Lutte contre les changements climatiques : Le Cameroun mise sur la budgétisation verte

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225 milliards FCFA seront investis en 2025 pour des projets liés à l’adaptation, l’atténuation et la préservation de la biodiversité.

Le Cameroun prend au sérieux la lutte contre les changements climatiques. Selon le Document budgétaire sensible au climat (DBSC) de la loi de finances 2025, le pays prévoit d’investir 225,3 milliards de FCFA dans des projets liés à l’adaptation, l’atténuation et la préservation de la biodiversité.

Une répartition des dépenses axée sur l’adaptation et l’atténuation

Le Cameroun, avec le soutien de la Banque mondiale, franchit une étape importante dans la lutte contre le changement climatique. Neuf administrations publiques, dont les ministères de l’Environnement, de l’Agriculture, de l’Énergie et des Transports, alloueront une partie de leurs budgets d’investissement à des projets visant à réduire les risques climatiques, les émissions de gaz à effet de serre et à protéger la biodiversité. Des initiatives telles que la gestion durable des paysages forestiers, la surveillance de la qualité de l’air, le développement des énergies renouvelables et l’assainissement des villes sont au cœur de cette démarche. Les ministères de l’Urbanisme, de l’Énergie et des Transports joueront un rôle clé, avec des investissements représentant une part significative de leurs budgets.

Plus de la moitié (51,85%) des dépenses sera consacrée à des initiatives d’atténuation des changements climatiques, tandis que 47,57% seront alloués à des actions d’adaptation. La préservation de la biodiversité, quant à elle, bénéficiera de 0,57% des dépenses.

Des ministères clés impliqués

Plusieurs ministères seront chargés de mettre en œuvre ces projets. Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) et le ministère des Travaux publics (Mintp) seront les principaux acteurs en matière d’adaptation. Les ministères de l’Environnement, des Forêts et de la Santé publique seront responsables des projets liés à la biodiversité. L’atténuation, quant à elle, sera principalement gérée par les ministères de l’Énergie et des Transports.

Le gouvernement camerounais a affiché son ambition de lutter contre le changement climatique en allouant des budgets conséquents aux ministères de l’Urbanisme (28,61%), de l’Énergie (22,37%) et des Transports (22,18%). Ces fonds devraient financer des projets variés, allant de la construction de bâtiments durables au développement des énergies renouvelables et à l’amélioration des transports en commun. Cependant, l’absence d’une évaluation précise de l’impact environnemental de ces investissements, notamment dans le Document Budgétaire Sensible au Climat, laisse planer un doute sur l’efficacité réelle de ces politiques et souligne la nécessité d’une plus grande transparence dans la gestion des fonds alloués à la lutte contre le changement climatique.

Une approche novatrice : la budgétisation verte

Pour la première fois, le Cameroun adopte une approche de budgétisation verte. Cette méthode permet d’évaluer l’impact climatique des dépenses de l’État et de s’assurer qu’elles sont en accord avec les objectifs nationaux et internationaux en matière de lutte contre les changements climatiques.

Un engagement international renforcé

Le Cameroun, à l’instar de nombreux pays subsahariens, se trouve dans une situation paradoxale : faiblement responsable du changement climatique (moins de 0,07% des émissions mondiales en 2020), mais fortement impacté par ses effets dévastateurs. Les événements climatiques extrêmes de 2024, tels que les inondations à l’Extrême-Nord et l’éboulement de Dschang, illustrent cette vulnérabilité. Dans ce contexte, l’engagement du gouvernement dans la lutte contre la pollution atmosphérique apparaît comme une nécessité impérieuse. Il reconnaît l’importance d’intégrer les considérations climatiques dans ses politiques et s’est engagé à mettre en œuvre des programmes et des projets pour atteindre les objectifs fixés lors de l’Accord de Paris.

Des financements nationaux et internationaux

Le Cameroun a déjà mobilisé 128,25 milliards de FCFA pour des activités préparatoires dans le cadre de l’Accord de Paris. Une grande partie de ces fonds (70,84%) provient du budget d’investissement public, qui est considéré comme un levier essentiel pour répondre aux chocs climatiques, énergétiques et sécuritaires.

Un pas vers un avenir durable

Grâce à cette approche proactive, le Cameroun se positionne comme un acteur engagé dans la lutte contre les changements climatiques. En investissant dans des projets durables et en adoptant une budgétisation verte, le pays montre sa volonté de construire un avenir plus respectueux de l’environnement.

À travers sa contribution déterminée au niveau national (NDC) mise à jour en 2021, le Cameroun s’est engagé à réduire de 35 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 en se concentrant sur l’agriculture, l’énergie, la foresterie, et le secteur des déchets ainsi qu’en favorisant l’adaptation dans des domaines clés au niveau national comme dans les différentes régions.

Mireille SIAPJE

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