Lutte contre le cyberharcèlement au Cameroun : Afriyan forme les étudiants de la faculté de médecine de Yaoundé
Le Secrétaire Exécutif d’Afriyan-Cameroun, Fobasso Bolivar, en collaboration avec l’UNFPA, a organisé une conférence-débat sur le thème : « Prévenir les violences basées sur le genre facilitées par la technologie pour le plein épanouissement des femmes et filles à l’ère du digital », à l’amphithéâtre 700 de la Faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé 1, ce 16 décembre 2024.
conférence-débat sur le thème : « Prévenir les violences basées sur le genre facilitées par la technologie pour le plein épanouissement des femmes et filles à l’ère du digital », à l’amphithéâtre 700 de la Faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé 1, ce 16 décembre 2024.
« Je ne pensais pas que cela puisse m’arriver. Un jour, j’ai reçu des photos intimes de moi, publiées sans mon consentement sur les réseaux sociaux. J’ai été humiliée, harcelée, menacée. Je me suis sentie sale, impuissante. « J’ai eu envie de tout arrêter », confie Hortense, étudiante à l’université de Yaoundé 1. Les réseaux sociaux, qui étaient censés être un outil de communication et de partage, sont devenus un espace où la haine et le harcèlement peuvent se propager sans contrôle. Les histoires de Dina, d’Anna et de Mila, une adolescente de 16 ans, sont des exemples poignants de la façon dont les propos en ligne peuvent dégénérer en menaces physiques et en violences. Ce type de harcèlement en ligne peut avoir des conséquences graves sur la santé mentale des adolescents.
Les jeunes filles sont particulièrement vulnérables, car elles sont souvent soumises à des pressions pour se conformer à des normes de beauté irréalistes. Les réseaux sociaux renvoient une image du corps “parfait” qui est souvent associée à la minceur, ce qui peut entraîner des complexes et des troubles du comportement alimentaire. Selon une étude de Jonathan Haidt, psychologue social américain, le taux de suicide chez les préadolescentes a augmenté de 151 % depuis 2009, date de l’apparition des réseaux sociaux sur les smartphones.
Les violences en ligne, un fléau qui gangrène la société numérique. La violence basée sur le genre facilitée par la technologie peut prendre de nombreuses formes : sextorsion (chantage par la menace de publication d’informations, photos ou vidéos à caractère sexuel), abus basés sur l’image (partage non consensuel de photos intimes), doxxing (publication d’informations personnelles privées), cyberintimidation, cyberharcèlement sexuel et de genre, harcèlement en ligne, sollicitations et mise en confiance à des fins d’agression sexuelle, hacking, discours haineux, usurpation d’identité numérique, utilisation de la technologie pour localiser les survivantes pour leur infliger d’autres violences, etc. Il en existe encore bien d’autres.
Face à ce fléau, le Secrétaire Exécutif d’Afriyan-Cameroun, Fobasso Bolivar, en collaboration avec l’UNFPA, a organisé une conférence-débat sur le thème : « Prévenir les violences basées sur le genre facilitées par la technologie pour le plein épanouissement des femmes et filles à l’ère du digital », à l’amphithéâtre 700 de la Faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé 1, ce 16 décembre 2024.
Sous la houlette du secrétaire exécutif d’Afriyan, cette conférence a réuni des experts et des acteurs clés dans le domaine de la promotion de l’égalité des genres et de la lutte contre les violences basées sur le genre. Parmi les invités de marque figuraient Me Bertile Bénédicte Wouami Mbatang, Kungne Johann Psychologue d’addiction et Emmanuel Batake, Coordonnateur Gender Data Journalists. L’objectif principal de cette conférence-débat était de sensibiliser la communauté universitaire et le grand public aux risques et aux conséquences des violences basées sur le genre facilitées par la technologie, ainsi que de promouvoir des stratégies de prévention et de protection des femmes et des filles dans l’espace numérique. Les intervenants ont abordé divers aspects de ce phénomène, allant des formes de violences en ligne aux moyens de les prévenir et de les combattre. Et également équiper les futurs professionnels de la santé pour mieux détecter et prévenir les violences basées sur le genre, facilitées par la technologie, et ainsi contribuer à un environnement numérique plus sûr pour toutes et tous.
Me Bertile Benedicte Wouami Mbatang a souligné l’importance de la législation et des politiques publiques pour lutter contre les violences basées sur le genre, notamment dans le contexte numérique. Elle a également mis en avant la nécessité d’une éducation et d’une sensibilisation accrues sur ces questions, à destination des jeunes et de la société dans son ensemble. Kungne Johann, psychologue d’addiction, a quant à lui abordé les aspects psychologiques des violences basées sur le genre, en mettant l’accent sur les impacts négatifs de ces violences sur la santé mentale et le bien-être des victimes. Il a appelé à une approche holistique pour prévenir et traiter ces violences, impliquant à la fois les familles, les communautés et les institutions publiques.
Emmanuel Batake, coordinateur de Gender Data Journalists, a présenté les défis liés à la collecte et à l’analyse de données sur les violences basées sur le genre, en soulignant l’importance d’une approche basée sur les données pour élaborer des politiques et des programmes efficaces de lutte contre ces violences.
Cette conférence-débat a mis en lumière un phénomène de plus en plus préoccupant : l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour commettre des actes de harcèlement, d’intimidation et de violence à l’égard des femmes et des filles. Insultes, menaces, diffusion de contenus intimes sans consentement… Les exemples de violences en ligne ne manquent pas. Et les conséquences sur la santé mentale et psychologique des victimes peuvent être dévastatrices. C’est pourquoi il est urgent de sensibiliser les jeunes, notamment les futurs professionnels de la santé, à ces nouvelles formes de violence.
Désormais, quiconque procède ou fait procéder, même par négligence, au traitement de données à caractère personnel en violation des formalités préalables à leur mise en œuvre s’expose à des sanctions pénales particulièrement lourdes. En effet, l’alinéa (3) du texte prévoit une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois ans et une amende pouvant atteindre cinq millions de francs CFA.
Cette conférence-débat s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par Afriyan Cameroun et ses partenaires pour promouvoir l’égalité des genres et protéger les droits des femmes et des filles au Cameroun. Les organisateurs ont exprimé leur gratitude envers tous les participants et ont réaffirmé leur engagement à continuer à travailler ensemble pour un avenir où les femmes et les filles pourront vivre sans violence et réaliser pleinement leur potentiel.
Cette conférence-débat a constitué une étape importante dans la lutte contre les violences basées sur le genre au Cameroun, en mettant en lumière les défis posés par la technologie et en promouvant des solutions pour les surmonter. Les recommandations et les appels à l’action issus de cette rencontre devraient inspirer des initiatives concrètes pour prévenir les violences basées sur le genre et promouvoir l’égalité des genres dans tous les domaines de la vie.
Elvis Serge NSAA
Réactions
« La sensibilisation des jeunes à la culture du droit dans l’espace cybernétique : un enjeu crucial pour le Cameroun »
Bertile Bénédicte Wouami Mbatang, avocate et présidente de l’Association pour la défense des droits humains, a lancé un appel à la sensibilisation des jeunes camerounais sur les règles de conduite dans l’espace cybernétique, confronté à des dérives et des menaces pour la sécurité et la dignité des internautes, notamment les femmes et les jeunes filles.”
L’activité de ce matin était très importante et très prépondérante, surtout dans le cadre de la vulgarisation des instruments juridiques consacrés à l’activité cybernétique. Vous voyez, l’espace cybernétique virtuel au Cameroun est confronté à beaucoup de dérives. Et dans nos missions, je tiens à remercier Afriyan, les organisateurs, qui ont bien fait de convoquer cette réunion pour que nous puissions éduquer les jeunes et leur inculquer la culture du droit sur la manière de se comporter dans l’espace cybernétique.
Nous sommes venus leur dire que l’espace cybernétique, comme l’espace physique, est régi par des lois et que toute dérive est punie et sanctionnée sévèrement par le législateur. Mais nous ne sommes pas venus dans l’esprit de sanction; nous sommes venus dans l’esprit de sensibilisation sur la manière de se comporter. Nous avons prodigué des conseils sur les procédures en matière de dérive cybernétique et de cybercriminalité, et nous avons dispensé des conseils sur la procédure à suivre.
Tout d’abord, nous avons demandé aux jeunes, qu’ils soient hommes ou femmes, d’apprendre à dénoncer et à briser le silence sur tout type de violence en ligne, que ce soit le revenge porn, les sextapes, les chantages en ligne ou toutes les atteintes à leur intimité, à leur dignité et à leur vie privée.
Nous avons dit qu’il faut se lever et dénoncer dans un premier temps. En même temps, nous avons invité les hommes et les femmes à être des ambassadeurs, car il s’agit d’une question de violence basée sur le genre. Je suis partie du fait que nous sommes confrontés à 67 cas de féminicides et à de nombreux viols de jeunes filles. Aujourd’hui, cela se propage en ligne, et nous avons invité les jeunes, les jeunes docteurs et médecins, à adopter des attitudes de masculinité positive pour être des ambassadeurs et protéger la gent féminine.
En même temps, nous avons interpellé la jeunesse sur les obligations, sur la manière de se tenir, de se vêtir, de se protéger soi-même et d’être un véritable citoyen de la société camerounaise.
« La Prévention des Violences Basées sur le Genre : Un Enjeu pour la Santé Mentale des Jeunes »
Kungne Johann, psychologue addictologue à l’hôpital Jamot de Yaoundé, met en avant l’importance de sensibiliser les jeunes aux conséquences des violences basées sur le genre sur la santé mentale, dans le but de promouvoir une cohabitation pacifique et de prévenir les addictions.
Puisque nous estimons que les addictions sont des conséquences et des problèmes de santé mentale, nous avons jugé nécessaire de participer à ce type d’activités pour prévenir les violences basées sur le genre qui ont des répercussions sur la santé mentale. Nous voulons sensibiliser les jeunes pour qu’ils ne se retrouvent pas dans la consommation de drogues ou de substances psychoactives.
Tout d’abord, il y a la dépression. La dépression est une maladie qui peut survenir lorsque quelqu’un est harcelé, ce qui peut le plonger dans un état de tristesse qui dégrade progressivement sa santé. La dépression est une maladie psychosomatique, c’est-à-dire qu’elle affecte à la fois le plan émotionnel, affectif et mental, mais aussi le corps. Une personne qui souffre de dépression peut avoir des difficultés à dormir, pleurer tout le temps, etc. Il y a également l’anxiété, qui peut se manifester par une inquiétude excessive et permanente en raison du harcèlement.
Le fait de subir un harcèlement peut également entraîner des problèmes d’estime de soi, qui ne sont pas nécessairement des pathologies, mais qui peuvent affecter le bien-être de l’individu. Il arrive que les personnes harcelées se renferment sur elles-mêmes, ce qui les empêche de s’affirmer en société et de se réaliser.
Notre message aux jeunes est un message d’amour et de sympathie, pour promouvoir la cohabitation pacifique. En effet, les violences basées sur le genre en ligne sont souvent perpétrées par les hommes. Nous voulons inculquer aux jeunes étudiants, qui sont l’avenir de demain, des valeurs de bonne conduite sur les réseaux sociaux, pour qu’ils deviennent des acteurs de la bienveillance et du bien-être des autres. Par exemple, s’ils tombent sur une violence ou un harcèlement en ligne, nous leur demandons de signaler l’information et de montrer que la personne victime de cette violence peut avoir une santé mentale qui se dégrade. Nous espérons que, à l’issue de cette sensibilisation, les jeunes seront en mesure de protéger la santé mentale des autres sur les réseaux sociaux.
« La sensibilisation des jeunes médecins à la cybercriminalité : un enjeu majeur »
« Emmanuel Batake, expert en genre et coordinateur en données genre, a récemment échangé avec des jeunes médecins sur l’importance de la gestion de l’information numérique et les risques liés à la cybercriminalité, soulignant la nécessité pour ces futurs professionnels de santé d’être à la pointe de l’évolution numérique pour protéger à la fois leurs patients et eux-mêmes ».
Avec les jeunes médecins, nous avons simplement échangé sur les différents outils de gestion de l’information numérique. Parce qu’en tant que jeunes médecins, ils devraient être capables de gérer ces outils. Puisqu’ils seront appelés à soigner la société, il est important qu’ils soient informés sur l’évolution du phénomène de la cybercriminalité, qui a tendance à se développer au sein de la société. Le message que nous leur avons transmis est d’être davantage attentif, en tant que médecins, à la gestion des données, et en tant que jeunes, à l’utilisation des différents outils et réseaux sociaux. Car on peut être considéré comme victime, mais on peut aussi très vite devenir acteur ou complice de faits de cybercriminalité.
Propos recueillis par Elvis Serge NSAA
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