Mise en œuvre de la couverture santé universelle : Les défis persistent malgré les progrès enregistrés

L’insuffisance des ressources financières est un obstacle majeur qui empêche de couvrir toutes les activités prévues, d’autant plus que cela entrave pleinement la réalisation des objectifs de la Couverture Santé Universelle et limite potentiellement son impact. L’autre défi est celui de la mise en œuvre du décaissement.

L’AJC-PROSANTE appelle l’Assemblée nationale et le Sénat à examiner en priorité la Loi sur la Couverture santé universelle et à la voter pour fournir un cadre juridique solide et durable à ce mécanisme.

Le gouvernement, le secteur privé, la société civile, les partenaires techniques et financiers vont se mobiliser pour lever des fonds supplémentaires en faveur de la couverture santé universelle, garantissant ainsi sa durabilité à long terme.

Le président national de l’Association des journalistes scientifiques et communicateurs pour la promotion de la santé au Cameroun (AJC-PROSANTE), Joseph Mbeng Boum, au cours d’un café scientifique sur la Couverture Santé Universelle, le 14 août 2024, à Yaoundé.

La mise en œuvre de la Couverture santé universelle (CSU) au Cameroun est une initiative majeure qui vise à garantir l’accès aux soins de santé pour tous les Camerounais, quel que soit leur statut socio-économique. L’objectif principal est de réduire les dépenses de santé des ménages, d’améliorer l’accès aux soins de qualité et de renforcer le système de santé dans son ensemble. Une phase pilote a été lancée en 2023, avec des résultats encourageants. Plus de 3 millions de personnes ont déjà été enrôlées et bénéficient de services de santé essentiels.

La CSU cible principalement les populations vulnérables, comme les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans. Les services couverts incluent les consultations prénatales, les accouchements, la vaccination, le traitement des maladies courantes, etc. Malgré les progrès réalisés, des défis persistent, tels que la couverture géographique inégale, la disponibilité des médicaments et la sensibilisation de la population. C’est dans cette perspective que le président national de l’Association des journalistes scientifiques et communicateurs pour la promotion de la santé au Cameroun (AJC-PROSANTE), Joseph Mbeng Boum, attire l’attention de l’opinion publique sur l’importance capitale de la Couverture Santé Universelle (CSU) et appelle à une mobilisation collective en faveur de sa mise en œuvre accélérée dans notre pays.

C’était ce 14 août 2024, à Yaoundé, au cours du 12e café scientifique de cette association, qui s’est tenu au siège de la cellule technique nationale de la couverture santé universelle. Au cours de la réunion, Joseph Mbeng Boum, président de l’AJC-PROSANTE et son équipe ont fait le point sur la mise en œuvre de la Couverture santé universelle au Cameroun, suivi d’une déclaration de presse. Ont pris part à cette réunion, le coordonnateur national de la cellule technique de la CSU, Dr. Anicet Désiré Mintop, chef cellule de communication du ministre de la Santé publique, Clavère Nken, la vice-présidente de l’AJC-PROSANTE, Marie Virginie Mbusnum… etc. Depuis le lancement de la CSU Phase I, des progrès significatifs ont été accomplis, impactant positivement la vie de nombreux Camerounais. En effet, près de 4 millions de personnes ont été pré-enrôlées dans le système, ce qui est largement supérieur à l’objectif qui avait été fixé pour cette période. De plus, plus de 1 million d’enfants de 0 à 11 mois et près de 400 000 enfants de 12 à 59 mois ont bénéficié de la distribution de suppléments de vitamines A ; l’administration de Mebendazole a également été profitable à plus de 130 000 enfants de 12 à 59 mois pour traiter les infections parasitaires, mais aussi plus de 120 000 nouveau-nés ont été mis au sein dans l’heure qui a suivi leurs naissances.

S’agissant du volet curatif, des consultations gratuites ont été faites pour près de 900 000 enfants de 0 à 5 ans ; plus de 440 000 enfants ont bénéficié du traitement gratuit du paludisme simple et grave âgés entre 0 et 5 ans. Plus de 590 000 femmes enceintes possédant un ticket modérateur au prix de 6 000 FCFA seulement ont bénéficié de la prise en charge des consultations prénatales et de l’accouchement. Aussi, plus de 170 000 accouchements et 7 000 césariennes ont été réalisés à des coûts abordables.

Par ailleurs, la prise en charge des séances de dialyse a été effectuée pour plus de 1 200 personnes, avec une contribution annuelle de seulement 15 000 FCFA au lieu de 520 000 FCFA avant la CSU. « La CSU permet à chaque personne sous dialyse d’épargner 505 000 FCFA l’année », explique Noudji Simon, médecin/MPH. Pour les personnes vivant avec le VIH, la Couverture santé universelle a permis le traitement antirétroviral gratuit pour près de 500 000 personnes d’entre elles ; enfin, le traitement gratuit de la tuberculose a bénéficié à plus de 25 000 patients déjà pour cette première phase.

Aussi, ces réalisations témoignent de l’engagement du gouvernement à améliorer l’accès aux soins de santé des populations vulnérables et à réduire les disparités de santé dans le pays.

Difficultés et défis de la mise en œuvre de la CSU

Malgré ces progrès encourageants, la mise en œuvre de la CSU Phase I au Cameroun fait face à une grande multiplicité de difficultés. L’insuffisance des ressources financières est un obstacle majeur qui empêche de couvrir toutes les activités prévues, d’autant plus que cela entrave pleinement la réalisation des objectifs de la Couverture Santé Universelle et limite potentiellement son impact. L’autre défi est celui de la mise en œuvre du décaissement.

En effet, le plan de décaissement élaboré avec le Ministère des Finances pour le paiement des arriérés de 2023 et des prestations de 2024 n’a pas été pleinement mis en œuvre, entraînant ainsi des retards dans le financement des activités. L’extension effective du Chèque santé CSU dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a fait face à des défis sécuritaires et nécessite une attention particulière effective.

Pour ce qui est du déficit du financement de la mise en œuvre du plan national de communication autour de la CSU, des efforts en ressources financières sont nécessaires pour intensifier les activités de communication et de sensibilisation déclinées dans le plan de communication, afin d’atteindre davantage de personnes et de garantir une compréhension claire du programme et de ses avantages. Le remboursement des prestations médicales et non médicales, ainsi que le renforcement de la gouvernance des Fonds d’appui aux organisations de soins de proximité (FOSA), restent aussi des aspects à améliorer. Enfin, il demeure nécessaire de poursuivre les études de faisabilité commencées pour évaluer l’extension du panier de soins, notamment pour inclure des pathologies telles que l’hépatite, le diabète de l’enfant, mais aussi les soins dentaires et oculaires.

L’AJC-PROSANTE appelle l’Assemblée nationale et le Sénat à examiner en priorité la Loi sur la Couverture santé universelle et à la voter pour fournir un cadre juridique solide et durable à ce mécanisme. Le gouvernement, le secteur privé, la société civile, les partenaires techniques et financiers se mobilisent pour lever des fonds supplémentaires en faveur de la CSU, garantissant ainsi sa durabilité à long terme. Les médias, les journalistes pour sensibiliser et éduquer sur l’importance de la CSU, afin d’atteindre toutes les communautés et d’assurer une compréhension claire de ses avantages. Les élus de la Nation à plaider en faveur de la CSU et à veiller à ce que les ressources allouées soient utilisées efficacement et de manière transparente. Le gouvernement a poursuivi le renforcement des capacités des acteurs impliqués dans la mise en œuvre de la CSU, a amélioré la gouvernance des FOSA, et a assuré un suivi rigoureux des activités d’assistance technique. Les populations doivent jouer le rôle qui est le leur, de l’enrôlement à la participation effective, en passant par la réception des soins effectifs, pour rester en santé et être productives pour le développement du Cameroun, qui a besoin de tous ses enfants en bonne santé.

Le gouvernement camerounais a démontré son engagement en lançant officiellement la CSU Phase I le 12 avril 2023 à Mandjou, dans la Région de l’Est. Cette première phase cible des groupes vulnérables spécifiques, notamment les femmes enceintes, les enfants de 0 à 5 ans, les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), les patients tuberculeux, et ceux nécessitant des séances de dialyse. L’objectif global est d’augmenter l’accès et l’utilisation des services de santé couverts par la CSU, en éliminant les barrières financières et en améliorant la qualité des soins dans toutes les formations sanitaires accréditées au plan national. Réalisations et impact de la couverture santé universelle Phase I.

Pour conclure ce café, l’AJC-PROSANTE salue les efforts du gouvernement et des parties prenantes impliquées dans la mise en œuvre de la Couverture Santé Universelle Phase I ; mais reconnaît toutefois que des défis importants persistent et que des actions décisives sont absolument nécessaires pour les surmonter.

Elvis Serge NSAA Charone DONGMO Stg

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