Pr Ama Vickie : « Que le Laboratoire de biochimie soit reconnu aussi dans la sous-région »
Chef service du laboratoire de Biochimie du Centre hospitalier universitaire de Yaoundé et par ailleurs, présidente du Comité scientifique des journées camerounaises de biologie clinique, elle passe en revue les principaux axes de ces assises qui se sont tenues à Yaoundé du 02 au 04 mai 2023 et révèle les différents challenges qui l’incombent au quotidien.
La Société camerounaise de biologie clinique a organisé ses 2e journées scientifiques du 02 au 04 mai 2023. Comment ça s’est passé ?
Les journées camerounaises de biologie clinique étaient un véritable défi pour nous. Après les premières journées qui ont eu lieu en mai 2019, n’ayant pas pu organiser les 2e en 2021, avec la pandémie à COVID, nous nous sommes dit qu’il était temps de prévoir les 2e en 2023. Depuis septembre nous nous sommes mis au travail ; véritable défis parce qu’il fallait pouvoir rassembler tous les biologistes ; pharmaciens, médecins, mais vous savez également qu’il a des appendices, qu’il y’a nos confrères qui sont des ingénieurs, qui ont des doctorats PHD, donc nous avons voulu rassembler tout le monde pour ces journées afin que chacun puisse partager son expérience, les résultats de ses travaux. Nous avons également mis un point d’honneur à faire l’écho de ces journées en Afrique donc, nous avons quand même eu l’honneur de recevoir des confrères sénégalais, gabonais, ivoiriens, français, qui ont participé à ces journées. Nous avons été choisi pour être présidente du Comité scientifique et grande a été notre surprise parce que nous avons reçus beaucoup de communication orale, et de nombreuses communications affichées.
Donc le programme était riche et intense. Par ailleurs, nous avons eu l’honneur de recevoir nos maitres qui nous ont formé en biologie clinique à l’instar du professeur Ebène Moussi, a fait la première conférence inaugurale. Nous avons eu comme modérateur des sessions, Pr Ngogang Jeanne, Pr Batcham Wilfried, Pr Touré Miro Judith, Pr Same Ekobo Albert, Pr Mbagna Dora, qui ont été ceux qui nous ont façonnés dans la biologie clinique. Nous avons également eu une session plénière avec le Pr Francois Xavier Bopikewou. Nous avons eu trois symposia : le premier jour, le symposium de biomerieux notamment celui de microbiologie, le deuxième, nous avons un symposium sur la biologie moléculaire avec la société Tridem Pharma et le troisième jour, nous avons intervenu avec la société Bio et Com en biochimie ; nous avons reçu les membres de American Association Chemistry qui nous ont fait un workshop sur le management de la qualité qui s’est tenu non seulement le premier jour, mais également le deuxième jour.
Sachant également que nous souhaitons cette collaboration avec les cliniciens, les autres sociétés savantes, nous avons reçus des communications des médecins cliniciens que ce soient des gastro-entérologues, des cardiologues, endocrinologues. C’est pourquoi nous avons inséré une session clinicienne afin de parfaire l’amitié qui existe entre les biologistes et les cliniciens et pour cette session nous avons le Pr François Kaze, qui est un Néphrologue, professeur titulaire de néphrologie qui a modéré la session.
Est-ce que vous personnellement, avez fait une présentation lors de ces assises ?
Oui. Nous avons fait une présentation notamment lors du symposium organisé par la société Bio et Com. Notre exposé s’articulait autour d’un ion appelé le magnésium parce que nous avons la possibilité au laboratoire de biochimie de faire un dosage de magnésium total et nous ne faisons pas le magnésium ionisé, pourtant c’est celui-là qui devrait être préféré dans nos analyses. Nous avons essayé de montrer la différence qu’il y’a entre le magnésium total et le magnésium ionisé. La société Bio et Com avec ses partenaires, ont proposé un équipement qui puisse nous permettre de faire le magnésium ionisé qui pourrait aider les cliniciens dans leur prise décisionnelle puisque le magnésium est un ion impliqué dans la production d’énergie, la contractilité musculaire, on en a besoin pour notre système nerveux. Donc c’est un ion essentiel c’est pourquoi nous avons choisi de parler de lui.
En tant que chef service du laboratoire de biochimie du Centre hospitalier universitaire de Yaoundé, quels sont vos challenges au quotidien ?
Oui, nous sommes chef service au laboratoire de biochimie au CHU depuis 2016 et selon le chemin parcouru jusqu’ici, il y a des challenges. Tout d’abord, sur le plan pédagogique, puisque nous sommes au Centre hospitalier universitaire, nous avons un devoir de formation des futurs biologistes mais également des stagiaires qui viennent des écoles de formation, des techniciens d’analyses médicales, les masters de biochimie, les doctorants en biochimie, les étudiants même qui font de plus en plus de travaux d’études au laboratoire de biochimie ; ça leur permet de connaitre notre science et quant à nous, ça nous permet une mise à jour continuelle parce qu’il faut lire les documents, il faut publier articles. Donc c’est un véritable défi parce que ce sont eux qui prendront la relève demain.
Autre défi sur le plan de la recherche, le CHUY est un hôpital à vocation de recherche également donc nous encadrons beaucoup de travaux de recherches ici au laboratoire de biochimie qui ont été publiés dans des journaux aussi bien à caractère national, régional, africain, ou alors à l’international et les résultats sont également présentés au cours des conférences comme les journées camerounaises de biologie clinique. Nous participons également aux rencontres africaines ou même à l’international notamment par exemple le congrès mondial des laboratoires qui se tiendra du 21 au 25 mai à Rome en Italie, nous avons deux travaux qui ont été acceptés. Donc c’est un honneur pour nous d’aller représenter à la fois notre hôpital et la faculté, la Faculté des sciences biomédicales à ces assises et de pouvoir montrer ce que nous faisons au Cameroun.
Nous avons également cet aspect de coopération, parce que les étudiants viennent d’horizons diverses. Donc il faut pouvoir manager nos relations avec toutes les écoles de formations dans le but de parfaire la formation des apprenants qui nous sont confiés. Enfin, nous nous soucions de la santé des camerounais qui n’est pas des moindres. Nous recevons des patients au quotidien qu’il faut satisfaire et la satisfaction de ces patients est importante pour nous. Notre grand souhait est que le Laboratoire de biochimie soit reconnu non seulement dans le pays mais aussi dans la sous-région Afrique centrale et que nous puissions recevoir des partenaires internationaux. Donc voilà entre autres, nos challenges au quotidien et nous essayons d’apporter notre petite pierre à l’essor de la biologie clinique au Cameroun, à la santé en général au Cameroun et pourquoi pas à l’international.
Propos recueillis par R.T et retranscrit par Lyse Nguili (Stg)