100000 habitants pour la région du Nord-Ouest. L’enquête de dépistage autour des cas index est à l’état embryonnaire, elle repose sur 130 agents communautaires de recherche active (ACRA) qui sont cantonnés seulement au niveau des deux villes : Yaoundé et Garoua. De plus, le système de transport des échantillons n’est pas trop fiable, ceci est dû à une absence de formalisation et d’un suivi régulier de ce système de transport. Malgré des nombreuses initiatives qui ont permis de réduire très considérablement, l’impact de la maladie au sein de la population, le pays reste toujours dans une situation préoccupante par certains aspects.

 Les différents défis sont: la sous notification des cas de tuberculose, toutes formes confondues, la maintenance des outils diagnostiques des laboratoires et la mise en place d’un bon système de transport des échantillons, le plaidoyer permanent auprès des partenaires et d’autres bailleurs de fonds pour une mobilisation conséquente des fonds alloués à la lutte contre la tuberculose. Oui, nous pouvons mettre fin à la tuberculose d’ici 2035 en développant des synergies d’action avec tous les acteurs étatiques et non étatiques, ainsi qu’avec d’autres experts, notamment de la communication. A cet effet, le Programme National de Lutte contre la Tuberculose a validé récemment le Plan Stratégique National de Lutte contre la Tuberculose 2024-2026, qui propose de nouvelles interventions et activités qui permettront d’aller vers l’élimination de cette maladie. Dans un monde globalisé, nous devons plus que jamais promouvoir le partage de la bonne information à travers les voies consacrées pour une plus grande efficacité de l’action de santé publique.

L’étape de 2025 vise une réduction de 50% du nombre de cas et une baisse de 75 % du nombre de décès. Le nombre de cas de tuberculose devrait chuter de 10 % chaque année pour atteindre l’objectif de 2025. Pourtant, l’actuel taux de déclin du nombre de cas se situe à 2 %. De 2025 à 2030, les pays devront réduire le nombre de cas de 17% chaque année. Toujours, selon l’OMS, la stratégie d’élimination de la tuberculose comprend également un objectif clé visant à réduire le coût catastrophique que le traitement de la tuberculose peut faire peser sur les familles.

Aucun pays en Afrique n’a pour le moment fait la démonstration qu’il était en mesure d’atteindre l’objectif qu’aucun foyer affecté par la tuberculose ne soit confronté à des coûts catastrophiques. « Le chemin vers l’élimination de la tuberculose sera probablement long et difficile car les étapes clés risquent de ne pas être franchies. Les pays doivent amplifier et accélérer la riposte et rester engagés à apaiser la souffrance et diminuer les décès dont sont victimes des millions de personnes à cause de la tuberculose », a déclaré la Dre Moeti.

Elvis Serge NSAA

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