Orphelins du sida : 270.000 enfants orphelins, traumatisés par la mort de leurs parents

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Selon le Comité national de lutte contre le Sida (Cnls), les orphelins du Sida sont victimes d’une ”crise silencieuse”, ils sont aujourd’hui stigmatisés par la maladie qui les a touchés de près, les réduisant souvent à une grande misère.

Le drame de ces enfants orphelins du Sida est perceptible dans les grandes métropoles camerounaises, mais aussi dans l’arrière-pays, où des familles sont dévastées, des écoles et formations sanitaires débordées. Une situation symptomatique d’une lente tragédie dont les conséquences pèsent sur la famille élargie traditionnelle déjà pauvre dans ce pays d’Afrique centrale.

Elisabeth a 23 ans. Elle habite Bamenda. Depuis le décès de sa sœur à cause du sida, c’est elle qui s’occupe d’élever ses deux nièces. Elle-même mère de deux enfants, Elisabeth a donc en charge la survie et l’éducation de 3 filles et d’un petit garçon de 10 mois. Sa vie a basculé lorsque son mari est mort il y a six mois. Du sida. Seule, son activité de vente de légumes lui permet difficilement d’assurer l’intégralité des besoins de sa famille. Dans un contexte d‘extrême pauvreté, les familles touchées par le sida se retrouvent dans des situations précaires où le moindre imprévu devient un défi.

Le prix même du taxi pour rejoindre le centre de santé est un luxe. Au-delà de l’aspect thérapeutique, le VIH/sida a donc des conséquences sociales et économiques violentes sur des dizaines de milliers de familles et d’enfants au Cameroun. Depuis 2004, l’Unicef Cameroun, en collaboration avec la coopération française et l’Unicef France, développe un large programme de prise en charge des enfants rendus vulnérables à cause du sida autour d’une ambition : assurer aux familles touchées par le VIH/sida, l’accès durable aux services essentiels (santé, alimentation, école, justice, soutien psychologique).

En s’appuyant sur un réseau d’associations locales bien implantées dans trois grandes villes du pays, Douala (province littorale), Bamenda (province du Nord-Ouest) et Ngaoundéré, les activités de l’Unicef visent la prise en charge de plus de 6000 enfants identifiés comme les plus vulnérables.

Dans le cadre du programme, les enfants reçoivent d’abord un ensemble de service essentiels pour leur santé (moustiquaire imprégnée, déparasitage, vaccination, doses de vitamine A) et pour leur protection (les associations s’assurent que les enfants sont bien enregistrés à l’état civil, afin, entre autres, qu’ils ne soient pas spoliés de leur héritage). Grâce au tissu d’associations engagées dans le programme, les enfants bénéficient de visites régulières de volontaires afin d’identifier les besoins, les situations les plus problématiques et d’aiguiller les enfants vers les services sociaux compétents.

Ainsi, des accords ont été signés avec les centres de santé afin d’assurer un accès gratuit des orphelins et des enfants vulnérables pour les soins et les médicaments essentiels. Dans le même sens, des accords sont passés avec certaines écoles publiques pour scolariser à moindres frais les enfants coupés du système éducatif. Enfin, afin de renforcer les capacités des parents à subvenir aux besoins de leur famille, le programme assure un appui alimentaire, des formations à la nutrition, et va développer le lancement d’activités génératrices de revenu au profit des familles les plus fragiles.

Pour assurer une pérennité des activités qui ont été lancées, l’appui direct, fondamental, des associations ne peut suffire. C’est donc un travail profond de renforcement des services publics de l’éducation, de la santé et de la protection, au niveau des capitales provinciales qui est effectué, afin que chacun prenne ses responsabilités et assure le respect des droits des orphelins du sida. Le Cameroun comptait 8 millions d’enfants, dont 12% d’orphelins toutes causes confondues. Parmi ces 930 000 orphelins, 25% de ces enfants ont perdu un ou deux parents du sida (270 000). L’épidémie de Vih/Sida frappe fortement les femmes camerounaises, puisque parmi les 470 000 orphelins de mère, 160 000 le sont devenus à cause du sida (vs 600 000 orphelins de père dont 140 000 du sida). De plus, 150 000 orphelins ont perdu les deux parents, dont 83 000 du sida. 120 000 enfants sont devenus orphelins en 2003, et les statistiques projectives estiment que 14% des enfants camerounais seront orphelins en 2010, soient plus de 1 million d’enfants.

E.S.N

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