Lutte contre le paludisme : Le projet Plus au cœur d’une réunion d’évaluation à Yaoundé

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Population Services International (PSI), une ONG américaine spécialisée dans la santé publique, a organisé ce 10 septembre à Yaoundé, la réunion annuelle d’évaluation du « Projet Plus », une initiative majeure soutenue par Unitaid et mise en œuvre en partenariat avec le Ministère de la Santé Publique du Cameroun.

Population Services International (PSI), présent au Cameroun depuis 1996, vise à améliorer la santé des populations, notamment en luttant contre le paludisme. Les experts et les acteurs de la santé réunis à cette occasion ont fait le point sur les avancées réalisées, les défis rencontrés et les perspectives du « Projet Plus » qui est mis en œuvre depuis quatre ans. « Les travaux qui s’ouvrent aujourd’hui et dont nous mesurons toute l’importance nous offrent une occasion supplémentaire d’apprécier les acquis, de partager les expériences et de tracer de nouvelles perspectives vers l’élimination du paludisme dans notre pays. C’est là, en effet, une préoccupation centrale du Chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya. »  S’est ainsi exprimé BOUKAR OUMATE, Inspecteur Général des Services Administratifs et représentant du Ministre de la Santé Publique.

Le « Projet Plus » vise à réduire la morbidité et la mortalité due au paludisme et à l’anémie chez les enfants de zéro à deux ans grâce à l’administration de la chimio prévention pérenne du paludisme (CPP) conjointement aux vaccinations de routine et à la supplémentation en vitamine A. Il s’agit d’une politique déjà largement déployée au Cameroun, couvrant 250 districts. D’autres pays, comme la Côte d’Ivoire, le Mozambique et le Bénin, sont venus pour s’inspirer de l’expérience camerounaise.

Le paludisme reste un problème de santé publique majeur au Cameroun, en particulier chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Le projet Plus s’inscrit dans une démarche globale de lutte contre cette maladie, en complémentarité avec les autres programmes mis en œuvre par le gouvernement et ses partenaires.

Au cours de cette réunion, les participants ont discuté des prochaines étapes du « Projet Plus » et défini les orientations stratégiques à suivre sur le terrain dès ce 11 septembre 2024, notamment à Soa et Nkolbisson. L’objectif est de renforcer l’impact du projet et de le pérenniser afin de continuer à améliorer la santé des populations camerounaises.

Dr Daniel Koko, le Représentant pays de Population Services International (PSI) a rappelé que : « Nous sommes une ONG américaine basée au Cameroun et nous travaillons dans plus de 40 pays, nous avons plusieurs secteurs d’interventions. Nous travaillons dans le cas du paludisme comme vous l’avez vu aujourd’hui, nous travaillons dans le cas de le santé sexuelle reproductive, nous travaillons dans les cas de l’affermissement et dans les cas d’intervention. PSI au Cameroun est une organisation qui soutient le gouvernement. Notre plan stratégique au niveau global c’est de transformer la santé ensemble au travers du partenariat avec le gouvernement camerounais et au travers des partenaires locaux. Au Cameroun nous travaillons justement avec plusieurs partenaires locaux, déployés dans différentes régions dont quatre prioritaires : Extrême-nord, Nord, Adamaoua et la région du centre avec ses zones de paludisme. Donc PSI au Cameroun est là pour accompagner le ministère de la Santé publique au quotidien. »

Mireille Siapje

 

Interview

« Le Cameroun est devenu un modèle en matière de lutte contre le paludisme, avec une politique de chimio prévention pérenne déployée à grande échelle. »

Charlotte Eddis, Directeur de Projet, « Projet Plus »

Quels sont les objectifs de cette journée de travaux à Yaoundé ?

Nous sommes tous réunis ici : des implementateurs, des chercheurs et des représentants de grands instituts de recherche. Nous sommes venus pour apprendre de la vaste expérience du Cameroun en matière de mise en œuvre de l’administration de la SP aux jeunes enfants âgés de 10 à 14 semaines lors de leurs vaccinations, afin de les protéger contre le paludisme.

Nous sommes ravis de pouvoir discuter ensemble des questions de recherche, notamment sur la résistance aux médicaments. Pour l’heure, aucune résistance n’a été détectée au Cameroun, ce qui est une excellente nouvelle. Nous souhaitons également évaluer l’acceptabilité du traitement par la population : les mères apprécient-elles ce médicament ? Les prestataires de santé le trouvent-ils facile à administrer ? Nous sommes là pour recueillir leurs témoignages et bénéficier de l’expertise de grands chercheurs camerounais tels que le Pr Mbacham, reconnu mondialement.

Après cette journée d’information du 10 septembre, nous nous rendrons sur le terrain dès demain, notamment à Soa et Nkolbisson, pour observer concrètement le déroulement des opérations dans les centres de santé et au niveau communautaire, et pour évaluer la stratégie mise en place.

Quel bilan faites-vous au bout de la première moitié de cette étude qui s’étend sur une période de quatre ans ?

Nous sommes à mi-parcours de ce projet et tenons à remercier les enfants et leurs parents qui participent à cette étude. Tous les trois mois, nos chercheurs effectuent des visites à domicile pour s’assurer du bien-être des enfants, vérifier leur température, et s’enquérir de leur tolérance au médicament. Les premiers résultats sont très encourageants : nous avons observé une réduction de l’incidence du paludisme comprise entre 10 et 30 %. Bien que ce ne soit qu’un premier bilan, nous sommes confiants pour l’avenir. Nous effectuerons encore trois visites au cours des neuf prochains mois afin de suivre l’évolution de la situation et d’évaluer l’efficacité de la protection sur deux ans.

Quelles sont les difficultés rencontrées sur le terrain ?

L’une des principales difficultés réside dans le fait que les parents ont tendance à penser que les vaccinations se limitent aux neuf premiers mois de l’enfant, notamment contre la rougeole. Or, il existe d’autres vaccins essentiels à administrer pendant la deuxième année de vie, comme le vaccin contre la deuxième dose de rougeole, la vitamine A et, bien sûr, le vaccin antipaludique. Il est donc souvent difficile de convaincre les parents de continuer à amener leurs enfants en consultation.

Propos recueillis par Mireille Siapje

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