Maroua : Dans les rivières de sable, la jeunesse camerounaise lutte pour survivre
Sous un soleil de plomb, des centaines de jeunes de la capitale régionale de l’Extrême-Nord bravent les conditions difficiles pour extraire du sable. Face au chômage, ils ont trouvé dans cette activité pénible un moyen de subsistance. Mais au-delà du gain quotidien, c’est un cri d’alarme qui s’élève sur les conditions de travail précaires et les risques sanitaires auxquels ils sont exposés.
Maroua, capitale de la région de l’Extrême-Nord, est une ville en plein essor. Des chantiers de construction fleurissent, alimentant une demande croissante en sable. Mais l’activité lucrative du commerce de sable tenue aussi des jeunes désespérés, confrontés au spectre du chômage. Pour ces jeunes, l’extraction du sable devient un moyen de subsistance, un dernier recours pour survivre dans un contexte économique difficile.
Dès l’aube, des centaines de jeunes se dirigent vers les rivières, armés des pelles et des brouettes. La chaleur écrasante les oblige à travailler à un rythme effréné, afin de remplir leurs brouettes et tricycles de sable avant la tombée de la nuit. Les rivières de sable, jadis paisibles, sont devenues des terrains de combat où la sueur coule à flots, et la poussière s’infiltre dans les poumons.
Le prix du sable est un facteur déterminant pour les jeunes ramasseurs. Souvent, les prix varient en fonction de la demande, des transporteurs, et même de l’humeur des acheteurs. « Ce matin, j’ai vendu mon sable à 1 500 francs CFA le tricycle. On ne sait jamais combien on va gagner chaque jour », explique Issa, un jeune ramasseur de 19 ans.
L’extraction du sable n’est pas sans danger. La poussière, le manque d’hygiène et la proximité des eaux stagnantes indiquent la propagation de maladies hydriques. « Souvent, nous devons travailler dans l’eau pour extraire le sable. On est exposé aux infections cutanées, et même à plusieurs maladies provoquées par l’eau. On ne sait pas ce qu’on risque chaque jour », souligne Hamadou Yero, un autre ramasseur de 22 ans.
La présence de ces jeunes dans les rivières de sable est une illustration du chômage endémique dans la région. Djoubouga Martin, ramasseur de sable : « Après avoir obtenu mon baccalauréat, j’ai cherché du travail pendant deux ans. Quand j’ai vu que rien ne se présentait, j’ai décidé de venir extraire du sable pour subvenir à mes besoins. »
Il est essentiel de mettre en place des stratégies de développement durable pour créer des emplois et lutter contre le chômage. La création d’opportunités d’accès à la formation, à l’éducation et à la santé permettra aux jeunes de briser le cycle de la pauvreté et de construire un avenir plus prometteur.
Samuel ADJEWA
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