Le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, a fait le point des actions menées par l’Etat pour mitiger les impacts sur le quotidien des camerounais des fortes poussées inflationnistes des prix internationaux des produits pétroliers depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien.
C’était dans le cadre de la communication gouvernementale, tenue avec le ministre de la communication et d’autres ministères. Deux volets ont meublé la présentation du Minee notamment le contexte mondial du marché des produits pétroliers ; les mesures prises jusqu’à lors par le Gouvernement pour assurer l’approvisionnement du pays. S’agissant du contexte mondial du marché des produits pétroliers, l’on a assisté depuis le 24 février 2022, avec le déclenchement de la crise russo-ukrainienne, à une forte tension des prix, principalement liée à l’embargo international sur les produits d’origine russe. Avec la reprise de l’économie mondiale, consécutive à la levée progressive des restrictions liées à la COVID 19, les cours du Brent connaissaient déjà une croissance considérable, atteignant les 80 USD/baril en janvier 2022. ‹‹ Mais cette tendance haussière s’est particulièrement accentuée et de manière inquiétante, avec le déclenchement de la guerre entre l’Ukraine et la Russie››, indique Gaston Eloundou Essomba. À cet effet, il convient de relever qu’avant la crise, sur une production mondiale estimée à environ 80 millions de baril par jour, la contribution de la Russie, troisième producteur mondial après les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite, était de 7%. À ce jour, l’embargo sur les produits pétroliers russes a entraîné une réduction de la disponibilité et une flambée des prix desdits produits sur le marché international, en particulier sur le marché de l’Afrique de l’Ouest.
En effet, les produits pétroliers à destination de l’Afrique, notamment Lomé, considéré comme le hub de l’Afrique de l’Ouest, sont majoritairement acquis sur le marché FOB MED ITALY dont les produits sont à prédominance russe. Il convient de faire observer à cet égard que le plus gros des volumes à destination du Cameroun provenaient dudit marché. Depuis le déclenchement de la crise russo-ukrainienne, le baril de pétrole brut a connu une tendance particulièrement haussière, passant de 80 dollars US en janvier, pour atteindre les 129 dollars US en mars 2022, chiffre qui, n’a été atteint que lors de la crise pétrolière de 2011. ‹‹ Cette situation d’embargo qui a eu pour conséquence une baisse de la production des raffineries, s’est logiquement traduite par un déséquilibre entre l’offre et la demande du marché des produits pétroliers. Par ailleurs, les pays européens, fortement diéselisés, ont décidé de constituer d’importantes réserves de gasoil ; ce qui a entraîné la rareté dudit produit sur le marché international››, dit-il.
Les actions mises en œuvre par le Gouvernement pour continuer à garantir l’approvisionnement du pays en produits pétroliers malgré un contexte mondial rude sont multiples. ‹‹ D’entrée de jeu, c’est le lieu de rappeler que les besoins annuels de notre pays en produits pétroliers sont estimés à 2.000.000 m3, tous produits confondus, soit une moyenne de 6 millions de litres par jour. Ces besoins étaient couverts à 80% par la SONARA et le reste, soit 20%, par les marketers››, indique le Minee. Aussi, sur la base des cotations internationales du mois de juillet publiées par la structure de renommée internationale PLATT’S et du taux de change moyen sur la période entre le dollar et le franc CFA à savoir 644,36 FCFA pour 1 dollar, la cargaison de 10 000 m3 de super jusqu’au dédouanement est évaluée à 9,7 milliards de FCFA et celle du gasoil à 11,2 milliards de FCFA, contre 4,8 milliards de FCFA pour le super et 4,9 milliards de FCFA pour le gasoil au mois de janvier 2022.
Ce qui revient à dire que les prix des produits pétroliers rendus au Cameroun ont plus que doublé entre janvier et juillet 2022, soit 100 % d’augmentation pour le super et 128 % d’augmentation pour le gasoil. Par contre, les prix appliqués à la pompe pour les consommateurs sont restés inchangés dans notre pays, soit 630 F CFA/litre pour le super, 575 F CFA/litre pour le gasoil et 350 F CFA/litre pour le pétrole lampant ; contre des prix réels de : 1 268 F CFA pour le super, 1 355 F CFA pour le gasoil et 1 099 F CFA pour le pétrole lampant au mois de juillet 2022. Soit donc une subvention totale pour le seul mois de juillet de 108 milliards de F CFA, sur la base des mises à la consommation effective dudit mois. En d’autres termes, l’Etat a déboursé chaque jour au cours du mois de juillet, 3,48 milliard de F CFA, au titre de la subvention des prix à la pompe. ‹‹ C’est le lieu de dire que le montant de la subvention pour le premier semestre de l’année en cours est de 317 milliards de F CFA. Il convient de rappeler à cet égard que les prévisions budgétaires de l’exercice 2022 pour la couverture des subventions des produits pétroliers étaient de 120 milliards F CFA ; après le collectif budgétaire, ce montant est passé à 480 milliards F CFA, largement en-deçà des 780 milliards de F CFA de subvention projetée pour toute l’année 2022. Il n’est pas inutile de relever que si la crise russo-ukrainienne persiste, ce montant pourrait être revu à la hausse››, affirme le Minee.
En effet, pour garantir la disponibilité de produits dans notre marché, cette subvention doit être payée chaque mois ; ce qui impose à l’Etat de mobiliser, en temps réel, ces importants montants dans un contexte de fortes tensions de trésorerie. Selon le ministre de l’Eau et de l’énergie, le principal défi de l’approvisionnement continu du marché aujourd’hui est donc le volume sans cesse croissant de la subvention des produits pétroliers dans un contexte de rareté des ressources.
Divine KANANYET