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Mansa, la seule évocation du nom de cette localité de la région de l’Est du Cameroun, située à proximité du parc national de Ndeng-Ndeng, rappelle des souvenirs d’un voyage en pleine forêt équatoriale. Niché en pleine forêt, ce village pittoresque, silencieux porte la marque d’un pays aux ressources agricole, forestière, et d’élevage importantes mais dont les dirigeants portent très peu de regard sur son développement.
Rallier cette contrée située à environ 91 km du chef-lieu de la région, Bertoua, s’apparente à un véritable chemin du combattant. Le voyageur qui s’aventure sur cette route en terre doit s’armer de courage et de patience pour affronter les dizaines de monticules, des ponceaux, des virages et des pentes très raides qui jonchent le trajet sur cette route sinueuse qui fait passer à peine une voiture en sens unique en pleine forêt. Au cours de ce trajet, il n’est pas exclu de rencontrer la faune sauvage, car le village étant à proximité de leur habitat naturel, le parc national de Ndeng-Ndeng. Pour atteindre ce village, appartenant à l’arrondissement de Belabo, département du Lom et Djerem, il faut compter 3 à 4 h à moto et 2 à 3 h en voiture. Pendant la saison pluvieuse, la situation est davantage plus complexe. Selon les chauffeurs et les conducteurs de moto–taxis qui font cette ligne, le voyageur peut passer toute une journée voire plus pour atteindre le village. Pour certains chauffeurs, en saison de pluies, avec certaines voitures, il faut utiliser la marche arrière pour monter les collines. En plus de ces difficultés, ne parlons pas des contrôles de police et de gendarmerie installés çà et là. Aucune agence de voyage ne faisant la ligne, les taxis brousse sont des véritables vaches à lait pour les hommes en tenue qui prélèvent entre 1000 et 2.000f au chauffeur. Conséquence logique, le coût du transport qui se voit augmenter. Pour cette distance dont le prix pouvait être au plus 3.000f, mais ce dernier varie entre 7000 et 12.000f.
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Important bassin de productions vivrières (banane-plantain, maïs, manioc etc), il est malheureusement à la traine sur le chemin du développement. Au mauvais état de la route qui y mène, il faut ajouter l’insuffisance d’infrastructures sociales de base. À part l’école primaire publique du village à cycle complet constitué de 2 bâtiments de 2 salles de classe en matériaux définitifs, Mansa ne dispose pas d’un centre de santé, d’un accès à l’eau potable. Le centre de santé le plus proche est à une dizaine de km de là. Ce qui fait office de point d’eau est partagé entre les hommes, les animaux domestiques et sauvages. Ce qui ne met pas les populations à l’abri des maladies hydriques et des vers intestinaux. Que dire de l’accès aux outils modernes de communication, car ici, le réseau téléphonique demeure encore un luxe pour les habitants. Inutile donc de leur parler de l’économie numérique ou des TIC aux habitants. Lom-Pangar, le fameux barrage hydroélectrique tant vanté par les élites politiques de la région est à moins de 50km de Mansa ; et la ligne de transport de l’électricité de 9 kv Bertoua-Lom-Pangar asse à moins de 3 km de Mansa. Entre temps, ce village broie du noir depuis des années. C’est à se demander si ce n’est pas fait à dessein.
Mansa, comme bien d’autres villages du Cameroun souffre du manque d’infrastructures sous les yeux et la barbe de ceux qui ont prêté serment de servir le pays et de le développer. Ce qui ressemblerait au fameux paradoxe du pays cordonnier mal chaussé. Quoi qu’on dise, aller à la rencontre des gens qui souffrent dans leur chair et dans leur être est une expérience humaine ou si l’occasion se représentait, on braverait les difficultés du chemin en héro pour toucher du doigt le quotidien du Cameroun profond, de l’arrière-pays tout simplement.
Jean Besane Mangam
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